Burt Bacharach

Naissance

12 Mai 1928, Kansas City, Missouri, United States

Biographie

Symbole du compositeur populaire, le pianiste et trompettiste américain Burt Bacharach a, en compagnie de son parolier attitré Hal David, régné sur la pop music près de trois décennies durant. Artisan essentiel de la carrière de Dionne Warwick (« Walk On By », « Don’t Make Me Over »), il est le créateur d’un nombre incalculable de succès (« I Say a Little Prayer » immortalisé par Aretha Franklin, « The Look of Love » de Dusty Springfield, chanson générique de l’aventure parodique de James Bond « Casino Royale », « Baby It’s You » pour The Shirelles, mais qui sera reprise par The Beatles). On le considère comme l’archétype de l’auteur de musique facile, enjouée, et immédiatement mémorisable.

Fils d’Irma Freeman et de Bert Baccharach (qui est journaliste), Burt Freeman Bacharach, d’origine juive allemande, voit le jour le 12 mai 1928 à Kansas City (Missouri).

Après que sa mère ait insisté pour qu’il pratique le violoncelle, la batterie, et le piano, et des études classiques qui le mènent à l’Académie de Musique de Santa Barbara (Californie), où il suit les cours du compositeur français Darius Milhaud, il devient concertiste, et accompagne également au piano plusieurs vedettes de l’époque, dont la chanteuse et actrice Paula Stewart, qu’il épouse en 1953.

Burt Bacharach n’a alors qu’un rêve : devenir footballeur professionnel. Il va être déçu.

Il divorce d’avec Miss Stewart en 1958, puis part en tournée comme directeur musical avec Marlene Dietrich, ce qui n’a, a priori, aucun rapport.



Premiers refrains

C’est à la même période que Bacharach intègre, en compagnie du parolier Hal David, le mythique Brill Building, fameuse usine à tubes new-yorkaise, où se retrouvent le fleuron des compositeurs, éditeurs, et artistes de l’époque.

Marty Robbins (avec « The Story of My Life ») offre en 1957 au duo son premier numéro un des classements de musique country.

Le succès vient à point nommé pour un jeune homme qui vit presque dans la misère, régulièrement contraint d’emprunter de l’argent à son père.

Bacharach et David alimentent alors les répertoires de Johnny Mathis, ou Perry Como, et séduisent les publics des deux côtés de l’Atlantique.

La paire rencontre la chanteuse Dionne Warwick en 1961 (à qui elle propose d’enregistrer des épreuves sensées séduire des interprètes renommés, avant de convenir que ces brouillons sont souvent supérieurs aux versions définitives des vedettes en place) : l’union artistique est prolifique, et vingt de ces chansons seront des tubes dans les classements américains, dont « Walk On By » ou « Don't Make Me Over ».

Premiers triomphes

Se méfiant des relations trop exclusives, Bacharach collabore également avec le parolier Bob Hilliard, et cisèle de nouveaux hits pour The Drifters, Chuck Jackson, ou Lou Johnson, puis Sandie Shaw (« (There’s) Always Something to Remind Me », adapté par Eddy Mitchell sous le titre « Toujours un coin qui me rappelle »).

Son style (de la pop music agrémentée de larges orchestrations, une utilisation très particulière de la section de cordes, et des rythmes toujours syncopés) ne tarde alors pas à devenir un genre, sous l’appellation d’uptown soul.

La décade prodigieuse

Burt Bacharach est alors beau, sportif, riche, célèbre, et talentueux.

L’Américain met à loisir ses rares moments de loisir pour composer pour la télévision, ou le cinéma.

Le compositeur trouve néanmoins le temps d’épouser en 1965 l’actrice Angie Dickinson, et de lui faire une petite fille, Nikki. Née prématurée en 1966, cet enfant, atteinte du syndrome d’Asperger (trouble du comportement proche de l’autisme), se suicide par suffocation le 4 janvier 2007, à l’âge de quarante ans.

Toujours en 1966, et alors que des musiciens de jazz tels Wes Montgomery ou Stan Getz interprètent ses thèmes, le groupe Love transforme la chanson « My Little Red Book » en standard du rock (mais en une version que le compositeur n’appréciera jamais).

Et, encore la même année (avec l’album Hit Maker ! Burt Bacharach Plays The Burt Bacharach Hits), le compositeur inaugure l’habitude d’enregistrer sous son nom propre des versions largement instrumentales de ses hits. Diverses sessions produiront ainsi Reach Out (1967), Make It Easy On Yourself (1969), Burt Bacharach (1971), Living Together (1973), Futures (1977), et l’album en public Woman (1979).



Premier accroc

Les décennies suivantes voit Burt Bacharach collaborer avec des talents aussi divers que Dusty Springfield (« The Look of Love » pour la bande originale du film Casino Royale de la série James Bond), Cilla Black, Jerry Butler, Jackie DeShannon, Tom Jones (« What’s New Pussycat » du film éponyme), The Carpenters, Isaac Hayes, B.J. Thomas (la chanson « Raindrops Keep Fallin’ On My Head » s’illustrera dans le film Butch Cassidy and the Sundance Kid, récoltant deux Oscars, avant d’être reprise en français par Sacha Distel sous le titre « Toute la pluie tombe sur moi »), ou Luther Vandross.

En 1973, Bacharach et David travaillent conjointement sur le remake d’un film de 1937 de Frank Capra (Lost Horizon). Le résultat, apocalyptique, sonne le glas du duo, et entérine la détresse d’une Dionne Warwick, désormais livrée à elle-même.



Deuxième accroc

En 1980, Bacharach divorce d’Angie Dickinson, et entame illico une relation, professionnelle et affective, avec la chanteuse, compositrice et parolière Carole Bayer Sager, avec il adopte un petit Christopher.

Dès 1981, le couple fait mouche avec « Arthur », thème du film éponyme (immortalisé par Christopher Cross), et d’autres mélodies pour le compte de Michael McDonald, Neil Diamond ou Roberta Flack.

Les retrouvailles avec Dionne Warwick se font de manière éclatante en 1985, avec le hit « That’s What Friends Are For », et un nouveau Grammy Award vient, en 1998, saluer la co-composition avec Elvis Costello de « Painted From Memory ».



Troisième accroc

Durant les années 1990, Bacharach participe aux trois aventures cinématographiques d’Austin Powers.

Il n’en divorce pas moins de Carole Bayer Sager en 1991, et épouse en quatrième noce Jane Strauss Hanson (1993). Ils ont deux enfants, Oliver et Raleigh.

Après un nouveau détour par le jazz en compagnie du pianiste McCoy Tyner (ancien sideman de John Coltrane), Burt Bacharach enregistre – après vingt-six ans de silence en la matière - un nouvel album en nom propre, At This Time (2005), en compagnie de Rufus Wainwright, du producteur de hip hop Dr. Dre, et, de nouveau, Elvis Costello.

En 2008 est publié Live at the Sydney Opera House, rétrospective en public de quarante années de carrière.

Apothéose finale


Salué par les compositeurs Tony Banks (Genesis), Jimmy Webb, Brian Wilson (The Beach Boys), et Donald Fagen (Steely Dan), comme l’un des plus grands, Burt Bacharach a été honoré par le groupe Status Quo (« Diggin’ Burt Bacharach »), figure sur la couverture du premier album d’Oasis, et a été chanté par les groupes américains Faith No More, et The White Stripes.

Aux dernières statistiques, soixante-dix de ses chansons se sont classées dans les charts américains (et quarante dans les classements britanniques).

Et Burt Bacharach est éleveur et entraîneur de chevaux de course, souvent victorieux.