Herbert von Karajan

Naissance

5 Avril 1908, Austria

Biographie

Plus grand chef d'orchestre de son temps, Herbert von Karajan (1908-1989) fait ses débuts à Ulm, à Salzbourg puis à Aix-la-Chapelle avant de prendre les rênes de l'Orchestre philharmonique et de l'Opéra de Berlin en 1937. Adoubé par le Parti nazi puis répudié par Adolf Hitler, il connaît ses premiers succès durant les années de guerre et inspire à un journaliste la formule « le miracle Karajan ». Nommé à la tête du Philharmonia de Londres en 1948, il dirige le Festival de Bayreuth en 1951 puis succède à son grand rival Wilhelm Furtwängler à la Philharmonie de Berlin en 1955, nommé chef d'orchestre à vie. Herbert von Karajan va alors régner sans partage jusqu'à sa mort en 1989 et conduire les plus grandes formations orchestrales, enchaîner les enregistrements à un rythme sportif et bâtir lui-même sa légende par les moyens audiovisuels et une vie de jet-setter. Missionné au Festival de Salzbourg, à l'Opéra de Vienne puis à l'Orchestre de Paris, il prend les commandes de l'Orchestre philharmonique de Vienne en 1977 tout en poursuivant à Berlin où il révèle la violoniste Anne-Sophie Mutter. Atteint d'une maladie du dos, il s'éteint après une crise cardiaque survenue le 16 juillet 1989 et lègue un patrimoine constitué d'un millier d'enregistrements et de nombreux films de ses prestations.

Né à Salzbourg le 5 avril 1908 dans une famille d'ascendance grecque anoblie par Frédéric-Auguste III en 1792, Herbert von Karajan se destine précocement à une carrière de chef d'orchestre après avoir bûlé les étapes, de l'étude musicale à la composition.

En 1929, il fait ses débuts dans sa ville natale où il dirige l'opéra Salomé de Richard Strauss puis obtient le poste de maître de chapelle de l'Opéra d'Ulm où il reste en fonction jusqu'en 1934. Après un premier passage au Festival de Salzbourg l'année précédente, il dirige l'Orchestre symphonique du Théâtre d'Aix-la-Chapelle et adhère au Parti nazi dont il devient momentanément le chef d'orchestre de prédilection. Parallèlement, il est invité à Stockholm, Bruxelles ou Amsterdam. En 1937 vient une première consécration quand il est appelé à diriger l'opéra Fidelio de Beethoven à Berlin. L'année suivante, alors que le plus jeune chef d'Allemagne conduit Tristan et Isolde de Wagner, un journaliste titre « le miracle Karajan ». La légende est lancée en dépit d'une rivalité qui l'oppose au maître Wilhelm Furtwängler, titulaire en poste à Berlin.

En 1939, Herbert von Karajan perd l'estime d'Adolf Hitler quand un chanteur se trompe dans une représentation des Maîtres chanteurs de Nuremberg de Wagner. L'exclusion du Parti nazi sera son salut après la Seconde Guerre mondiale, lors de la dénazification. Le chef d'orchestre qui a épousé Anita Gütterman après un premier mariage avec la chanteuse Elmy Holgerloef, reprend du service en 1947 à Londres, où Walter Legge l'appelle pour prendre les commandes du Philharmonia Orchestra qu'il vient de créer. Lors de la réouverture du Festival de Bayreuth en 1951, c'est à lui qu'on fait également appel pour diriger une production de Tristan et Isolde devenue légendaire, au grand dam de Furtwängler. À la mort de ce dernier en 1954, Karajan obtient les pleins pouvoirs au Philharmonique de Berlin dont il est nommé directeur musical à vie. Le chef autrichien entame une période faste qui le voit accomplir des enregistrements faisant encore référence chez Beethoven, Mozart, Brahms, Tchaïkovski, Wagner, Richard Strauss, Verdi ou Puccini.

Héritier de la grande tradition orchestrale allemande, Karajan possède l'art de façonner la sonorité d'un orchestre à son goût et à son rythme, fût-ce au prix d'une grande autorité et d'un travail acharné. La « patte Karajan » existe à travers une direction souple, modulée, voluptueuse parfois jusqu'à l'excès, ce qui ne manque pas de diviser les amateurs de musique classique. Cette façon de faire ressortir la beauté des oeuvres se manifeste particulièrement à Berlin mais aussi avec les autres orchestres que le chef est invité à conduire. Nommé directeur artistique du Festival de Salzbourg en 1956, il sera présent jusqu'à la veille de sa mort.

En 1957, Karajan succède à Karl Böhm à l'Opéra d'État de Vienne qu'il dirige jusqu'en 1964. Trois ans plus tard, il crée le Festival de Pâques de Salzbourg puis passe deux saisons à l'Orchestre de Paris, de 1969 à 1971. Après un Ring de Wagner controversé, il prend en 1977 les commandes de l'Orchestre philharmonique de Vienne qui devient sa seconde maison après Berlin et ré-enregistre pour la troisième fois l'intégrale des Symphonies de Beethoven, devenue un best-seller. La même année, il révèle au monde entier une jeune violoniste nommée Anne-Sophie Mutter. Herbert von Karajan est alors un chef d'orchestre très médiatisé qui entretient lui-même sa légende en faisant filmer ses prestations et en menant bon train dans la jet society. Très sportif, il excelle dans les régates de voiles à Saint-Tropez et pilote bolides et avions. En 1982, il se fait le pionnier de l'enregistrement digital à la naissance du compact-disc.

Tandis que ses disques s'écoulent comme des petits pains à grand renfort de publicité, le « chef du siècle » commence à donner des signes de faiblesse. Une maladie du dos le contraint à porter un corset rigide. Néanmoins, le chef qui dirige sans partition honore le Concert du Nouvel An de Vienne en 1987 avec Kathleen Battle et donne un dernier concert parisien l'année suivante au Théâtre des Champs-Elysées. En 1989, il est contraint à démissionner de son poste à Berlin alors que sort son dernier enregistrement de la Symphonie n°7 de Bruckner (avec le Philharmonique de Vienne), un compositeur qu'il a amplement aidé à faire connaître.

Le 16 juillet 1989, la légende de la direction d'orchestre s'éteint à l'âge de 81 ans après une crise cardiaque survenue à son domicile d'Anfi, dans les environs de Salzbourg. Sa mort ne manque pas de causer un grand émoi à travers le monde, au-delà des amateurs de musique classique car Herbert von Karajan, dont la notoriété n'a pas pâlie, reste une référence chez beaucoup de chefs d'orchestre, de musiciens et de mélomanes. Son legs comprend un millier d'enregistrements réalisés pour les compagnies Deutsche Grammophon, EMI et Decca. Le succès des anthologies Karajan 1950s, Karajan 1960s et Karajan 1970s parues en 2012-2013 témoignent de la vivacité de son art et de son nom.

Dernière Sortie

3 nov 2017