Frank Sinatra

Nom de naissance

Francis Albert Sinatra

Naissance

12 Décembre 1915, Hoboken, New Jersey, United States

Biographie

S’il était né vingt ans plus tard comme Elvis Presley, Frank Sinatra aurait été le plus grand chanteur de rock de l’histoire. Comme il est né vingt ans plus tôt, il n’est que le plus grand chanteur de l’histoire, le plus grand chanteur de la musique populaire du 20ème siècle.Il a survécu à ses rivaux depuis ses débuts, d’abord Bing Crosby, puis Elvis, et enfin The Beatles. Trop facilement catalogué à l’état réducteur de « crooner », Frank Sinatra a été l’interprète idéal de tous les grands standards de la chanson populaire, transcendant les textes pour faire les chansons siennes, toujours entouré des meilleurs arrangeurs, chefs d’orchestre et musiciens, et abordant différents styles avec autant de bonheur sinon de réussite.

La première « idole pop »

Francis Albert Sinatra est né le 12 décembre 1915 à Hoboken dans le New Jersey aux Etats-Unis.

Fou de musique populaire, il collectionne les 78-tours et chante à toute occasion car il est doté d’un joli organe vocal. Il traverse l’Hudson et écume les bars où l’on peut chanter, ou visite les stations de radio où il peut chanter en direct.

Déjà engagé depuis août 1937 comme serveur chantant au Rustic Cabin d’Englewood Cliffs, il se produit le plus souvent possible à la radio. C’est en l’y écoutant sur la station New-Yorkaise WNEW que l’ex-trompettiste de l’orchestre de Benny Goodman, Harry James, le remarque et l’engage en juin 1939 dans son orchestre.

Sinatra tourne dans tout le pays et devient l’attraction de l’orchestre; enregistré le 31 août 1939, « All Or Nothing At All » est un succès local, mais, réédité quatre ans plus tard, la chanson sera un hit national. Six mois après ses débuts dans l’orchestre, il quitte Harry James pour l’orchestre concurrent et plus renommé du tromboniste Tommy Dorsey.

Classes chez Tommy Dorsey

Frank Sinatra devient le chanteur le plus populaire du pays au sein de l’orchestre de Dorsey, dont il est l’attraction principale, surnommé « The Voice ». Bref, il est la première « idole pop ». Il débute aussi en 1941 une longue série de comédies musicales à Hollywood avec Las Vegas Nights puis Ship Ahoy (Croisière mouvementée en français) en 42.


Sinatra en solo

En décembre 1942, son engagement pour huit semaines au Paramount à New York voit la consécration de son ambition personnelle. Ses cachets le rendent le chanteur le mieux payé d’Amérique, supplantant ainsi son idole et seul rival, Bing Crosby.

Le 5 mai 1951 est diffusé son premier show TV sur la chaîne CBS : When You Are Smiling. Enfin, en 1953 il obtient l’un des huit Oscars du film pour le personnage de Maggio dans Tant qu’il y aura des hommes, son premier rôle non chanté.

Décadence et grandeur

Frank Sinatra est lassé de sa collaboration avec Columbia qui lui impose son producteur attitré, Mitch Miller, lequel veut l’entraîner vers un répertoire plutôt comique qui ne lui convient pas du tout.

A 37 ans, Frank Sinatra Capitol, avec plus de contrôle artistique sur ses productions. Sept ans de collaboration avec Capitol donnent près de 300 chansons et une vingtaine d’albums où se côtoient le meilleur du Swing des années 50, et ses plus belles ballades romantiques.

Au printemps 1955, « Learning the Blues » est n°1. L’année suivante il publie Songs For Swingin’ Lovers ! (n°2) qui contient le fameux «I’ve Got You Under My Skin ». Cette période mythique est aussi ponctuée par les albums A Swingin’ Affair ! (1957), Come Fly With Me (1958), Frank Sinatra Sings For Only The Lonely (n°1 en 58), Come Dance With Me ! (Grammy pour l’album de l’année et n°2 en 1959), No One Cares six mois plus tard n°2 lui aussi, ou Nice ‘n’ Easy n°1 en août 1960, arrangé par Nelson Riddle.

Reprise et Rat Pack

Fort de sa popularité et de ses revenus conséquents, Frank Sinatra fonde son propre label, Reprise, en 1961, distribué par Warner. A part « Softly, As I Leave You » en 1964, ses premiers choix de 45-tours sont très décevants. Heureusement, les albums qu’il devait encore à Capitol (Come Swing With Me ! en 61 et Point Of No Return en 62), et ses premiers pour Reprise, Ring-A-Ding Ding !, Sinatra Swings ou I Remember Tommy sont des succès.

Démocrate lié avec le clan Kennedy, il soutient sa campagne et organise le gala d’inauguration du nouveau Président en juillet 1960. En 1960, sur le tournage du film de Lewis Milestone Ocean Eleven (L’inconnu de Las Vegas) à Las Vegas, Sinatra, Dean Martin, Sammy Davis Jr., Peter Lawford et Joey Bishop qui font partie de la distribution, organisent des soirées chantantes et déconnantes impromptues, pour le plus grand plaisir de l’équipe et de quelques amis. Le « Rat Pack » de Humphrey Bogart revit.

Ils récidivent plusieurs fois, notamment dans l’antre de Sinatra, l’hôtel casino Le Sands à Las Vegas, dans la fameuse « Copa Room », du 6 au 8 septembre 1963, ou au Kiel Opera House à Saint Louis, le 20 juin 1965.


Etrangers dans la nuit

En janvier 1963 sort l’épatante première de ses trois collaborations avec Count Basie et son orchestre swing. Le chef d’œuvre Sinatra at the Sands, arrangé et dirigé par Quincy Jones sort en 1966. Avec l’arrangeur Gordon Jenkins, il enregistre le 22 avril 1965 le splendide  «It Was A Very Good Year ».

Début 1966, le compositeur Bert Kaempfert, engagé pour la musique du film d’espionnage parodique de Ronald Neame A Man Could Get Killed (D pour Danger), en écrit le thème « Strangers In The Night » confié à Frank Sinatra. Cette chanson romantique emblématique enregistrée le 11 avril à Hollywood devient un hit mondial et demeure éternellement associée à son interprète. Seulement le deuxième n°1 de sa carrière aux Etats-Unis, il n’attend que dix mois pour obtenir son troisième, un charmant duo avec sa fille aînée, Nancy : « Somethin’ Stupid ».

Le 30 décembre 1968, il enregistre la version américaine écrite par Paul Anka du « Comme d’habitude » de Claude François, Jacques Revaux et Gilles Thibault : « My Way ». Chanson qu’il fait là aussi sienne, lui insufflant une dose de drame et d’émotion que nul autre parmi une centaine de versions n’y a jamais pu parvenir.

New York, New York !

Au sommet de sa gloire, Frank Sinatra annonce sa « retraite » en juin 1971, après l’échec de deux albums successifs auxquels il tenait beaucoup, A Man Alone et surtout le remarquable et mésestimé Watertown. Mais deux ans plus tard en septembre 1973 il revient avec le bien nommé Ol’ Blue Eyes Is Back.

Le 19 septembre 1979 à Los Angeles il enregistre l’un de ses derniers grands succès et l’une de ses meilleures réussites avec New York New York, le Swing est éternel.

Deux mois plus tard le 19 décembre, il accueille ses amis chanteurs et acteurs lors d’un show TV special enregistré au Caesar’s Palace de Las Vegas. En mars 1980 le triple album ambitieux aux deux-tiers réussi Trilogy se veut une rétrospective de sa carrière. Mais en août 1984 il sort (après Chicago et New York…) L.A. Is My Lady produit par Quincy Jones au son moderne dans lequel il s’avère fort à l’aise.

Mais, à près de 80 ans, il est évident que « The Voice » ne peut plus se mesurer à un jeune lui-même. Sa voix s’est éraillée, et son échelle d’octaves a diminué. En décembre 1995 il apparaît très fatigué au Shrine Auditorium à Los Angeles où tout le monde du cinéma et de la chanson se bouscule pour lui rendre hommage. La voix du siècle s’éteint le 14 mai 1998 à Los Angeles, victime d’une crise cardiaque fatale.

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