Jerry Lee Lewis

Naissance

29 Septembre 1935, Ferriday, Louisiane, United States

Biographie

L'un des pionniers du rock'n'roll, Jerry Lee Lewis a laissé des classiques du genre comme « Great Balls of Fire », « Whole Lotta Shakin' Going On » ou « High School Confidential ». Né à Ferriday en Louisiane le 29 septembre 1935, il joue du piano dans sa jeunesse avec ses cousins, le futur chanteur Mickey Gilley et Jimmy Swaggart, et chante de la country. Après une tentative à Nashville, il fait ses débuts à La Nouvelle-Orléans et réalise ses premiers enregistrements en 1952 au J&M Studio de Cosimo Matassa. En 1956, alors que naît l'engouement pour le rock'n'roll personnalisé par Elvis Presley, il gagne Memphis pour une audition concluante chez Sun Records et se voit engager comme pianiste de séances pour Carl Perkins ou Johnny Cash et chanteur. Après une reprise de Ray Price, « Country Arms » et une séance historique le 4 décembre 1956 avec Elvis Presley, Carl Perkins et Johnny Cash surnommée « The Million Dollar Quartet », les hits s'enchaînent en 1957 avec « Whole Lotta Shakin' Going On » (n° 3 aux États-Unis et n° 8 au Royaume-Uni) et « Great Balls of Fire » (respectivement n° 2 et n° 1), puis l'année suivante avec « Breathless » (n° 7 et n° 8) et « High School Confidential » (n° 21 et n° 12). Par ailleurs, le pianiste au jeu de scène iconoclaste, jouant debout et martelant son instrument, est au cœur d'un scandale lorsqu'est révélé en 1958 son mariage avec sa cousine âgée de 13 ans, Myra Gale Brown. Celui que l'on surnomme « The Killer » voit sa tournée annulée et ses disques censurés. Jerry Lee Lewis retrouve les hit-parades en 1960 avec une reprise de Ray Charles, « What'd I Say » (n° 30 dans son pays et n° 10 au Royaume-Uni), extraite de l'album Jerry Lee's Greatest! (n° 12 au Royaume-Uni en 1961). Son contrat avec Sun Records arrivé à son terme, il signe en 1963 avec Smash Records et réenregistre ses classiques dans Golden Hits of Jerry Lee Lewis (1964), puis retrouve le pays d'où est parti le scandale, l'Angleterre, pour des concerts et une émission de télévision. Après trois albums studio de rock sans succès et un en public enregistré en Allemagne pour Philips avec The Nashville Teens, Live at the Star Club, Hamburg (1964), Jerry Lee Lewis revient à ses premières amours country et renoue avec le public américain qui plébiscite la vingtaine d'albums publiés par Mercury dont Another Time, Another Place (1968), Sings the Country Music Hall of Fame Hits, Vol. 1 & 2 (1969) ou The Killer Rocks On (1972), puis When Two Worlds Collide et Killer Country (1980), chez Elektra. Cette période méconnue comporte également son lot de succès, notamment avec les n° 1 country « To Make Love Sweeter for You » (1968), « There Must Be More to Love Than This » (1970). Après une pretation au Grand Ole Opry en 1973, il fait exception au genre à l'occasion d'une séance londonienne, The Session (1973), à laquelle participent Peter Frampton et Albert Lee et Rory Gallagher. Intronisé au Rock and Roll Hall of Fame en 1986, le rocker est la même année à l'affiche de l'album Class of '55 aux côtés de Roy Orbison, Johnny Cash et Carl Perkins, tandis qu'en 1989 sa carrière est retracée par Jim McBride dans le film Great Balls of Fire! Il effectue une tournée européenne avec Chuck Berry et Little Richard en 1998 et reçoit un Grammy Award d'honneur en 2005, avant d'enregistrer sous le signe du rock l'album de duos Last Man Standing (2006), avec Little Richard, B. B. King, Eric Clapton, Jimmy Page, Neil Young, John Fogerty, Keith Richards, Ringo Starr, Rod Stewart et Buddy Guy, suivi par Mean Old Man (2010) et Rock & Roll Time (2014). Âgé de 87 ans, le vétéran du rock s'éteint le 28 octobre 2022 à son domicile de Nesbit (Mississippi).

« La prochaine sensation ? C'est moi ! »  Jerry Lee Lewis
« Vous pouvez vous écraser votre guitare dans le cul ! Jerry Lee Lewis », à un producteur de Nashville
« La danse, c'est le Diable. Jouer dans des bars, c'est un péché. Boire et aller avec des femmes conduit tout droit en enfer. »  Elmo Lewis

Lorsque Marnie donne, le 29 septembre 1935, naissance à Jerry Lee, Elmo Lewis est ravi. Pourtant, le drame ne tarde pas, et le petit Jerry n'est âgé que de trois ans, lorsque son frère aîné, Elmo Jr., est écrasé par un conducteur ivre. Bien sûr, cette famille très pieuse de Ferriday, comté de Concorda Parrish (Louisiane) est pauvre, mais on n'a jamais manqué de rien à la maison, ni du nécessaire, ni du superflu. Ainsi, on peut même se payer le luxe d'un piano de troisième main, déniché dans une boutique de campagne.

Mais la fierté de Marnie et Elmo, c'est que durant les leçons que partage Jerry Lee avec ses cousins Mickey Gilley (qui copie tous ses plans, et s'en servira plus tard dans sa carrière de clone) et Jimmy Lee Swaggart (déjà bien branché par les bondieuseries, et le gospel, et qui deviendra prêcheur évangéliste à la télévision), il les enfoncent tous sur le clavier ! Car Jerry Lee a découvert le boogie woogie comme on lit la Bible, s'est glissé dans le bar tenu par son oncle, et réservé aux noirs, ne rate jamais une messe le dimanche, adore les légendes de cowboys, et a su tout mélanger dans sa tête, puis ses doigts. Dans ses veines coulent, en rythme frénétique et saccadé, les torrents du boogie woogie, du blues, de la country et du gospel, au-dessus de sa tête planent tous les anges du Mississippi, de la Louisiane et du Texas : Jerry Lee Lewis est âgé de vingt et un ans, et est prêt pour le monde.
Le monde le lui rend bien, qui l'expulse d'un collège religieux où il tente de chanter des cantiques, habité par le démon du rythme, met un terme à une piètre carrière de vendeur de machines à coudre, lui impose deux mariages (il épouse en 1952 Dorothy Barton, la fille de son pasteur, mais l'abandonne car il préfère jouer du piano, et, en deuxièmes noces, Jane Mitchum, simplement vingt-trois jours après son divorce), l'incarcère pour quelques grivèleries, et le fait refuser par la totalité des compagnies discographiques de Nashville.
 
Mais lorsqu'il frappe - en 1956 - à la porte du studio Sun de Sam Phillips (après avoir financé le voyage en vendant trente-trois douzaines d'oeufs), Lewis est mû par une intime conviction : il est le meilleur. Il prend l'habitude de pratiquement dormir dans le studio, ce qui lui offre l'occasion de jouer pour Carl Perkins, ou de croiser Elvis Presley en visite. Ou de poser sur un légendaire cliché, où les trois sont rejoints par Johnny Cash, pour un Million Dollar Quartet (plus grande jam session de l'histoire du rock and roll), qui ravira les tabloïds, sinon les électrophones.
Son premier 45 tours « Crazy Arms » se vend assez pour qu'on en enregistre un deuxième.
 

Mais le deuxième (sous l'appellation Jerry Lee Lewis And His Pumping Piano) s'intitule «Whole Lotta Shakin' Goin' On » : ce premier numéro un transforme Lewis en nouvelle attraction ultime du rock. Désormais, Jerry Lee détrône Presley, apparaît à la télévision, gagne un surnom, The Killer, et met le feu à son piano en concert (empêchant de la sorte que Chuck Berry prenne sa suite sur scène).
La suite est apocalyptique pour la concurrence : le chanteur enchaîne les hits : « Great Balls Of Fire », « Breathless », et on peut même l'entrapercevoir dans les salles obscures (Jamboree).



Malheureusement, Lewis est rattrapé par sa libido : non content d'épouser en 1958 sa cousine (un enfant voit le jour un mois après la cérémonie), simplement âgée de treize ans (Myra Gale Brown est, de plus, la fille de son contrebassiste), il l'emporte dans ses bagages lors d'une tournée britannique. La presse se déchaîne, la série de concerts doit être interrompue, et lorsque le rocker retrouve son pays, c'est pour constater que sa cote est au plus bas. Alors, Lewis se retrousse les manches, et repart, dès 1963 (« Corinne, Corinna », « I'm On Fire »), à la conquête de son public, inclinant par la suite sa carrière vers les rives plus sereines de la country music (« Another Time, Another Place » : « Les bénéfices du rock and roll ne m'ont permis que d'enregistrer de la country, la musique que j'aime »).
Il grave toutefois en 1964, et en compagnie des Nashville Teens, l'album Live at the Star Club, Hambourg, considéré comme l'un des plus grands albums de rock en public de tous les temps.

Mais si sa vie c'est toujours du rock and roll, c'est aussi et trop souvent n'importe quoi : disparition de ses parents et de son fils cadet (en 1962, Steve Allen se noie dans une piscine), et de son aîné (en 1973, Jerry Lee Lewis Jr. se tue dans un accident automobile), divorces (Myra est partie en 1970, elle sera suivie de beaucoup d'autres, et deux de ses épouses disparaîtront tragiquement), alcool et amphétamines (il manque de mourir en 1981 d'une perforation de l'estomac), services fiscaux sourcilleux (il est officiellement déclaré en banqueroute en 1988), l'accablent progressivement.
En 1982, Hellfire de Nick Tosches, fait référence sur le personnage, et est accessoirement l'un des plus beaux livres écrits sur un chanteur de rock.

Le chanteur a été honoré en 1986 par le Rock And Roll Hall Of Fame.
En 1989, le film biographique Great Balls of Fire (de Jim McBride, et où Dennis Quaid incarne un assez convaincant Jerry Lee) redore son blason, et rappelle, conjointement à rééditions, hommages, et documentaires, à l'humanité entière qu'il n'y a qu'un seul et unique Jerry Lee Lewis.
En 1993, il devient tenancier d'un night-club, le Jerry Lee Lewis Spot, à Memphis.
En 1994, il ouvre sa demeure aux visiteurs pour régler ses arriérés d'impôts.
En 1996, l'université de Memphis lui confère une chaire de rock and roll.
En 1997 et 1998, le Killer assure une tournée européenne aux côtés de Chuck Berry et Little Richard.
En 1999, c'est une comédie musicale (Great Balls Of Fire, de nouveau) qui tient plus d'une année l'affiche d'un théâtre londonien.
En 2006, l'album Last Man Standing, rassemblant une noria de stars, connaît un grand succès, tant commercial (un millions d'exemplaires) que critique.

En 2008, le chanteur a donné de nouveaux concerts en Grande-Bretagne, cinquante ans après avoir été chassé du pays par le scandale. De retour en 2010 à l'âge de soixante quinze ans, lel mauvais garçon du rock soigne sa légende sur Mean Old Man, produit par Steve Bing et Jim Keltner. L'opus accueille des stars du calibre de Solomon Burke (pour undernier « Railroad to Heaven »), Mick Jagger (« Dead Flowers »), Keith Richards (« Sweet Virginia »), Ron Wood, John Fogerty, Eric Clapton, Sheryl Crow, Ringo Starr, Willie Nelson, Merle Haggard et quelques autres. Quatre ans plus tard, il récidive avec Neil Young, Robbie Robertson, Keith Richards et Ron Wood pour Rock & Roll Time, un album de reprises dont le morceau-titre exhume une chanson cosignée avec Kris Kristofferson en 1974.

On considère que Jerry Lee Lewis a vendu plus de vingt-cinq millions de disques et accumulé quatorze numéros un, plus neuf disques d'or.

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