The Beatles

Naissance

27 Mai 1965, England

Biographie

Pour devenir le plus grand groupe du XXème siècle, il faut quatre musiciens exceptionnels, John Lennon (1940-1980), Paul McCartney (né en 1942), George Harrison (1943-2001) et Ringo Starr (né Richard Starkey en 1940) et un répertoire de compositions inégalable. Tel est le destin hors-norme des « Quatre garçons dans le vent », qui, entre 1962 et 1970, ont pulvérisé les records de vente et offert au monde un héritage musical inouï, sans doute le plus influent de toute l'histoire du rock. Les succès de la Beatlmania, de « She Loves You » (1963) à « Yesterday » (1965), ont fait place à une suite de chefs-d'œuvre qui ont durablement marqué leur époque et les générations suivantes à travers les albums de la maturité, Revolver (1966), Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band (1967), The Beatles (le « double blanc » de 1968) et Abbey Road (1969), avant la séparation en 1970, quand paraît l'épitaphe Let It Be. L'assassinat de John Lennon le 8 décembre 1980 éteint à jamais le rêve d'une reformation. Le 29 novembre 2001, c'est au tour de George Harrison de faire ses adieux. Depuis, l'héritage du groupe le plus populaire de l'histoire ne cesse de prospérer par de multiples compilations dont la série en trois volets Anthology (1995-1996), qui dévoile entre autres pistes inédites les nouveautés « Free as a Bird » (n° 2) et « Real Love » (n° 4). L'intégrale remasterisée des albums dévoilée en 2009 est entourée de projets de remixage comme Let It Be... Naked (2003), les rééditions des derniers albums supervisés par Giles Martin, fils du producteur initial George Martin ou les films Live at the Hollywood Bowl (2004), Eight Days a Week de Ron Howard (2016) et Get Back de Peter Jackson (2021). En 2023, la chanson inédite « Now and Then », provenant d'une maquette enregistrée par John Lennon, donne lieu à une nouvelle exploitation des compilations 1962-1966 (dite « rouge ») et 1967-1970. (dite « bleue »). Près de soixante ans après le premier n° 1, « From Me to You » (1963), ce nouveau simple est ainsi le dix-huitième du groupe couronné au sommet des charts britanniques.

Le 6 juillet 1957 à Liverpool se rencontrent John Lennon, guitariste et chanteur des Quarrymen, et Paul McCartney, apprenti-guitariste. Le tandem qui va révolutionner la musique populaire n'est encore que l'embryon d'un groupe amateur dans lequel se joignent bientôt le bassiste Stuart Sutcliffe et le guitariste George Harrison.

Par l'intermédiaire d'un premier manager, la formation de rock'n'roll effectue une tournée en Écosse sous le nom de Johny and the Moondogs. Puis ils deviennent The Silver Beatles et enfin The Beatles, en 1960. Le 17 août, ils débarquent pour Hambourg (Allemagne) avec un nouveau batteur Pete Best et se produisent dans des conditions précaires dans les clubs de la Reeperbahn (Kaiserkeller, Indra, Star Club). De retour à Liverpool, ils séjournent au Cavern Club en février 1961 puis repartent à Hambourg effectuer un premier enregistrement en accompagnement de Tony Sheridan (« My Bonnie ») le 12 mai. Lorsque Sutcliffe les quitte, Paul McCartney passe à la basse. Le groupe retourne au Cavern Club jusqu'à ce jour de novembre où Brian Epstein, disquaire local, ne les remarque et devienne leur manager. Il s'engage alors dans une chasse aux maisons de disques et finit par décrocher un contrat avec EMI en juin 1962 et l'enregistrement du premier 45 tours « Love Me Do » en septembre. George Martin, qui supervise la séance, devient leur producteur attitré. Entre temps, les Beatles ont recruté un nouveau batteur nommé Ringo Starr (né Richard Starkey).

Les choses sérieuses commencent avec « Please Please Me » et le premier album homonyme, paru en mars 1963, qui atteint le sommet du classement anglais. Les voix harmonieuses et la dynamique du groupe attirent un public de plus en plus large. Lancé en août, le simple « She Loves You » déclenche une vague d'hystérie : le mot Beatlemania est lâché. Le 4 novembre, le quatuor est invité à se produire devant la reine mère lors du Royal Variety Performance.

L'album suivant With the Beatles (novembre 1963) confirme l'originalité de la signature Lennon/McCartney qui offrent aux Rolling Stones leur premier vrai hit « I Wanna Be Your Man ». Les Beatles prennent alors l'habitude de livrer des singles inédits entre chaque album : « I Want to Hold Your Hand » obtient un succès colossal qui prépare le groupe à l'invasion du marché américain, dans le même état de grâce que les Britanniques après un passage au Ed Sullivan Show et une tournée des stades.

Le cinéma s'empare alors du phénomène Beatles dont le troisième album sert de bande sonore au film qui leur est consacré, A Hard Day's Night, réalisé par Richard Lester. Le disque est un nouveau raz-de-marée, à commencer par la chanson-titre. Une tournée mondiale est mise sur pied avant la sortie simultanée du disque et du film en juillet puis un nouveau tour américain. À l'automne 1964 sort le nouveau simple « I Feel Fine » suivi de Beatles for Sale, album de transition au carrefour d'influences rock'n'roll et folk.

L'année 1965 est tout autant épuisante pour le groupe avec le tournage d'un nouveau film et d'interminables séances d'enregistrement dans les studios londoniens d'Abbey Road. Au printemps sort « Ticket to Ride » suivi de l'album et du film Help! de Richard Lester en juillet. La ballade « Yesterday », interprétée par McCartney en solo, pulvérise leurs records précédents avant de devenir la chanson la plus jouée et reprise à travers le monde. Le 15 août, les Beatles jouent devant 56000 spectateurs au Shea Stadium de New York et le 26 octobre, ils sont décorés de l'Ordre de l'Empire britannique (MBE).

Alors que les albums précédents contenaient leur lot de reprises, le cinquième, Rubber Soul (décembre 1965) est entièrement dû à leurs plumes. Il développe une écriture de chansons plus adulte, un nouveau style musical folk-rock influencé par Bob Dylan et s'ouvre à d'autres sonorités par la présence d'un sitar sur le « Norwegian Wood » de George Harrison et d'un piano joué en accéléré par George Martin sur « In My Life ». Le simple « Day Tripper » sort simultanément, accompagné du premier titre psychédélique des Beatles (« Rain » et ses bandes inversées).

L'album Revolver (août 1966) constitue une nouvelle étape dans l'évolution perpétuelle du groupe qui accueille un quatuor à cordes classique pour « Eleanor Rigby » et à nouveau un sitar dans « Love You To » signé Harrison. L'équilibre de nouveauté et de classicisme fait de cet album un disque charnière, à la lisière du psychédélisme et de l'expérimental (« Tomorrow Never Knows »). Le 29 août, les Beatles foulent une dernière fois la scène d'un concert au Candlestick Park de San Francisco, préférant s'adonner au travail en studio après une période de repos.

Concentré sur la gestation d'un album ambitieux, le groupe envoie le simple « Penny Lane / Strawberry Fields Forever » en avant-première en février 1967. Le pas vers une musique plus sophistiquée est franchi. Le 1er juin 1967 sort Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band, un album qui a nécéssité des mois de préparation à Abbey Road, présenté sous une luxueuse pochette avec une mosaïque de personnages et les paroles des chansons. L'oeuvre révolutionnaire comprend un titre polémique, « Lucy in the Sky with Diamonds » et un morceau majeur, « A Day in the Life ». Les « Fab Four » ont mûri et démontrent leur capacité à devancer la concurrence. En pleine phase avec leur époque, ils proposent le simple « All You Need Is Love » en plein « été de l'amour » avant de s'envoler pour un séjour de méditation à Bangor avec le Maharishi Mahesh Yogi. Le périple est interrompu par l'annonce du suicide de leur manager Brian Epstein.

Inspiré par l'esprit libertaire qui souffle alentour, McCartney écrit le récit du Magical Mystery Tour, disque comprenant la pièce surréaliste « I Am the Walrus » et film loufoque diffusé au lendemain de Noël 1967 à la BBC. Au printemps 1968, les Beatles partent pour l'Inde dans le temple du Maharishi, non sans composer la suite de leur histoire. Ils décident de prendre leurs affaires en main en créant leur propre label Apple et en faisant appel à l'avocat Allen Klein. Sollicités pour contribuer à un dessin animé qui leur est consacré, les Beatles livrent quatre titres inédits (dont « Hey Bulldog ») à George Dunning pour Yellow Submarine dont la bande originale fait l'objet d'un album. Le mois suivant, le simple « Hey Jude / Revolution » annonce l'album en cours.

Fruit d'une période intensive en studio, le double album The Beatles (dit « l'album blanc », novembre 1968) prend le contre-pied du psychédélisme et propose les chansons de quatre musiciens plutôt que d'un groupe : « Dear Prudence » et « Revolution 9 » de Lennon, « Back in the USSR » et « Helter Skelter » de McCartney ou « While My Guitar Gently Weeps » pour Harrison (avec un solo d'Eric Clapton). Une faille pénètre l'union du groupe, symbolisée par la présence de Yoko Ono, la compagne de Lennon (le couple sort l'expérimental Two Virgins).

L'année 1969 commence par les séances d'enregistrement liées à un projet de film et un concert sur le toit de l'immeuble de la société Apple qui connaît dans le même temps des problèmes de gestion. Le choix d'un nouveau manager, l'avocat d'affaires Allen Klein, divise davantage les Beatles. Après le simple « Get Back » (avril), Lennon se consacre à son nouveau groupe Plastic Ono Band avant de retrouver ses camarades pour le dernier tour de piste d'Abbey Road (septembre) avec « Come Together » et son enchaînement de titres. Ultime chef d'oeuvre avant la reprise du projet Get Back devenu Let it Be dans les mains de Lennon et du producteur Phil Spector, sorti enfin en mai 1970, quand le groupe est de fait séparé.

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