Sparks

Naissance

United States

Biographie

Américains de naissance, les frères Ron et Russell Mael (nés respectivement en 1945 et 1948 en Californie) trouvent refuge au Royaume-Uni où leur musique est mieux acceptée. Après un album sous le nom de Halfnelson (produit par Todd Rundgren), le duo excentrique s'impose comme l'une des grandes figures du glam rock des années 1970, en particulier grâce à l'album Kimono My House (1973), salué comme un chef d'oeuvre, et au succès de « This Town Ain't Big Enough for Both of Us », qui se classe numéro deux en Grande-Bretagne. Dans la même veine riche en mélodies suivent Propaganda (1974), Indiscreet (1975) et Big Beat (1976), assortis de nouveaux titres classés, avant un virage vers le disco et la pop synthétique de No. 1 in Heaven (1979) et Terminal Jive (1980, avec le succès français « When I'm with You »), produits par Giorgio Moroder. Si la musique change et se fait dansante dans les années 1980 (Music That You Can Dance To, 1986), l'image des frères Mael reste immuable (chanteur à la voix de fausset, moustache de Ron Mael). En 1989, Sparks collabore avec un autre duo, Rita Mitsouko, pour le titre « Singing in the Shower ». De retour aux mélodies sautillantes des débuts lors de la décennie suivante, Sparks revient à un certain standard musical avec les albums Plagiarism (ré-enregistrements de 1997) et Balls (2000), sans se défaire de l'ironie mordante des textes. Sous leur propre label paraissent d'autres réussites comme Lil' Beethoven (2002) et Hello Young Lovers (2006), ainsi que l'opéra pop The Seduction of Ingmar Bergman (2009). En 2015, Sparks s'associe au groupe écossais Franz Ferdinand pour l'album FFS, puis effectue un retour en son nom avec Hippopotamus (2017), suivi d'une collaboration avec le réalisateur français Leos Carax pour la comédie musicale Annette, dont le duo compose la musique, et de l'enregistrement en parallèle de l'album A Steady, Drip, Drip, Drip (2020).

Comme tous les groupes faussement superficiels, Sparks n'a cessé de démontrer leur profonde intelligence à travers un savant syncrétisme musical et des paroles remplies de perversité, d'ironie et d'humour. Et comme tout bon duo, les frères Ron et Russell Mael sont parfaitement dissociables. Impassibilité pour l'un, dandy bizarre à la fine moustache (inspirée par Charles Chaplin ou Adolf Hitler, au choix), exubérance pour l'autre, chanteur à la voix de castrat et à la longue chevelure frisée.

Tout commence à Los Angeles. L'enfance californienne de Ron Mael (l'aîné) et de son cadet Russell Mael est marquée par les catalogues de vente par correspondance, pour lesquels leurs parents les font travailler comme mannequins. En 1968, étudiants à l'UCLA, ils fondent Halfnelson avec Earle et Jim Mankley, ainsi que le batteur Harley Feinstein. Les deux frères Mael sont alors des passionnés de tous les groupes de la « British Invasion », à commencer The Kinks et le Pink Floyd de Syd Barrett. Albert Grossman, ancien manager de Bob Dylan, s'intéresse à eux et demande à Todd Rundgren de produire un album éponyme. C'est un échec. Leur label leur suggère de changer de nom, et ils adoptent Sparks, en hommage aux Marx Brothers.

Leur premier disque ressort ainsi sous leur nouvelle appellation, suivi de A Woofer in Tweeter's Clothing (1972), qui préfigure les succès à venir avec un mélange étonnant (et détonnant) de heavy-metal et d'opérette. Recevant un accueil chaleureux lors d'une tournée en Angleterre, Ron et Russell décident de s'expatrier, sans leurs collègues, dans ce pays plus ouvert à leur excentricité. Travaillant avec des musiciens britanniques, ils sortent en 1974 Kimono My House, qui les impose en Europe.

Le groupe est alors catégorisé glam, mais sa musique semble venir d'ailleurs, mélangeant bubblegum, hard-rock, ou comédie musicale. L'impression d'étrangeté est renforcée par la voix de fausset de Russell Mael. L'album contient le débridé et flamboyant « This Town Ain't Big Enough for Both of Us », qui se classe n°2 en Grande-Bretagne. L'album suivant Propaganda, publié quelques mois plus tard, évolue dans cette même sphère avec notamment « Something for the Girl with Everything » et la très « spectorienne » ballade « Never Turn Your Back on Mother Earth ». Dernier volet du triptyque, Indiscreet (1975), est produit par Tony Visconti. Surproduit diront ses détracteurs, qui lui reprochent des arrangements trop jazzy et un manque de cohérence global.

Face à des ventes en baisse, le duo décide de retourner aux États-Unis pour enregistrer Big Beat (1976), puis Introducing Sparks (1977). Ces tentatives de plaire au public américain et de s'adapter au format des radios FM déçoivent et beaucoup pensent que la carrière du groupe est dans une impasse.Il montre alors une première fois sa capacité à se métamorphoser. Enthousiasmés par « I Feel Love » de Donna Summers, les deux musiciens décident de travailler avec son producteur Giorgio Moroder sur No. 1 in Heaven (1979). La chanson-titre est un tube. Rétrospectivement, elle sera considérée comme l'une des matrices de toute la pop synthétique des années 1980. L'année suivante,Terminal Jive prolonge cette veine, avec cette fois-ci derrière la console Harold Faltermeyer dit Mack, qui n'est autre que l'assistant de Moroder. Curieusement, le single « When I'm with You » séduit massivement en France alors qu'il passe plutôt inaperçu ailleurs.

Retournant à des sonorités plus pop, Sparks continue à produire des simples qui se vendent bien, comme « Funny Face » et surtout « I Predict », même si les albums sont plus décevants. En 1983, le duo enregistre avec Jane Wiedlin, guitariste du groupe californien The Go-Go's et admiratrice du groupe, la bluette « Cool Places », qui est le premier vrai succès dans le pays natal des deux frères.

Pourtant, la suite s'avère moins séduisante sur les albums Pulling Rabbits Out of a Hat (1984), Music That You Can Dance To (1986) et Interior Design (1988). Seule une collaboration avec Rita Mitsouko pour « Singing in the Shower », produit par Tony Visconti, ramène Sparks sur le devant de la scène française. Les frères Mael ont alors la tête tournée vers le cinéma et tentent d'adapter un manga japonais en comédie musicale. Ils ne reviennent qu'en 1994 avec Gratuitous Sax and Senseless Violins, inspiré par les sonorités de la techno. Le capiteux « When Do I Get to Sing 'My Way' » est un énorme succès en Allemagne, où il se vend à plus de 450 000 exemplaires.

En 1997, sur Plagiarism, ils ré-enregistrent, avec l'aide de Tony Visconti, leurs tubes accompagnés par un orchestre symphonique, ainsi que par Jimmy Somerville, Erasure et Faith No More. L'album suivant Balls (2000) passe inaperçu et n'annonce en rien le formidable regain de créativité qui va suivre, avec Lil'Beethoven (2002) et Hello Young Lovers (2006). Leurs nouvelles compositions, basées sur des boucles musicales qui se répètent et s'enrichissent, semblent plus étranges que jamais et désormais à l'écart de tout courant musical. En 2004, le groupe est invité par le fervent admirateur Morrissey au festival de Meltdown.

Bien qu'elle soit désormais reconnue comme l'une des influences prépondérantes de groupes comme Pet Shop Boys ou Scissor Sisters, la fratrie Mael continue d'innover. À l'image de leurs chansons en forme de montagnes russes vocales, Ron et Russell Mael n'ont pas arrêté de monter ou de descendre la pente de leur inspiration. Celle-ci les porte vers un opéra pop ambitieux en 2009 avec la création de The Seduction of Ingmar Bergman. Le retour du duo en 2015 s'effectue sous la forme d'une collaboration avec le groupe écossais Franz Ferdinand pour l'album commun homonyme de FFS. Deux ans plus tard, Sparks n'a rien perdu de sa verve musicale sur Hippopotamus (2017).