Placebo

Naissance

England

Biographie

Glamour et subversion, noirceur et romantisme, c'est sans doute cela le véritable effet Placebo. Brian Molko a réussi à faire de Placebo le porte-étendard d'un revival glam et cold wave surgi au milieu des années 1990. En témoignent une série d'albums intenses propres à enflammer le monde pop/rock, Placebo en 1996, Without You I'm Nothing en 1998 et le plus expérimental Black Market Music en 2000. En 2003, le succès enfle avec Sleeping With Ghosts, suivi du troublant Meds en 2006. Devenu un groupe majeur de la scène pop/rock, Placebo sort l'éclatant Battle With the Sun en 2009. Quatre ans plus tard, Placebo témoigne de son éternelle jeunesse avec Loud Like Love.

Milieu des années 80 au Luxembourg: Brian Molko (de nationalité britannique et américaine) et Stefan Olsdal (suédois), issus de la classe bourgeoise, fréquentent la même école mais ne se côtoient pas. Brian s'ennuie dans ce pays. Il préfère passer ses journées à écouter des disques, enfermé dans sa chambre, et apprendre la guitare en autodidacte. En octobre 1990, deux mois avant sa majorité, bien décidé à devenir acteur, il part à Londres et s'inscrit au Goldsmith's College. Une amie pensionnaire de l'université lui fait rencontrer Steve Hewitt en 1991. Steve est batteur, et bien qu'engagé dans divers projets musicaux, accepte de jouer, de temps en temps, en duo avec Brian dans des clubs londoniens. Parallèlement, Stefan Olsdal se trouve lui aussi à Londres afin d'étudier la musique.

Briptop

En ce matin de 1994, Brian et Stefan se rencontrent par hasard à la sortie du métro South Kensington. Brian a fini ses études depuis deux ans. Il est au chômage, dans un état dépressif, mais continue la musique. Se produisant ce soir-là au Round the Bell, un pub de Deptford, en compagnie de Steve, il propose à Stefan d'assister au concert. Ce dernier accepte l'invitation sans véritable envie. Mais le soir même, totalement impressionné par la représentation à laquelle il vient d'assister, Stefan propose à Brian de collaborer avec lui. Ainsi, c'est sous le nom d'Ashtray Hearts, référence à un titre de Captain Beefheart, que Brian Molko et Stefan Olsdal commencent à composer. Steve joue aussi avec Breed et les Boo Radleys et donc à ce titre, n'est pas un membre permanent. Le groupe enregistre très vite sa première maquette sur un 4 pistes. D'autres démos suivirent, mais Steve Hewitt, devant assurer la première partie de Nick Cave avec ses copains des Breed, est contraint d'abandonner ses amis d'Ashtrey Hearts. C'est pourquoi, en octobre 1994, Robert Schultzberg, ami d'enfance de Stefan, devient le nouveau batteur du groupe. A partir de ce moment là, le trio se rebaptise Placebo. Placebo, non pas pour l'effet, mais tout simplement pour la musicalité du mot.

Le 23 janvier 1995, après trois mois intensifs de répétition, Brian à la guitare et au chant, Stefan à la basse, et Robert à la batterie, donnent leur premier concert au Rock Garden de Londres. Deux mois plus tard, Placebo enregistre 6 titres au studio Sound Advice de Deptford. Le groupe continue de tourner et fait une première partie très remarquée d'Ash au Dublin Castle le 24 juillet 1995. Alors que les groupes de rock Blur et Oasis se disputent la première place des charts anglais, les professionnels de l'industrie musicale commencent à s'intéresser à ce jeune groupe au leader qui porte des jupes, se maquille, et doté d'un timbre de voix si particulier. Placebo se voit ainsi proposé la participation à un tremplin rock. La formation remporte le tremplin avec deux autres groupes, ce qui lui permet de présenter pour la première fois un de leurs titres, « Bruise Pristine », sur une compilation du label Fierce Panda. Le CD sort à 1500 exemplaires, le groupe répond à une interview du fameux magazine NME, et continue de jouer où il le peut.

En 1996, les choses vont s'accélérer pour Placebo. Tout d'abord, le 5 février 1996, le groupe sort son premier single, « Come Home », sur Deceptive Records, qui se classe troisième des charts indie. Puis, c'est avec Hut Recordings, un label de Virgin, qui leur garantit une certaine liberté de création, que le trio signe un contrat. Placebo est alors repéré par David Bowie qui appartient à la même maison de disques. Il leur propose de faire les premières parties de ses concerts, en remplacement de Morissey, ex-Smith. Le groupe crée également son label, Elevator Music.

Maturité

Toujours sur leur lancée, les membres du groupe enregistrent au printemps, en seulement quatre semaines, leur premier album éponyme. Il sort le 17 juillet 1996 et connaît un succès très rapide. Le mélange « sexe, drogue et rock n'roll » plait au public, si bien qu'on annonce déjà Placebo comme un futur espoir de la scène rock anglaise. L'album est sacré disque d'or en Angleterre et en France. D'autre part, la presse à scandale britannique s'empare des paroles provocantes et de la personnalité de Brian Molko qui ne cache pas sa bisexualité et de Stefan Olsdal qui avoue être homosexuel. Quant à Robert Schultzberg, il ne supporte pas la pression médiatique et ne s'est jamais réellement entendu avec Brian Molko. Il quitte donc le groupe peu de temps après la sortie de l'album, ce qui permet à Steve Hewitt de revenir avant que la première tournée ne débute le 13 octobre 1996. En janvier 1997, le single « Nancy Boy » se classe n°4 des charts britanniques. Le succès du groupe est grandissant et ce dernier se montre actif tout le long de l'année : il effectue sa propre tournée britannique, avant d'apparaître en première partie de U2 sur cinq dates européennes du Popmart Tour.

Le 12 octobre 1998, sort le deuxième album produit par Steve Osborne, qui a entre autre travaillé avec New Order et U2. Without You I'm Nothing est l'album de la maturité pour Placebo. Il permet de dévoiler toutes les qualités musicales et artistiques du groupe. « Pure Morning » devient un énorme succès. Un autre morceau tiré de l'album, « Every You Every Me » se classe en tête des ventes et figure même sur la bande originale du film Sexe Intentions. Des titres accrocheurs, un rock bruyant, des références au glam rock, le résultat est sans appel : Without You I'm Nothing se vend à plus de 300 000 exemplaires au Royaume-Uni, 150 000 en France, un million dans le reste du monde.

Pour la tournée de l'album, Bill Lloyd, qui assiste Placebo depuis le début en tant que backliner de Brian Molko et ingénieur du son, joue de la guitare et de la basse sur scène pour donner de l'ampleur aux nouvelles compositions. Au début de l'année 1999, Bowie signe une nouvelle version de « Without You I'm Nothing ». La chanson-titre de l'album est enregistrée à New York et sort en single édition limitée en août de la même année.

Experimentations

En 2000, Placebo retourne en studio pendant neuf mois. Le groupe coproduit l'album avec Paul Corkett, précédemment ingénieur du son de Without You I'm Nothing. En octobre de la même année sort Black Market Music. Le troisième opus marque le retour à un rock plus énergétique et plus engagé. Ces deux aspects produisent une certaine noirceur que l'on peut ressentir à l'écoute de l'album. Le trio s'essaie à l'électronique et à l'expérimentation en ajoutant des éléments hip-hop et disco, ce qui n'empêche pas le public d'augmenter de manière exponentielle. Black Market Music se classe premier dans la plupart des pays européens. Le 18 avril 2002, Placebo fait un passage remarqué à la Scala de King's Cross à Londres pour un concert-événement, 4Scott, en hommage à Scott Piering, qui fut un des acteurs les plus importants dans la promotion du groupe, durant les deux premiers albums. L'album Black Market Music lui est par ailleurs dédié.

Sleeping With Ghosts sort dans les bacs le 24 mars 2003. Produit par Jim Abbiss, notamment réputé pour ses collaborations avec Björk et Massive Attack, Placebo peut désormais pleinement assumer son goût des musiques électroniques. Les garçons reconnaissent que travailler avec lui pendant quatre mois fut une expérience unique et enrichissante. De l'électronique pour certains titres, à du rock en puissance, comme à leurs débuts, ce quatrième album est sans aucun doute le plus varié mais aussi le plus sophistiqué du groupe (les photos du livret sont réalisées par le photographe français Jean-Baptiste Mondino). C'est également l'album de la consécration. Désormais, Placebo fait figure de groupe star, adulé par des millions de fans, dans la plupart des pays à travers le monde. « The Bitter End », leur premier single, tourne en boucle sur les radios européennes. En France, Brian Molko a toujours eu un rapport privilégié avec ses fans, du fait notamment qu'il sache manier aussi bien la langue de Shakespeare que celle de Molière. Si bien, que Virginie Despentes, la romancière française connue pour ses textes provoquants, adaptera en français la chanson « Protect me from what I want » qui deviendra dès lors « Protège-moi ». Placebo, adepte de la subversion, demande à Gaspar Noé de réaliser le clip. Il sera immédiatement censuré en France et en Angleterre. Sur scène, afin de donner encore plus de dimension à leurs compositions, le groupe fait appel à Xavior Roide, membre du groupe glam Dexdexter, pour s'occuper du clavier, des effets et des samplers.

Feeling

En 2004, la formation s'accorde une pause. Deux DVD sortent la même année. Soulmate Never Dies: Live in Paris est l'occasion de revivre la prestation du 18 octobre 2003 que le groupe a donné au Palais Omnisport de Paris Bercy devant 17000 personnes. Once More with Feeling, quant à lui, réunit les clips des singles de Placebo, sortis entre 1996 et 2004, et deux nouveaux morceaux. Pour céléber la parution du DVD, Brian Molko, Stefan Olsdal et Steve Hewitt se produisent à la Wembley Arena, fameuse salle anglaise : c'est un succès gigantesque, le groupe joue à guichets fermés. Le succès du groupe ne cessant de croître, la maison de disques française du groupe, Delabel, décide de ressortir le single « Special K » tiré de Black Market Music.

Mixé par le légendaire Flood, qui a travaillé notamment avec U2 et Depeche Mode, Meds s'annonce comme un retour aux sources. Sorti le 13 mars 2006 chez Capitol, nouveau label du groupe, ce cinquième album est, sans conteste, le plus humain à ce jour. C'est également une nouvelle collaboration avec Dimitri Tikovoï, avec qui le groupe avait déjà enregistré plusieurs titres et qui a produit Trash Palace, album sur lequel Brian Molko a participé.

A l'aide du producteur français, Placebo a privilégié la simplicité. « Nous avons préféré accorder beaucoup de place à l'écriture plutôt que de montrer combien nous étions devenus compétents en studio », explique Brian. Fini la provocation, ce dernier franchit une étape. Il est devenu adulte, voulant faire oublier son image de « travesti ». Meds s'articule autour de textes fragiles et envoûtants. En France, « Song to Say Goodbye », le premier single, sort le 3 avril 2006, presque simultanément à « Because I Want You », qui lui est le premier morceau choisi par la maison de disques outre-Manche. En tournée, on retrouve désormais Alex Lee, ex-musicien de Suede, qui officie à la place de Xavier Roide, parti pour mener à bien son projet solo.

Le 8 juin 2009 sort Battle for the Sun, annoncé par le single « For What It's Worth » . L'album produit par Dave Bottrill accueille un nouveau batteur, Steve Forrest. Il se classe numéro un des ventes d'albums un peu partout en Europe (dont la France) et est suivi d'une tournée triomphale. Quelques concerts sont cependant annulés, dus à des soucis de santé de Brian Molko. Au printemps 2010, le groupe de Brian Molko rassemble les reprises accumulées au fil d'une quinzaine d'années d'enregistrements, et le livre dans le CD Covers. Produit et mixé par Adam Noble, Loud Like Love témoigne de l'éternelle adolescence qui anime Brian Molko et les siens.

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