Sarah Vaughan

Nom de naissance

Sarah Lois Vaughan

Naissance

27 Mars 1924, Newark, New Jersey, United States

Biographie

« Sassy » ou « La Divine » (« The Divine One ») sont les surnoms généralement attribués à Sarah Vaughan (Newark, 27 mars 1924 - Los Angeles, 3 avril 1990), l'une des plus grandes chanteuses de jazz du XXe siècle. Bercée par le gospel à l'église baptiste de Newark (New Jersey), la pianiste et chanteuse gagne ses galons d'artiste en 1943 lors d'un concours à l'Apollo Theater de Harlem, à New York, devant Ella Fitzgerald. Elle enregistre ensuite avec Charlie Parker, Dizzy Gillespie et accompagne Clifford Brown (1954) ou Count Basie (1958). Ses propres albums, qui remportent un vif succès, soulignent une versatilité vocale dans la pop, le be bop, le swing et le scat, accompagnée au piano ou en petite formation comme face à un orchestre symphonique. Active jusque dans les années 1980, Sarah Vaughan reste un exemple pour les chanteuses des générations suivantes.

Sarah Lois Vaughan est née le 27 mars 1924 à Newark, dans le New Jersey (États-Unis). Son père est charpentier et sa mère blanchisseuse : lui joue de la guitare et elle chante à l'église dans laquelle la famille est très active. C'est d'ailleurs au sein de leur congrégation baptiste que le talent de la jeune fille commence à s'épanouir puisqu'elle chante dans le choeur de l'église.

Dès l'âge de 7 ans, ses parents l'inscrivent à la Arts High School de Newark où elle commence les cours de piano et joue parfois de l'orgue pour les services de l'église. C'est donc dans un contexte religieux qu'elle s'initie aux joies du gospel durant sa petite enfance. Dès l'adolescence, elle commence à s'intéresser à la musique populaire et n'hésite pas à faire le mur pour flâner dans les nombreux clubs de Newark qui, à l'époque, était une scène musicale très active. Elle arrive même à se produire quelques fois en tant que pianiste, plus rarement en tant que chanteuse. Plus elle se produit et plus son travail scolaire en pâtit. Elle décide alors d'arrêter l'école pour se concentrer uniquement sur la musique. Elle fréquente de plus en plus les clubs de Newark mais également ceux de New York, notamment l'Apollo Theater de Harlem.

En 1942, elle encourage l'une de ses amis, Doris Robinson, à s'inscrire l'Apollo Amateur Night Contest et l'accompagne au piano. Tandis que son amie remporte le deuxième prix, Sarah Vaughan décide de s'inscrire elle-même à ce concours en tant que chanteuse. Et en 1943, tout juste âgée de 19 ans et 10 ans après Ella Fitzgerald, son modèle, qui vient la féliciter, elle remporte le concours, le prix de dix dollars et un engagement d'une semaine dans le club. C'est lors d'une de ces séances du mercredi que le club réserve aux jeunes talents qu'elle est remarquée par Billy Eckstine, vedette de l'orchestre d'Earl Hines. Il s'enthousiasme pour la voix de la jeune chanteuse et lui fait intégrer l'orchestre qui est à son apogée en tant que soliste. Sarah y côtoie les meilleurs boppers de l'époque, se laisse influencer par ce mouvement et abandonne peu à peu les influences swing de son modèle. Elle fait de sa voix un véritable instrument, capable de couvrir plusieurs octaves, faisant des sauts de registre exceptionnels. Elle scate comme seule Ella Fitzgerald sait le faire à l'époque, maîtrise son organe vocal comme peu de chanteuses et dépasse largement les attentes de Billy Eckstine.

Le succès est tel qu'Earl Hines se trouve bientôt dépassé et plusieurs membres de son orchestre, pour ne pas dire la quasi-totalité de ses musiciens be-bop, décident de s'affranchir d'un big band encore trop traditionnel à leur goût. C'est donc en 1944 que Billy Eckstine, accompagné de Dizzy Gillepsie, trompettiste bop de talent et Charlie Parker, grand saxophoniste, montent le premier orchestre de be-bop avec Sarah Vaughan au chant. Un orchestre révolutionnaire pour l'époque qui se détache des carcans de la tradition, mais malgré les nombreux musiciens de talent qui se joignent à la formation (comme Miles Davis), c'est Sarah Vaughan et Billy Eckstine qui font tourner la boutique, eux seuls réussissant à provoquer un réel intérêt de la part du public, même si la chanteuse et le tromepttiste assurent parfois le show lors d'un lindy-hop ou un jitterbug endiablé. C'est d'ailleurs Dizzy Gillepsie qui arrive à convaincre Leonard Feather d'enregistrer quatre titres avec Sarah Vaughan en vedette.

Après cet épisode, elle continue à se produire avec l'orchestre mais également seule, de son côté. Elle finit d'ailleurs par quitter la formation après un autre enregistrement, encore une fois à l'initiative de Dizzy Gillespie et durant lequel elle fut accompagnée entres autres par Charlie Parker et Tadd Dameron. Ce dernier lui apprendra à affiner sa technique de chant. Après quelques mois dans le combo de John Kirby et un nouvel enregistrement, elle rencontre George Treadwell au Café Society. Le trompettiste tombe amoureux de la jeune chanteuse et ils convolent en justes noces le 17 septembre 1946. Treadwell devient alors son manager, abandonnant sa propre carrière pour ne se dévouer qu'à sa femme. Grâce à lui, elle passe du statut de chanteuse provinciale à celui de diva. Il restera d'ailleurs son manager longtemps après leur divorce en 1959.

C'est avec l'apparition de Treadwell dans sa vie que tout va s'enchaîner rapidement. En 1947, elle enregistre « It's Magic » qui la fait connaître du grand public puis, en 1948, « The Lord's Prayer » et « What a Difference A Day Makes », avec Jimmy Jones, qui restera son fidèle pianiste. L'année suivante, elle est consacrée meilleure chanteuse de l'année et signe chez Columbia. Elle fait des séances d'enregistrement avec Miles Davis, Jimmy Jones ou encore Tony Scott.

Si elle semble vivre les plus belles années de sa carrière, Sarah Vaughan fait nénamoins une dépression nerveuse qui la tient loin des studios d'enregistrement pendant une année. Elle ne revient qu'en 1954, chez Mercury, qui lui fait enregistrer des titres plus commerciaux. Elle reprend le dessus et sort son album phare Swingin' Easy (qui ne paraît qu'en 1957), dans lequel elle prouve qu'elle est à nouveau au meilleur de sa forme. Cette même année, elle enregistre avec le sextette de Clifford Brown plusieurs titres exceptionnels dont une version de « Lullaby Of Birdland » que beaucoup ont vainement tenté d'imiter. En 1955, c'est un orchestre monté spécialement pour elle par Ernie Wilkins qu'elle intègre. C'est avec lui qu'elle atteint véritablement les sommets de son art. Elle enregistre Great Songs From Hit Shows l'année suivante avec Hal Mooney et onze titres de George Gershwin en 1957, avec Jimmy Jones au piano et enfin Song Book, consacré à Irving Berlin, en 1958, avant qu'elle ne quitte Mercury l'année d'après. Elle signe alors chez Roulette, avec qui elle effectue ses plus grosses ventes d'albums comme Sassy Swings The Tivoli qui bat des records en 1963. Elle continue ainsi à enchaîner les tubes jusqu'en 1967.

Les années 1960 et l'engouement pour le rock'n'roll la tiennent loin des studios pendant quatre ans. C'est donc en 1971 qu'elle revient sur le devant de la scène avec Alone Again Naturally. Elle a de nombreuses collaborations avec différentes formations de jazz, notamment celui d'Oscar Peterson. Cela ne durera que jusqu'au début des années 1980, période à partir de laquelle les enregistrements et les représentations se font de plus en plus rares. Elle est obligée d'annuler plusieurs concerts en Europe à la fin des années 1980 pour des raisons de santé. Et c'est le 3 avril 1990 à Los Angeles, après trois mariages, trois divorces et une vie artistique comblée que la star décède des suites d'un cancer du poumon. La « Divine » (« The Divine One ») reste pour beaucoup de chanteuses un modèle et l'une des plus belles voix de l'histoire du jazz, au même titre qu'Ella Fitzgerald ou Billie Holiday.