Fernandel

Nom de naissance

Fernand Joseph Désiré Contandin

Naissance

8 Mai 1903, France

Biographie

Fernandel fait partie des artistes français les plus populaires de sa génération, autant pour son œuvre musicale que cinématographique. Il naît Fernand Joseph Désiré Contandin le 8 mai 1903 à Marseille, au sein d’une famille originaire du Piémont, en Italie. Il monte sur les planches tout jeune, accompagnant son père, comédien et chanteur amateur. Suivant la voie de son père, il remporte le premier prix des enfants prodiges au théâtre du Châtelet de Marseille. Il devient comique troupier, se produisant dans des cafés-concerts et des mariages. Il se marie à l’âge de 22 ans et hérite de sa belle-mère son nom de scène, qui, le voyant arriver pour voir sa fille un jour, cria : « Tiens, voilà le Fernand d’elle ». Après son service militaire, Fernandel se produit sur la scène de l’Odéon de Marseille et est repéré par le directeur de la Paramount, qui le signe pour une tournée nationale. Grâce au réalisateur Marc Allégret, il fait des débuts discrets au cinéma dans Le Blanc et le Noir en 1930. L’année suivante, il apparaît aux côtés de Michel Simon dans On Purge Bébé et de Jean Gabin dans Cœur de Lilas. Il apparaît en tête d’affiche en 1932 dans Le Rosier de Madame Husson. Sa carrière décolle et il enchaîne les succès : Josette (1937), Angèle (1934), Regain (1937), Le Schpountz (1938), La Fille du Puisatier (1940) et Topaze (1951). Il mène de front également sa carrière de chanteur, le plus souvent en intégrant des morceaux dans ses films, à l’instar d’« Ignace » (1937) ou « On m’appelle Simplet », tiré du film Simplet en 1942. Mais son plus grand succès survient en 1939 avec un titre humoristique écrit par Albert Willemetz et Charles-Louis Pothier, sur une musique de Casimir Oberfeld, « Félicie aussi ». Après la guerre, le succès lui sourit à nouveau avec des films comme L’Auberge Rouge (1951), Ali Baba. et les Quarante Voleurs (1954) et surtout La Vache et le Prisonnier (1959). Sa carrière musicale connaît également son apogée avec le 78-tours La Caissière du Grand Café en 1947, les histoires racontées des Lettres de Mon Moulin en 1955, « Les Trois messes basses » en 1956, la série des Fables de La Fontaine en 1958 ou encore « L’Arlésienne » en 1960. Sa popularité atteint des sommets au cinéma avec la série des Don Camillo, qui s’étale de 1951 à 1970, dans laquelle il incarne un curé. Ce rôle lui vaut d’être reçu par le Pape Pie XII en 1953. Le dernier volet, Don Camillo et les Contestataires ne peut être mené à son terme en raison du cancer dont souffre l’acteur. Il s’éteint d’un cancer généralisé le 26 février 1971 à Paris.

Avé l’assent

Fernand Joseph Désiré Contandin, né le 8 mai 1903 à Marseille, se frotte très tôt au monde du spectacle : son père, comptable de profession, se produit régulièrement comme chanteur dans les cafés-concerts de la cité phocéenne, sous le pseudonyme de Sined. Accompagnant régulièrement son père, le petit Fernand devient vite un habitué des salles et arrière-salles marseillaises. Enfant, il monte déjà sur scène avec son frère aîné Marcel, pour interpréter des titres humoristiques, avec une préférence pour le comique troupier. Les deux frères reprenant le pseudonyme de leur père, l’aîné se fait appeler Marcel Sined et le cadet, Fernand Sined (Francis, le troisième frère, né en 1914, connaîtra plus tard une carrière de comédien sous le nom de Fransined). À sept ans, Fernand apprend à surmonter définitivement le trac en faisant involontairement rire le public, alors qu’il s’étale sur la scène. Il interprète « Le Petit objet (Ah ! Mademoiselle Rose ») de Polin à la Scala de Marseille. On remarque déjà son profil légèrement chevalin, qui s’accentuera avec l’âge.

En 1914, le jeune chanteur est second du Concours Comœdia de la Chanson organisé au théâtre du Châtelet de Marseille. Mais peu après, alors que la Première guerre mondiale éclate, le père de Fernand est mobilisé : le jeune adolescent doit mettre un temps ses ambitions artistiques au rencart et multiplie les petits boulots pour vivre. Il finit par reprendre le chemin de la scène, pour se produire en tant que chanteur en parallèle à ses emplois alimentaires. C’est au début des années 1920 qu’il adopte le pseudonyme de Fernandel, inventé par hasard par la mère de sa fiancée qui, voyant arriver le soupirant de sa fille, s’écriait « Tiens, voilà le Fernand d’elle ! ». Fin 1922, encouragé par son premier gros contrat à l’Eldorado de Nice, le jeune fantaisiste décide de se consacrer à temps plein à sa carrière artistique, adoptant définitivement son nouveau nom de scène dans le même moment. Marié en 1925, Fernandel doit partir sous les drapeaux peu après. L’année suivante, alors qu’il est depuis peu démobilisé et papa d’une petite fille, sa carrière artistique prend son envol : le directeur de l’Odéon de Paris, ayant besoin de remplacer un artiste parisien que le public local avait hué, engage Fernandel.

Chauffeur de salles

Toujours attaché à son répertoire de comique troupier traditionnel comprenant les classiques de Polin (« La caissière du Grand Café ») et ses nouvelles créations (« Ignace » et « Barnabé ») le jeune chanteur-humoriste triomphe et se voit engagé par le directeur de la Paramount française pour animer dans ses salles les entractes entre les films. Durant l’année 1927, Fernandel arpente les salles Paramount de ville en ville, remportant à chaque fois le succès avec ses chansons comiques et assurant sa notoriété dans plusieurs grandes agglomérations françaises. En fin d’année, il participe à Paris à la revue donnée à Bobino. Il sort en 1929 un premier disque, composé de monologues comiques, le suivant l’annonçant comme « Fernandel, le comique troupier des salles Paramount ». Passé ensuite chez Pathé pour un engagement similaire, Fernandel ne compte cependant pas s’arrêter au rôle d’amuseur de salles de cinéma : installé à Paris pour mieux gérer sa carrière, il voit sa notoriété faire un bond grâce à sa participation au spectacle Nu Sonore.

Idole des foules

En 1930, il tourne son premier long-métrage au cinéma, Le Blanc et le noir, et doit désormais gérer un emploi du temps massacrant, tournant la journée et chantant sur scène le soir. L’effet sur la qualité de ses engagements comme comédien est mitigé, Fernandel ayant une certaine tendance à privilégier la quantité (ce qui ne l’empêche pas d’attirer les foules). Grâce à Marcel Pagnol, qui l’engage en 1934 pour son film Angèle, le marseillais chevalin prouve néanmoins ses qualités d’acteur « sérieux ». En tant que chanteur aussi, tout va bien pour Fernandel, qui collabore avec des paroliers de talent comme Jean Manse (son beau-frère) et Albert Willemetz, et multiplie tant qu’il peut les récitals à travers la France, en se produisant également à l’étranger. Ses disques, qu’il s’agisse de sketches comiques (parfois avec d’autres humoristes comme son vieil ami Andrex) ou de chansons (issues ou non de ses films), se vendent très bien, avec des titres comme « Le Père Lapuce », « Tapez dans l’tas », « Ne te plains pas que la mariée soit trop belle », « Moi je n’aime que la Polka », « Faut pas bouder Bouddha » ou « C’est au rythme d’un tango ». Fernandel participe à des revues, comme celles de Folies-Bergères, ce qui lui donne encore l’occasion de sortir des disques, et d’enrichir un catalogue de chansons destiné à compter jusqu’à 300 titres – des reprises d’autres artistes comme Georgius, mais surtout des originaux, dont le plus connu est sans doute l’illustrissime « Félicie aussi ».

Sous contrat avec de gros labels comme les disques Columbia, l’ancien comique troupier est un artiste complet, avec de nombreuses cordes bien tendues à son arc. C’est sur les planches que Fernandel, très forte présence scénique, donne le meilleur de lui-même, mêlant chansons et monologues et faisant de certains titres de véritables sketches comiques à part entière. Amuseur populaire, le chanteur se risque parfois à des sujets un peu plus risqués, comme avec « Francine », qui se veut, à la veille de la guerre, une charge contre la propagande : « Faut pas, faut pas Francine / Écouter les racontars / Des badauds par trop bavards (...) Faut pas, faut pas Francine /Te laisser dégonfler par les âneries des canards ».

Pétanque et pastis

Protégé par son statut de vedette populaire, Fernandel traverse la Seconde guerre mondiale, l’Occupation et la Libération sans trop d’encombres, continuant sans coup férir sa double carrière d’acteur-chanteur. Donnant l’impression de se répéter un peu, faute de remise en cause, Fernandel doit attendre 1952 pour trouver, avec le film Le Petit Monde de Don Camillo, un énorme succès à la hauteur de sa notoriété : il n’en demeure pas moins l’un des artistes les plus aimés des français. Il multiplie les disques, de chansons (beaucoup de reprises de ses anciens succès, comme « Ignace »), de sketches ou de lectures (on l’entend par exemple lire Les Lettres de mon Moulin, d’Alphonse Daudet, ou bien des contes pour enfants comme Aladin et la lampe merveilleuse).

Chansons pour adultes comme pour enfants, mais aussi pas mal de folklore : dans les années 1960, Fernandel use beaucoup – abuse, diraient certains – du folklore marseillais et provençal, tendance « assent et Canebière », avec des disques et des titres comme Fernandel chante la Provence, « L’Âne qui avait l’accent » ou « La Bouillabaisse ». Sans perdre l’affection du public, Fernandel voit sa carrière marquer un peu le pas, multipliant notamment les films de qualité très moyenne et apparaissant un peu comme un sympathique has-been. Il demeure néanmoins une vraie bête de scène et le prouve en se produisant en 1968 au Carnegie Hall de New York, devant un public américain ravi de découvrir ce vétéran français. Malgré un beau dernier rôle dans le film Heureux qui comme Ulysse, il n’aura pas le temps de redresser tout à fait la barre : malade, il doit interrompre le tournage d’un sixième Don Camillo.

Le cancer du poumon l’emporte le 26 février 1971 . Si ses films et ses chansons ne sont pas tous demeurés dans la mémoire collective, Fernandel demeure l’une des plus fortes personnalités de la culture populaire française et un exemple parfait de grande vedette du Music-Hall, ayant su faire le grand écart entre chanson et comédie, pour atteindre dans les deux cas les sommets de la notoriété.