Dani

Nom de naissance

Danièle Graule

Naissance

1 Octobre 1944, Castres, Tarn, France

Biographie

Danièle Graule dite Dani est née à Castres, dans le Tarn, le 1er octobre 1944. Sous l'influence conjuguée du pionnier Elvis Presley et du rock anglais, elle se lance dans la chanson. Ses deux premiers EP parus en 1966 l'intègre d'office à une lignée de chanteuses en décalage avec la vague yé-yé de l'époque. Si son style s'adoucit par la suite, notamment dans « Papa vient d'épouser la bonne » (1968), Dani n'en demeure pas moins une icône « frenchy », à l'instar de Françoise Hardy ou France Gall. La chanteuse et actrice de La Nuit américaine, devenue entre temps meneuse de revue à l'Alcazar, se voit recalée du Concours de l'Eurovision en 1974 : la chanson « Comme un boomerang » que lui taille sur-mesure Serge Gainsbourg, est jugée inconvenante. Elle n'en aura que plus de succès lors de sa redécouverte en 2001, en duo avec Etienne Daho. Elle délaisse la chanson et se reconvertit dans la vente de roses... jusqu'à un retour inattendu au premier plan, sous les auspices de signatures reconnues (Miossec, Alain Souchon, Alain Chamfort, Jean-Jacques Burnel, Daniel Darc, Cali). Après un premier essai réussi intitulé N Comme Never Again (1993), Dani enregistre successivement les albums Tout Dépend du Contexte (2003), Laissez-Moi Rire (2005) et Le Paris de Dani (2010). Son autobiographie La Nuit Ne Dure Pas, parue en 2016, est accompagnée d'une compilation du même nom.

Daho, Daniel Darc, Jean-Jacques Burnel des Stranglers... Ils ont écrit pour elle, ils vénèrent sa voix de suie et sa silhouette androgyne, ils respectent son passé à survivre dans la marge et les paillettes... Danièle Graule est donc née à Castres le 1er octobre 1944, dans une famille de cordonniers. Après un passage aux Beaux Arts locaux, elle monte à Paris, où son physique effectivement androgyne fait fureur. Nous sommes en 1963, l'époque où les photographes de mode dictent la tendance : Jean-Loup Sieff, Helmut Newton, Richard Avedon font de Dani une figure incontournable des magazines qui cherchent à redéfinir les canons de la beauté, avec ces lianes au caractère bien trempé, Dani, Zouzou, des filles qui par ailleurs sont les reines de la nuit.

Comme les autres (Zouzou, Valérie Lagrange), on lui propose vite de chanter. En 1966 paraît un premier 45 tours (« Garçon manqué ») suvi du titre culte « La Fille à la moto » en fin d'année et « Scopitone » l'année suivante, mais c'est avec « Papa vient d'épouser la bonne », en 1968, que Dani connaît son plus grand succès, avec plus d'un million d'exemplaires vendus de cette chanson rigolote. Vedette populaire, elle part alors en tournée avec Claude François et Alain Chamfort. En 1970, son premier album obtient le prestigieux Grand Prix de l'Académie Charles-Cros. Mais sa personnalité diffère des poupées post-yéyé, et c'est le monde de la nuit qui est son territoire réservé.

En 1970, elle s'installe pour quatre saisons à l'Alcazar, où elle mène la revue. Chanteuse et comédienne versatile, elle incarne aussi bien Mistinguett dans le célèbre cabaret parisien que Madame sans-gêne, pour la comédie musicale à succès de l'époque La Révolution française (d'Alain Boublil et Jean-Max Rivière, musique de Claude-Michel Schönberg et Raymond Jeannot, où l'on croise aussi Alain Bashung ou Martin Circus).Sélectionnée en 1974 pour interpréter « La Vie à 25 ans » à l'Eurovision, elle doit renoncer. La France, en deuil après la disparition du président Georges Pompidou, se retire de la compétition. L'année suivante, Serge Gainsbourg lui écrit « Comme un boomerang » et cette fois-ci, c'est le jury français qui trouve la chanson déplacée, trop osée. En attendant, elle enregistre plusieurs dizaines de 45 tours, souvent jetables, et un deuxième album en 1977, Les Migrateurs, jamais réédité en CD.

Dans les années 1970, le magnétisme de Dani ne pouvait qu'attirer les plus grands cinéastes. Roger Vadim l'invite sur le plateau de La Ronde pour son premier rôle, et elle doit à François Truffaut une de ses plus belles apparitions à l'écran. Le cinéaste la rencontre dans la rue et, fasciné, lui offre le rôle de la fiancée de Jean-Pierre Léaud dans La Nuit américaine (1973), un classique du cinéma français. Mais le cinéma pas plus que la chanson ne deviendra jamais pour elle un « métier ». Sur les conseils d'Alain Delon, elle prend la direction d'une discothèque, L'Aventure, haut lieu de la jet-set de l'époque. L'égérie des nuits parisiennes y brûle sa vie par les deux bouts, entre paradis artificiels destructeurs et relations orageuses avec les hommes. Son image se ternit à la fin des années 1970 et la « Marianne Faithfull française », comme certains l'ont surnommée, disparaît du paysage médiatique, même si d'importants réalisateurs (Chabrol, Claire Denis, Romain Goupil), lui offrent régulièrement des rôles secondaires.

La traversée du désert dure. Une autre passion lui offre l'occasion de décrocher de la drogue, les roses. Elle ouvre le magasin Au nom de la rose, rue de Tournon, dans le très chic 6ème arrondissement. C'est Etienne Daho, un fan devenu vedette, qui lui offre un premier retour en 1987 avec « Cette histoire commence », un maxi qui reste confidentiel. Une deuxième tentative de retour sur le devant de la scène a lieu en 1993, avec N...Comme Never Again, un album produit par Jean-Jacques Burnel (bassiste de The Stranglers), avec des chansons signées Jérôme Soligny, Arno, Dominique Laboubée des Dogs, Marc Minelli, toute l'aristocratie rock'n'roll, mais l'album passe inaperçu. Les dettes s'accumulent et Dani se retrouve ruinée. Elle s'inscrit au RMI et choisit de quitter la capitale pour un retour aux sources dans sa région natale.

Les disparitions rapprochées de son père, de sa soeur Jane Renoux, journaliste à L'Humanité et de Benjamin Auger, ancien photographe de Salut les copains et père de ses deux fils, Emmanuel et Julien, l'ont durement éprouvée. Mais désormais grand-mère de trois petits-enfants, elle refuse de jeter l'éponge. C'est Etienne Daho, encore une fois, qui lui fait taper du pied sur le fond pour remonter à la surface avec cette chanson demeurée inédite, « Comme un boomerang ». Le duo Dani-Daho s'impose dans les radios et le titre de Serge Gainsbourg est nommé dans la catégorie « Meilleure chanson de l'année » aux Victoires de la musique 2002, une jolie revanche sur le sort et la bêtise.

Sa carrière redémarre avec une compilation de ses plus grands succès des sixties, Best of Boomerang, des chansons signées Jacques Lanzmann (« La Fille à la moto »), Alain Souchon (« Les Sales mecs »), Frédéric Botton (« La Machine », « Les Artichauts » !) ou encore Pierre Vassiliu (« La Petite qui revient de loin »). Dans cet album du retour, Dani remercie son ami Daho, en reprenant son tout premier tube « Mythomane ». Redevenue égérie du rock, Miossec, Daniel Darc, Alain Chamfort ou encore Philippe Poirier (Kat Onoma), lui façonnent le cinquième album de sa carrière, qui sort en automne 2003. Tout Dépend du Contexte lui vaut un passage remarqué dans le cadre du festival des Inrockuptibles, le 7 novembre 2003, et une tournée début 2004 (avec deux dates à Paris, les 10 et 11 février, à La Cigale). Elle joue à nouveau dans quelques films, disparates, qui vont des Clés de bagnole de Laurent Baffie à Fauteuil d'orchestre de Danielle Thompson, pour lequel elle est nommée aux Césars.

Diva underground adulée par le microcosme rock, elle sort en 2005 un nouvel album, Laissez-Moi Rire, avec deux chansons signées Cali, un autre fan, natif comme elle du sud-ouest, et une adaptation de Donovan. Mais cet album est encore une fois un régal pour ses seuls aficionados. Rien qui ne puisse décourager cette saltimbanque, mue par son seul instinct et la vénération de ses fans. Cinq ans après paraît Le Paris de Dani, ode à la capitale chantée sous les auspices de Cali, Alain Chamfort, Jacques Duvall et Jean Fauque. En 2011, sa voix grave parcourt Les Haïkus Lus par Dani. Cette lecture de poésie orientale est suivie par le single « L'amour est un oiseau rebelle » et l'écriture de sa deuxième autobiographie, La Nuit Ne Dure Pas, dont le titre, tiré d'un vers de Daniel Darc dans « Rouge rose », est également celui de la compilation sortie simultanément en octobre 2016, avec trois chansons réarrangées par Etienne Daho.

Dernière Sortie

14 oct 2016

Dani