Fabian Ordonez

Nom de naissance

Fabian Ordoñez

Biographie

Argentine. Fabian a 19 ans. Il observe une dernière fois le ciel bleu de Realicó, un village situé à l'extrême nord-est de La Pampa. Ce soir, le garçon qui aime s’amuser et amuser sa famille, qui a hérité de son grand-père musicien et de sa mère, qui adore chanter, le goût de se produire en spectacle pour la famille, les voisins, le quartier, a le cœur gros : il part. Sa guitare sous le bras, il s’éloigne, accompagné du regard par les habitants du village. Realicó est devenu trop petit pour les rêves en cinémascope de Fabian. Alors il s’en va. 

Fin des années 70. Fabian est à Vienne, à Budapest. Il apprend à chanter devant dix ou cent personnes. Il est devenu un “boléador” virtuose qui lance ses “bolas” retenues par une corde avec une puissance et une force irrésistibles. Il part travailler à Düsseldorf, puis à Paris, ainsi qu’au cirque Boltini en Hollande. Il est heureux d’être jeune, vivant et entouré d’amis. Il aime la vie communautaire du cirque, et Boltini affiche complet. Et puis un jour il faut repartir. Il est embauché à OK Corral, le parc d’attraction de Cuges-les-Pins, dans les Bouches-du-Rhône. Il y reste deux saisons, revient à Realicó, où il est accueilli en héros, et repart. Il n’a pas de papiers, il n’en a jamais eu. A Marseille, un ami lui souffle : « Fabian, va à Toulouse ! Il y a du boulot, tu pourras jouer partout ! » Et Fabian arrive sur les bords de Garonne. Il joue partout, connaît tous les Cubains, les Chiliens, les Espagnols et les Argentins de la ville. Il chante au Borriquito Loco, fait pleurer sa guitare à la Concorde, partout où il peut poser son chapeau et empoigner sa guitare, il est chez lui. Les “bolas”, c’est terminé : Fabian veut chanter la salsa, la cumbia, toutes ces musiques chaudes et enfiévrées, qui rendent les hommes fiers et les femmes belles. 

1993 : Fabian créé le Barrio Latino, où se pressent tous ceux qui veulent écouter cette musique-là. Le lieu ne désemplit pas, on y vient pour danser et boire des cocktails aux noms exotiques dans une ambiance surchauffée. Entre deux danses endiablées, les visiteurs s’amusent de deux bambins qui adorent monter sur scène, l’un avec sa trompette, l’autre avec ses percussions… Les contours de la carrière de Fabian s’affinent, comme on fait le point au cinéma : il est un chanteur hors-pair, un danseur élégant et racé. Son répertoire convoque les sons et rythmes latino-américains mais aussi nord-africains, français. Avec son groupe, le bien-nommé Salsa Caliente, il partage chaque soir sa passion d’une musique vraie, honnête et sincère. Ils sont une dizaine à enflammer la scène : que des pointures. Le groupe change souvent de nom, pour arriver à “Fabian y su salsa”, qui enregistre à l’automne 2014 “Sin Fronteras”, un album où se côtoient des standards, deux compositions chaloupées de Fabian (“Cangrejo” et “No La Cambio Por Na”) et des reprises magnifiques de Nougaro (“Ô Toulouse”), Gershwin (“Summertime”) ou Bécaud (“Je t’appartiens”). 

2017. Ses garçons lui offrent le plus beau cadeau d’anniversaire qu’un père puisse espérer : ils l’emmènent au studio et lui font écouter leur nouvelle chanson : “Papa”. Les larmes aux yeux et la gorge nouée par l’émotion, il écoute les mots de ses gamins devenus stars du hip-hop : « Sa voix vibrait dans mon oreille quand j'étais dans ses bras / Les chansons à la guitare, les bisous avec la barbe… » 

Janvier 2019. Poussé par ses deux garçons, Fabian Ordoñez a enregistré quelques chansons : “Quizás, Quizás, Quizás”, mythique boléro cubain créé par Osvaldo Farrés en 1947 et immortalisé par Nat King Cole, Doris Day et tant d’autres ; “La Javanaise”, bijou gainsbourien auquel il donne une sensualité folle… Et puis “Hermano”, une composition originale dédiée à son frère, dans laquelle il se met à nu et raconte à sa manière, faite de pudeur et de tendresse, ses années de jeunesse. Le temps a passé, mais la voix, le talent, la passion sont intacts. 

Avec son album “El Padre” et la tournée à suivre partout en France, Fabian Ordonez revient jouer dans la cour des grands. 

Yves Gabay