Serge Lama

Nom de naissance

Serge Chauvier

Naissance

11 Février 1943, France

Biographie

Chanteur populaire et au-delà des modes, Serge Lama offre l'exemple d'une carrière aussi remplie que tourmentée, jalonnée de spectaculaires revanches sur la vie. De son vrai nom Serge Chauvier, né à Bordeaux le 11 février 1943, ce fils de baryton fait ses débuts au milieu des années 1960 et connaît le succès avec « Les Ballons rouges » et « D'aventures en aventures ». Il multiplie ensuite les disques d'or au cours de la décennie suivante avec des chansons populaires comme « Je suis malade », « Less P'tites femmes de Pigalle » ou « Femmes, femmes, femmes », écrites en tandem avec Alice Dona. Serge Lama, qui est alors à l'apogée de sa carrière dans un style de chanteur à voix entre la chanson d'auteur et la variété orchestrale, est un passionné d'histoire : il se métamorphose en Napoléon dans une comédie musicale présentée en 1982, dont il propose une suite avec Napoléon III. D'autres albums suivent au cours des décennies suivantes, en parallèle de rôles au théâtre : Accordéonissi-mots (2005), L'Âge des Possibles (2008) et La Balade du Poète (2012), qui revisite cinquante ans de carrière, avant Où Sont Passés Nos Rêves (2016). Le coffret L'Âme à Nu - Intégrale paru en 2008 retrace les hauts faits de l'auteur et interprète, grand nom de la chanson française.

C'est sous le signe de la chanson que Serge Chauvier, futur Serge Lama, naît le 11 février 1943 à Bordeaux : son père, Georges Chauvier, est baryton au Grand Théâtre de Bordeaux et connaît une certaine notoriété locale, en chantant des opérettes. Serge admire son père, lequel est cependant frustré de ne pas voir sa carrière progresser : en 1950, Georges Chauvier décide de « monter » à la capitale et d'en conquérir les théâtres ; la famille déménage à Paris. Mais les théâtres parisiens ne se précipitent pas pour accueillir le chanteur bordelais, qui doit maigrement courir le cachet.

Au bout de quelques années et malgré quelques bons engagements, l'épouse de Georges Chauvier le pousse à abandonner ses ambitions artistiques et à prendre un travail de représentant pour nourrir sa famille. Le jeune Serge, âgé de onze ans, le vit très mal et en veut tant à sa mère qu'il va jusqu'à souhaiter le divorce de ses parents. Le jeune garçon a été suffisamment marqué par la carrière de son père pour voir naître en lui, malgré les déconvenues, une vocation artistique : ayant déjà en tête son pseudonyme de Serge Lama, il commence à écrire poèmes et chansons, s'enfermant dans une attitude de rebelle et ratant consciencieusement sa scolarité.

Serge est encouragé dans sa vocation d'artiste par un ami de son père, Marcel Gobineau, régisseur du théâtre des Capucines. A dix-huit ans, il claque la porte du domicile familial et exerce divers petits métiers. En 1962, il est mobilisé et, envoyé en Algérie, assiste à la fin sans gloire de la guerre, qui lui inspire une chanson. Revenu en France, il décide de tenter la carrière artistique dont il rêve : il est élève du Petit Conservatoire de Mireille, dont il retire avant tout sa rencontre avec le pianiste Jackie Bayard, qui met ses textes en musique. Serge Lama commence à courir les auditions : s'il se voit sévèrement recalé au cabaret L'Ecole Buissonnière, il fait à L'Ecluse la rencontre cruciale de la pianiste Liliane Benelli, qui aide à son engagement et devient sa compagne.

Dans les coulisses de Bobino où il est venu faire un tour, Serge Lama rencontre ensuite l'impresario Eddy Marouani qui est conquis par sa présence : grâce à lui et à Liliane, le chanteur acquiert un début de réputation, faisant les premières parties de Barbara et de Georges Brassens à Bobino et, passant dans plusieurs cabarets parisiens. Il fait parler de lui en gagnant le concours Les Relais de la Chanson française. Fin 1964, il enregistre son premier 45-tours, « A quinze ans », et passe pour la première fois à la télévision. Serge Lama cimente également sa réputation en tant que parolier, écrivant notamment pour Régine et Francis Lemarque.La carrière de Serge Lama, nouvel espoir de la chanson française, est partie sur les chapeaux de roues quand elle manque d'être interrompue par un dramatique coup du sort. En août 1965, Serge et Liliane sont les passagers d'une voiture conduite par Jean-Claude Ghrenassia, frère d'Enrico Macias : le véhicule est victime d'un terrible accident, tuant sur le coup Jean-Claude et Liliane ; Serge Lama est, quant à lui, grièvement blessé. Pendant plus d'un an, il reste incapable de marcher. Sa longue hospitalisation est pour lui l'occasion de mesurer sa cote d'amour dans le métier : Bruno Coquatrix, directeur de l'Olympia, organise un gala de soutien pour lui apporter une aide financière.Avant même de pouvoir remarcher, Serge Lama recommence à enregistrer des chansons. Remis sur pied - mais demeuré boiteux -, le chanteur connaît son premier succès à l'été 1967 avec le titre « Les Ballons rouges ». En octobre de la même année, il fait la première partie de Nana Mouskouri à l'Olympia. Fin 1968, l'album D'aventures en Aventures lui vaut le prix de l'Académie Charles-Cros. Interprète et auteur, Serge Lama séduit par son style de chant parfois proche de la déclamation, voisin de celui de Jacques Brel mais possédant néanmoins sa propre originalité et ses chansons parfois inspirées de faits de société (« Les Belles de mai », claire allusion aux évènements de mai 1968).

En 1969, il obtient le Prix de la Rose d'Or d'Antibes avec la chanson « Une île » (à ne pas confondre avec le titre homonyme de Brel). L'année suivante, il se produit durant trois semaines à Bobino : les ventes de disques ne suivant pas, Eddy Marouani conseille à Serge Lama de surprendre le public en chantant dans un cabaret parisien. Ce sera l'établissement parisien Don Camilo, dont Lama devient l'artiste attitré, y donnant une série de concerts durant près d'un an.En 1971, il représente la France au Concours Eurovision de la Chanson, avec le titre « Un jardin sur la Terre », dont la musique est signée Alice Dona. Dans la première moitié des années 1970, Serge Lama accumule les chansons à succès (« Ma Muse », « Le Misogyne », « Superman ») : en 1973, il triomphe d'abord à l'Olympia avec le concert Musicorama (d'abord enregistré et diffusé sur Europe 1 puis, devant le succès, rejoué dix jours de suite sur la prestigieuse scène), puis avec l'album Je Suis Malade, dont se détachent notamment la chanson-titre (écrite initialement pour Dalida), et le paillard « Les P'tites femmes de Pigalle », qui lui vaut le premier Oscar de la chanson française.

Alternant chansons à la tonalité humoristique et pathos à la Brel, Serge Lama est au sommet de son succès : après s'être à nouveau produit à l'Olympia en 1974 à l'occasion des vingt ans de la salle, il inaugure en 1975 la nouvelle scène du Palais des Congrès, qu'il foule une seconde fois en 1977. Les albums se succèdent, toujours élaborés par Serge Lama avec la collaboration de sa complice Alice Dona : Chez Moi (l'une des fortes ventes françaises de 33 tours), L'Enfant au Piano, Enfadolescence. En 1979, Lama clôt en beauté la décennie en se produisant pour soixante-dix représentations au Palais des Congrès, attirant trois cent mille spectateurs et se garantissant une place dans le Livre des Records. Il bat lui-même ce record deux ans plus tard, en attirant dans cette même salle trois cent trente mille spectateurs en trois mois.

Serge Lama attaque la décennie 1980 avec plusieurs projets d'envergure : en 1981, il réalise un projet très cher à son coeur avec l'album Lama Père et Fils, où il chante en duo avec son père Georges Chauvier, lui donnant également l'occasion de remonter sur scène avec lui pour une trentaine de galas.

Peu après avoir « vengé » son père, Serge Lama s'attaque à du très gros avec la comédie musicale Napoléon (livret co-écrit avec Jacques Rosny ; musiques d'Yves Gilbert), qu'il crée au Théâtre Marigny. Serge Lama interprète l'Empereur dans cette comédie musicale à grand spectacle, qui tourne durant plus de trois ans (joué tous les jours et deux fois le dimanche) : les mauvaises langues persiflent et laissent entendre qu'inspiré par la ressemblance de sa coupe de cheveux avec celle du général Bonaparte (il a en effet été longtemps taquiné sur ce sujet), Serge Lama en est arrivé à se prendre vraiment pour Napoléon ; qu'importe, le public est au rendez-vous et fait un excellent accueil au spectacle, jusqu'à ce que Lama décide lui-même de mettre un terme à l'aventure, en plein succès.

Alors que le spectacle approche de sa fin, le chanteur a en effet la douleur d'apprendre le décès de ses parents, morts dans un accident de la route : au moins a-t-il le plaisir de voir son père enterré comme un artiste et non comme un représentant de commerce. Dans son album suivant, Portraits de Femmes (1986), Serge Lama rend hommage à son père et à sa mère, dans les chansons « Je vous salue Marie » et « Maman Chauvier ». À l'automne 1987, il chante au Casino de Paris, signant son retour aux récitals après six ans d'interruption dus notamment au succès de Napoléon.

En 1990, il réalise un vieux rêve en jouant une pièce de théâtre, La Facture : il renouvelle plusieurs fois l'expérience, se frottant même à Sacha Guitry (Tôa). Il faut dire que dans le même temps, le succès discographique de Serge Lama pâlit un peu, l'album Amald'âme ne bouleversant pas le monde : si Serge Lama bénéficie d'un public nombreux et fidèle, il ne séduit pas les jeunes générations, qui tendent trop vite à le ranger dans la catégorie des vieilles barbes.

Le chanteur n'est cependant pas homme à rester sur un échec et se relance par la scène, reprenant le chemin des planches en 1995-1996. En 1997, il crée au Québec un spectacle où il reprend un certain nombre de ses anciens succès, accompagné par un orchestre symphonique : l'année suivante, c'est au tour du public français d'apprécier Lama en version symphonique, durant deux semaines à l'Olympia.

Après cette parenthèse, Serge Lama décide de revenir à plus de sobriété, réalisant une tournée acoustique, accompagné de trois musiciens seulement (un accordéoniste, un guitariste et un percussionniste) : le succès de ses concerts le pousse à persévérer dans cette voie, plus propice à souligner son talent d'auteur-compositeur.

Relancé, motivé artistiquement par ce retour à une chanson moins emphatique, Serge Lama réalise en 2002 une grande tournée dans les pays francophones. Dans le même temps, il prend soin de renouer le contact avec les jeunes générations en se produisant avec les élèves de la Star Academy. Après avoir fêté son soixantième anniversaire sur la scène de l'Olympia, Serge Lama sort un album choral, Pluri-elles, où il reprend ses anciens succès en duo avec des interprètes féminines (de Lorie à Annie Girardot).

En 2005, il prend à bras-le-corps la mode néo-réaliste de la chanson avec Accordéonissi-mots, un album où il mêle anciens succès et nouveaux titres, dans des prestations accompagnées à l'accordéon. Rangé, à partir des années 1980, dans la catégorie des chanteurs ringards à flon-flons, Serge Lama a su se réinventer en abandonnant l'esthétique de l'opérette et en revenant à la plus simple expression d'un métier de chanteur qu'il maîtrise à la perfection. Une nouvelle preuve que les vieux singes apprennent toujours de nouvelles grimaces et qu'il ne faut jamais enterrer les vétérans. En 2008 sort l'album original L'Âge des Possibles.

En 2012, le chanteur revisite en un double album de 39 titres un répertoire long de cinquante ans et réenregistre pour la circonstance ses plus grands succès. À noter une version du « Mémorandum pour un pucelage » en duo avec Luana Santonino et quelques titres en public. En 2016, la sortie d'un nouvel album comprenant deux duos avec Carla Bruni et Francis Cabrel, Où Sont Passés Nos Rêves, est troublée par le décès de son épouse, après quarante-six ans de mariage. Michèle Chauvier, qu'il avait rencontré en 1969, décède d'un accident vasculaire cérébral à l'âge de 71 ans.