Berywam

Biographie

C’est une belle histoire. Une histoire qui ne ressemble à aucune autre. La preuve que l’impossible, en matière d’art, est un mot caduc. Une frontière à dépasser. C’est encore une histoire d’amitié, un pacte secret passé loin du monde. Un vœu bientôt exaucé.

BERYWAM
 
Berywam est un groupe de beatbox. En français, littéralement, boîte à rythmes humaine. C’est grâce à la culture hip-hop que le genre s’est démocratisé dès les années 70. Mais c’est un art ancien. L’imitation vocale des percussions existe en Inde depuis des siècles. On la retrouve chez les paysans américains des Appalaches au 19ème. Le jazz a aussi utilisé cette pratique, avec notamment le scat. La tradition orale est une chose précieuse, elle a permis aux Hommes de préserver leurs histoires et de les transmettre. Berywam s’inscrit dans cette démarche, à la fois instinctive et ludique, vivante et bouillonnante. Il y a aussi chez ce groupe plutôt sudiste (Toulouse, Bordeaux, Avignon), composé de Wawad, Beatness, Beasty et Rythmind, un rapport à l’esprit DIY (fais les choses par toi-même). Pas besoin d’instruments, pas besoin forcément d’un background musical, on fait avec ce que l’on a et on avance. La passion et le désir comme moteurs. Chez Berywam, tout est oral, absolument tout. Un cuivre solaire ? Une bouche. Une basse ronde ? Une bouche. Une chanson qui donne envie d’y croire encore ? 4 bouches. Et c’est garanti sans trucage : « Non, non, je vous jure, tout ce que les gens entendent dans nos titres, c’est nous, nous et rien d’autre. On fait absolument tout avec nos voix, les instruments, tout ! C’est pour cela qu’on a intitulé notre série de vidéos sur YouTube “No Instrument”. Tout est vocal. À 100% » précise Wawad. Berywam a dépoussiéré le concept. Son beatbox est 2.0, voire plus. Il innove, il creuse, il décolle. Il ne se contente pas d’enchainer les démonstrations techniques de haute volée. Non. Il a su mêler à sa pratique des émotions, des atmosphères, une identité en titane. Art. Et c’est assez impressionnant.
 
Tout débute à l’enfance, bien sûr. Quand les rêves ne sont pas encore piétinés par trop de désillusions et de cynisme. Wawad. Toulouse. À la maison, de la musique, beaucoup. Une famille nombreuse de musiciens, de mélomanes. Les mélodies tournent dans le salon puis dans les têtes. Les chansons sont des compagnons de route formidables, elles indiquent le chemin, elles portent, elles repoussent les ténèbres. Elles donnent des envies. Wawad reçoit en cadeau un synthétiseur. Il s’y met. Autodidacte total. Mais avant ça même, Wawad découvre sans le savoir le beatbox : « Chez moi, le beatbox est venu naturellement. Presque par hasard. Depuis tout petit, je me suis toujours amusé à faire des bruits, à imiter des sons du quotidien, je ne sais pas d’où ça me vient. J’ai très vite imité aussi les chansons que j’entendais. Il n’y avait pas encore Internet et je pensais être le seul à faire ça. À l’école, j’étais connu comme le mec qui faisait plein de bruits avec sa bouche (rires). En parallèle, je faisais des petits concerts avec ma tante et mon oncle, je jouais du piano et faisais un peu de beatbox. C’est devenu ma passion. Il n’y avait plus que ça, du matin au soir, j’ai même fini par contaminer ma famille, mes frères, mes cousins (rires). » C’est ce que les poètes appellent un destin. Malgré de bonnes études, Wawad le sent, Wawad le sait, la musique va l’accompagner. Elle sera centrale. Oxygène. Et puis, le beatbox est encore un moyen de prolonger la magie de l’enfance, quand on édifie des univers avec presque rien, sans se soucier du jugement de l’autre. Wawad grandit, il découvre qu’avec sa bouche, il peut désormais aussi incarner une trompette, une batterie. Tout ce qu’il veut en somme. Et là où beaucoup d’artistes en devenir galèrent à toucher un public, Wawad, lui, a toujours fédéré, dès la cour d’école. Il était déjà un saltimbanque, celui qui fait rire et qui fascine. Cela n’a pas de prix. Le monde devient son laboratoire. Chaque bruit peut devenir une influence, un défi, une promesse. Pour lui et ses trois amis.
 
Beatness. Toulouse encore : « À la base, j’ai commencé, très tôt, par la batterie. J’en ai fait pendant dix ans. Mon père était percussionniste et il m’a mis dedans. Je l’accompagnais parfois quand j’étais petit. Ouais, exactement, la pomme n’est pas tombée très loin de l’arbre (rires)… Un jour, je suis adolescent, je tombe par hasard sur des vidéos de beatbox. Et j’accroche tout de suite. L’aspect technique et rythmique me fascine direct. J’essaye de refaire ce que je vois dans ces vidéos en me les passant au ralenti. Et c’est devenu une vraie passion. J’ai même fini par lâcher carrément la batterie. Ce que j’ai aimé dans le beatbox, c’est de pouvoir aller dans plusieurs univers. Il n’y a pas de limite, c’est de la création pure. On peut toujours aller encore plus loin en cherchant des nouvelles sonorités, des nouveaux styles… Et le beatbox, c’est que du vocal, que de l’humain. Et ça aussi ça m’a fasciné. Quand j’ai rencontré Wawad, tout s’est accéléré. Et dans le groupe, il y a une vraie amitié, au-delà même du côté professionnel. On a même vécu en colocation pendant deux ans, c’est tout dire… (rires) »
 
Beasty. Bordeaux : « Le beatbox, je l’ai rencontré très tôt sans mettre de nom dessus. J’ai commencé à imiter des bruits dès que je jouais, gamin. Avec mes petits Power Rangers ou mon Spiderman, je faisais des bruitages, un peu de cinéma quoi. C’est parti comme ça. Et la relation avec la musique, elle s’est faite bien plus tard. Quand j’écoutais des morceaux hip hop dans la caisse avec mon père, et que je les refaisais, j’ai fait le rapport avec les bruitages de mon enfance. La transition s’est produite naturellement. Le mot beatbox, je le découvre en même temps que Rahzel en fait. C’est mon père, DJ, qui m’a fait découvrir ça en me disant : “Ce mec-là, il fait tout avec la bouche !” J’ai halluciné ! C’est devenu ma passion… Moi, j’ai commencé le beatbox avant les trois autres. J’ai participé en 2006 aux premiers championnats de France en solo. Mais le côté compétition m’a lassé assez vite. J’ai vite pris une direction d’instrumentiste. J’ai fait une école de musique, je voulais surtout apprendre à communiquer avec les musiciens. J’ai été bassiste dans des groupes. Je voulais développer ma propre identité en tant qu’artiste… J'avais croisé vite fait Wawad quand j’étais juge sur des compétitions. Et puis, j’ai finalement rejoint le groupe quand MB14 a voulu partir. »
 
Rythmind. Avignon : « Dès le plus jeune âge, je faisais des rythmes avec ma bouche pour reproduire des sons de batterie, mon père étant batteur. D’après mes parents, je faisais ça dès le berceau. Toom toom ta (rires). J’ai commencé la batterie à quatre ans. Bon, j’ai arrêté à six pour me mettre au foot (rires)… Mon père donnait des spectacles et il me faisait parfois monter sur scène pour jouer un petit son à la batterie, pour le remplacer sur un ou deux morceaux, j’avais cinq ans… Le beatbox, je le découvre à la télé. Je vois Anthony Kavanagh qui en faisait dans son spectacle, le Saïan Supa Crew, Kenny Muhammad, un beatboxer américain. Là, je me rends compte que c’est possible de faire plein de choses juste avec ta bouche. Ça m’a subjugué. Et j’ai décidé d’y aller, juste pour m’amuser au départ. Au fil des années, j’ai rencontré des personnes qui étaient dedans, j’ai monté un petit groupe avec des copains, on a commencé à participer aux championnats de France. Je comprends alors qu’il y a vraiment moyen d’en faire quelque chose de plus sérieux. Il y a un vrai partage dans la communauté beatbox, c’est moins l’esprit de compétition qui prime que l’envie de progresser. C’est vraiment bon esprit. Je croise Wawad et les autres sur des battles. On s’affronte et on s’apprend des trucs, on devient potes. »
 
Quand on demande à Wawad s’il est le leader du groupe, sa réponse permet de mieux comprendre l’état d’esprit de Berywam : « Je n’aime pas trop ce mot. Je préfèrerais qu’on parle d’homme à tout faire. Je suis un hyperactif dans l’âme. C’est moi qui gère tous les aspects extra-musicaux, contrats, planning, tout ça… Et ça convient à tout le monde. » Car ici, indéniablement, c’est l’amitié qui prime, l’espoir de dépasser l’horizon ensemble. Berywam, malgré ses talents, malgré ses nombreuses skills, n’existerait pas sans une camaraderie-ciment. Et chaque membre est polyvalent. Et comme dans tout gang qui se respecte, chacun a quelques forces qui lui sont propres. Wawad, lui, c’est le chant, les harmonies en aigu, les trompettes et l’aspect mélodique. Chez Beatness, c’est plutôt tout ce qui concerne les basses et aussi le côté rythmique. Beasty, lui, se considère plutôt comme multitâches. Il peut tout faire. Sa position principale reste le chant lead. Rythmind, enfin, est dans la rythmique et dans les sons électroniques. Tout a commencé à la fin de l’année 2015 : « Le nom, en fait, on a pris les premières syllabes de chacun de nos surnoms : Be pour Beatness, Ry pour Rythmind, Wa pour Wawad et le M, c’est pour MB14, qui est un ancien membre, parti depuis. Au départ, le groupe a vu le jour pour pouvoir participer à un Battle inter-régional, opposant le Sud, le Nord, l’Ouest et l’Est. Moi, J’étais le capitaine du Sud et il fallait que je prenne trois gars avec moi. J’ai pris Beatness, Rythmind et un quatrième mec de Toulouse, qui n’a pas pu rester parce que son travail le bloquait. Il a été remplacé par MB14. Mais on a tellement kiffé de travailler à quatre qu’on a décidé de continuer après ce Battle. On voulait en fait participer au Championnat de France de beatbox et arrêter après. On voulait se faire un vrai délire entre potes, sans se projeter plus loin. Résultat : On termine vice-champion de France. C’était une défaite bénéfique. Ça nous a donné la force et l’envie de retenter notre chance et de gagner. On sentait que quelque chose se créait avec le groupe. Une alchimie, humaine et musicale. L’année d’après, en 2016, on est champion de France ! Ça nous offre l’opportunité de concourir au championnat du monde. En 2018. Et on est champion du monde, en Allemagne, à Berlin. On tape les Américains en finale. On est arrivé là-bas comme des robots, on avait bossé comme des dingues, tout était hyper calé. Entre-temps, MB14 avait décidé de nous quitter juste avant la compétition, Beasty avait pris sa place. Mais on a choisi de participer au Championnat à 5, avec MB14 et Beasty, pour montrer que notre amitié était plus forte que tout. Qu’on était une vraie famille. On se connait tous depuis 2010, on s’aime. Le jury note sur plusieurs critères : la musicalité, la technique, la rythmique et la présence scénique. Nous, c’est une de nos forces, on a toujours des petites chorégraphies, cela ajoute un aspect visuel sur scène qui peut faire la différence. Et on a gagné ! Notre rêve était devenu réalité. Et bien sûr, on a compris que c’était juste le début en fait, qu’on devait aller plus loin avec Berywam. »
 
Après de nombreuses reprises, entre autres de DJ Snake, que Berywam a rencontré lors des Francofolies et avec qui il a pu échanger, et qui ont fédéré des millions de vues sur la toile, quelques titres originaux tout aussi appréciés comme “Conmigo”, plus de trois millions d’abonnés sur TikTok, un premier album est attendu en 2021. Beatness : « Sur ce disque, on a vraiment réuni tous nos travaux au niveau des sonorités, toutes nos cultures musicales. On a tout mélangé et le résultat, c’est ce premier album ! Le fruit de dix ans de travail acharné ! » Beasty : « Ce disque, c’est une fierté ! Et j’ai aussi envie de dire que c’est un pas monstrueux pour notre art, le beatbox. Au départ, le beatbox, c’est assez underground et là, grâce à l’album, on va pouvoir balayer tous les clichés et fermer quelques bouches (rires). Et aussi démontrer que le beatbox peut toucher absolument tout le monde ! » Rythmind : « Je suis très impatient ! On bosse dessus depuis tellement longtemps. Je suis excité, fier et en même temps j’espère qu’il sera entendu à sa juste valeur. Ce disque, il représente un travail de dingue, vraiment. » Que Rythmind ne s’inquiète pas. Et il y aura des pointures internationales invitées. On ne peut pas en dévoiler plus à l’heure qu’il est. Ce disque sera évidemment sans instrument et avec une passion non négociable. Une fraîcheur formidable. Il sera urbain, pop, sans frontière, il dessinera un après, sans le moindre doute. Et il y aura les concerts, lieu d’expression idéal pour Berywam, là où sa créativité peut s’exprimer pleinement. Le groupe a déjà joué sur tous les continents (Chine, Vietnam, Thaïlande, Europe…). Si ce satané virus accepte de freiner sa course folle… Vivement. Berywam n’a jamais rien lâché. Il a connu les galères, le doute, les échecs. Et il est là. Il a de quoi bouleverser la donne.