Boulou Ferré

Naissance

24 Avril 1951, France

Biographie

Grande figure de la guitare jazz, Boulou Ferré est surtout connu pour ses enregistrements dans le style manouche, même si ses qualités d'instrumentiste vont bien au-delà de ce seul genre. Fils de Matelo Ferret, membre du Quintette du Hot Club de France, et frère aîné d'Élios Ferré, le prodige n'a que douze ans lorsqu'il enregistre son premier disque et s'illustre en concert. Dans les années 1970, le guitariste se branche sur l'électrique et explore les voies du free jazz par des collaborations audacieuces. Boulou Ferré revient ensuite en duo avec son frère (Boulou & Élios Ferré) puis en trio et en quartette avant de ralentir son activité. La double anthologie Complete Barclay Recordings parue en 2012 dresse un beau bilan des années Barclay.

C'est au sein d'une dynastie musicienne que naît Boulou Ferré à Paris le 24 avril 1951. Fils de l'éminent guitariste Matelo Ferret (1918-1989) et neveu des non moins virtuoses Baro et Sarane Ferret, tous membres du Quintette du Hot Club de France fondé par Django Reinhardt et Stéphane Grappelli, Boulou Ferré tâte de l'instrument dès son plus jeune âge et ouvre ainsi la voie à son frère cadet Élios.

En 1957, Boulou Ferré n'a alors que six ans, il apprend à jouer avec son père et prend parallèlement des leçons de guitare classique avec Francisco Gil. Deux ans après, il donne son premier concert au musée Guimet. Remarqué par un directeur artistique, le très jeune Boulou Ferré n'a que douze ans lorsqu'il accompagne le chanteur Jean Ferrat et réalise son premier disque pour la maison de disques Barclay.

À partir de 1964 sortent alors une série d'EP sous son seul prénom, comprenant ses versions des classiques arrangés par Alain Goraguer : « La Complainte de Mackie (Mack the Knife) », « Dieu, Dieu elle m'aime aussi (Hallelujah I Lover Her So) », « Night and Day », « C'est si bon » ou « The Girl from Ipanema », avec parfois l'intervention de l'harmoniciste Toots Thielemans.

Le musicien prodige, également chanteur, devient la curiosité de la scène jazz, tel cette soirée du festival d'Antibes où il joue en lever de rideau du légendaire John Coltrane. Sur disque, il est accompagné de grandes figures comme Eddy Louiss, Pierre Michelot, Kenny Clarke ou Maurice Vander, soit le Paris All Stars. Gilbert Bécaud dit alors à son propos : « Quand la musique rencontre un enfant, c'est un peu le mariage d'une fleur et d'un papillon ».

En 1967, l'enfant guitariste se lance dans l'interprétation de l'Adagio du Concerto de Aranjuez de Joaquin Rodrigo pour les besoins du film Les Aventures extraordinaires de Cervantès avec Horst Buccholz et Gina Lollobrigida, ce qui lui vaut en retour un certain succès. Au fil des enregistrements, toujours pour Barclay, Boulou Ferré croise un grand nombre de musiciens réputés tels Stéphane Grappelli, Gus Viseur, Babik Reinhardt, Christian Escoudé et Dizzy Gillespie.

Désireux de sortir du cadre du jazz manouche, le guitariste explore les différentes possibiltés de son instrument par l'utilisation d'une guitare électrique munie de pédales à effets (wah-wah) et prend des cours d'harmonie et de composition auprès du compositeur contemporain Olivier Messaien et se perfectionne avec le multi-instrumentiste, compositeur et professeur Jean-Louis Chautemps. À la recherche d'un nouvel horizon, il collabore à l'opus Nosferatu de Bruce Foreman et en 1970 enregistre l'album ouvertement free jazz Espace avec le saxophoniste et vibraphoniste allemand Gunter Hampel. Quatre ans plus tard, c'est avec le pianiste japonais Takashi Kako qu'il fonde le Corporation Gypsy Orchestra.

Guitariste sans oeillères et prêt à toutes les expériences, Boulou Ferré n'en oublie pas pour autant ses origines dans le jazz manouche. Très proche de son frère cadet Élios, il forme avec lui un duo connu des amateurs qui enregistre plusieurs disques dans un style traditionnel, dont Pour Django (1979) et Gypsy Dreams (1980). En 1986, tous deux s'associent au contrebassiste danois Jesper Lundgaard pour l'album Nuages, mêlant swing, jazz manouche et improvisations. L'année suivante, le trio se transforme en Boulou Ferré Quartet avec l'arrivée du batteur Ed Thigpen sur l'album Relax and Enjoy.

Quelque peu en retrait du métier, le guitariste ralentit ses activités et se fait plus rare tant sur disque que sur scène. Il reste néanmoins une grande figure de la guitare jazz dont l'influence s'étend sur la nouvelle génération. Féru de musique classique et en particulier des oeuvres de Jean-Sébastien Bach dont il collectionne les partitions, Boulou Ferré ne se fait pas prier pour participer aux trente ans de carrière de Pierre Bachelet en 2004, ce qui lui offre l'occasion d'interpréter à sa façon quelques-uns des tubes du créateur des « Corons ». Durant cette décennie, les enregistrements originaux ont cédé la place aux compilations. En 2012, la double anthologie Complete Barclay Recordings reprend tous ses enregistrements réalisés pour le compte du label entre 1964 à 1974, offrant un joli panorama du savoir-faire de ce soliste d'exception.