Betty Carter

Biographie

De son vrai nom Lillie Mae Jones et également appelée Lorraine Carter, la chanteuse de jazz Betty Carter est renommée pour son talent d'improvisatrice et son aptitude à transcender les standards de son répertoire. Née à Flint dans le Michigan le 16 mai 1929, cette fille d'un chef de chorale d'église grandit à Détroit et étudie le piano au conservatoire. Tournée vers le be bop, elle a pour idole Charlie Parker et commence à chanter dans les clubs de la ville sous le nom de Lorraine (ou Lorene) Carter. Engagée en 1948 par Lionel Hampton, qui la surnomme « Betty Bebop », elle se fait renvoyer sept fois de son groupe en raison de sa trop grande liberté d'interprétation. La chanteuse, qui part d'elle-même en 1951, développe son style de scat et tente sa chance seule sur la scène de l'Apollo Theatre de New York et enregistre un premier album en collaboration avec le big band du pianiste Ray Bryant (1955). Après une séance avec Gigi Gryce, elle poursuit en solo pour les labels Impulse! (I Can't Help It) et Peacock (Out There). Recommandée par Miles Davis avec qui elle tourne pendant deux ans, Betty Carter forme un duo avec Ray Charles le temps d'un album à succès (Ray Charles and Betty Carter, 1961) et signe avec son label ABC-Paramount, qui donne lieu au magnifique The Modern Sound with Betty Carter (1960). D'autres albums suivent pour les labels Atco, United Artists et Roulette, mais la chanteuse au style unique privilégie sa vie privée et l'éducation de ses deux enfants. Délaissée par les compagnies de disques, elle crée son propre label Bet-Car sous lequel paraissent ses albums des années 1970. Ses apparitions remarquées au festival de Newport en 1977 et 1978 sont suivies d'un concert à Los Angeles, retranscrit sur l'album The Audience with Betty Carter (1980), encensé par la critique et les amateurs de jazz vocal. Au cours de la décennie suivante, Betty Carter s'emploie à rajeunir son style en engageant des pianistes prometteurs comme Jacky Terrasson, Mulgrew Miller, John Hicks, Benny Green ou Cyrus Chestnut. Carmen McRae, qui ne tarit pas d'éloge à son sujet, l'invite à se produire avec elle. Leur duo donne lieu à un album en public. Signée par Verve, la chanteuse retrouve une audience large au fil des albums dont Look What I Got (1988), qui lui vaut de remporter son premier Grammy Award. En 1993, elle ouvre le programme Jazz Ahead à la Brooklyn Academy of Music et joue à la Maison-Blanche devant le président Bill Clinton. Son dernier album I'm Yours, You're Mine paraît en 1996. Atteinte d'un cancer du pancréas, la chanteuse décède à New York le 26 septembre 1998 à l'âge de 69 ans.

Betty Carter commence par apprendre le piano et le chant en accompagnant son père qui dirige une chorale d’église. Lorsqu’elle découvre le be bop, ce nouveau son lui donne l’étrange idée de reproduire vocalement les lignes instrumentales qu’elle entend dans les solos de Charlie Parker ou de Dizzy Gillespie. A 17 ans, son premier engagement lui est proposé par Gillespie, une étape qui prépare les quatre années à venir dans la formation de Lionel Hampton en tant qu’interprète et compositrice. Elle y développe sa technique de scat qui lui vaut d’être surnommée « Betty Bebop » par Hampton. A l’aube des années 50, elle s’émancipe des grandes formations et débute une carrière de soliste dans les clubs. Parmi ceux qui l’accompagnent, on retrouve des musiciens comme Max Roach, Charlie Parker et Miles Davis. Cette orientation lui donne l’occasion de se produire avec Ray Charles et Sonny Rollins, invitée plus tard en tant que leader dans les plus grands festivals européens. Dès la fin des années 60, elle se lance dans la production en créant son propre label, Bet-Car, et continue de multiplier les rencontres. Une carrière exceptionnelle qui aura couvert plus de cinquante années de l’histoire du jazz, passant du duo au big band, avec toujours cette capacité à suivre les autres solistes en dialoguant avec eux quels que soient les tempos qui lui sont imposés. En 1996, elle enregistre un dernier disque sur le label Verve : « I’m yours, you’re mine ».

photo : © Mephisto

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