Saul Williams

Nom de naissance

Saul Stacey Williams

Naissance

29 Février 1972, Newburgh, New York, United States

Biographie

Révélé par le film Slam en 1998, Saul Williams (né en 1972) s'est retrouvé à l'origine d'un mouvement dont il a dès le départ dépassé les limites pour sans cesse construire des textes denses et revendicatifs accompagnés d'une musique hors format. Sa poésie imaginaire se croise à des brûlots sur la société actuelle. Ses albums comme ses concerts sont des portes d'entrées vers un univers futuriste et unique, comme en témoigne Saul Williams, paru en 2004. Le suivant, The Inevitable Rise and Liberation of Niggy Tardust (2007), bien que produit par Trent Reznor (Nine Inch Nails), ne rencontre pas son public. Après un opus de spoken word sort Volcanic Sunlight, album chanté sur des rythmes rock et afrobeat en 2011. Le rappeur alternatif part ensuite dans un long périple autour du monde dont il ramène des sons de rue pour l'album MartyrLoserKing (2016).

Un artiste aussi originale ne pouvait naître qu'un jour bien particulier : le 29 février 1972. Il voit le jour à Newburgh, une petite ville de l'Etat de New York. Après avoir obtenu un diplôme de philosophie, il rejoint la Big Apple aspirant à devenir comédien à la New York University. Il découvre le slam et devient à partir de 1995 un des talents reconnus de ce mouvement. L'année suivante, il est sacré champion du Nuyorican Poets Cafe. Cette reconnaissance nationale va devenir internationale avec sa participation comme scénariste et acteur principal du film Slam réalisé par Marc Levin. Il joue un homme qui trouve un sens à sa vie en prison grâce aux mots qu'il articule lors d'impressionnants monologues.

Saul Wiliams commence alors à enregistrer quelques titres, d'abord sur maxi et compilations. Il est appelé à poser sa voix avec plusieurs grands rappeurs, dont KRS-One, De La Soul ou Blackalicious. En 2001, son premier album (Amethyst Rock Star) sort sur une major, le symbole qu'il est vu comme une étoile montante. Amethyst Rock Star est un ovni musical tant les influences qui s'y croisent sont multiples et son résultat unique. Rock, rap avec parfois une couche électronique se mélangent pour former un ensemble qui remue et marque les esprits. L'artiste y promène sa voix avec autant de facilité quel que soit le tempo et le bruit ou le silence qui l'entoure.

Saul Williams publie en 2004 un deuxième album (Saul Williams) plus confidentiel malgré quelques titres forts. Ce disque sorti sur un petit label contient l'étonnant « Telegram » dans lequel le chanteur écrit au hip-hop pour lui expliquer comment son esprit originel a été dévoyé. Il confirme une orientation rock avec la participation de Serj Tankian de System Of A Down et de Zack de la Rocha de Rage Against The Machine pour un morceau chacun. Il affirme alors faire de l'« afro-punk ». L'artiste prend ensuite position contre la guerre en Irak notamment en signant l'hymne anti-guerre « Not In My Name ». Puis il se multiplie : il est publié dans le New York Times et Esquire, participe aux albums de Coldcut et de Sage Francis, publie des recueils de poésie, joue dans le film K-Pax de Iain Softley, etc.

Après avoir participé en 2005 et 2006 aux tournées de Nine Inch Nails et posé sa voix sur un de leurs albums, Saul Williams décide que son troisième album sera produit par un membre de ce groupe. Trent Reznor donne une direction très rock au disque, intitulé The Inevitable Rise and Liberation of Niggy Tardust (en référence à l'oeuvre de David Bowie). Quelques mois après l'essai tenté par Radiohead, les deux hommes décident de commercialiser le disque uniquement par Internet pour s'affranchir des réseaux classiques. L'internaute peut l'acquérir gratuitement ou payer cinq dollars et disposer de fichiers de meilleure qualité. En janvier 2008, deux mois après la sortie, près de 30 000 personnes payent et 150 000 se le procurent sans payer.

En juillet 2008, l'album est distribué en magasin. Après cet album, il fait notamment la première partie de Rage Against The Machine et entame une tournée dans le monde dans un costume punk futuriste accompagné notamment de son DJ CX Kidtronic.

La richesse et la créativité de Saul Williams ne semblent avoir de limite que l'intensité de son univers qui le rend difficile d'accès pour le grand public. Mais c'est dans cette certaine démesure, dans ces morceaux qui débordent du cadre que l'artiste s'exprime pleinement. Sa plume ou sa carcasse dégingandée trouveront de toute façon toujours des espaces d'expression plus ou moins confidentiels.

Poursuivant son oeuvre parfois ardue, Saul Williams enregistre en 2009 un album de spoken word qui passe complètement inaperçu. L'artiste désormais installé en France délaisse le slam pour une approche de chanteur rock sur le disque suivant Volcanic Sunlight. Ce cinquième album produit par Renaud Letang le voit emprunter tour à tour les registres rock, afrobeat et electro pour un résultat convaincant. Il fait ensuite un grand périple qui le mène au Sénégal, à l'île de la Réunion, à Paris, Haïti et La Nouvelle-Orléans, d'où il rapporte des sons pris dans la rue pour l'enregistrement d'un album entre rap et rock, MartyrLoserKing, paru en 2016.