Oasis

Naissance

England

Biographie

Au milieu des années 90, l'Angleterre est à la recherche d'un nouvel élan musical, la new wave n'est plus, le phénomène house music est en perte de vitesse et la patrie des Beatles et des Stones est en manque de héros. La perfide Albion trouve sa réponse au grunge américain avec une pop énergique et hymnique s'inspirant largement de la pop des années 1960. Deux champions se dégagent rapidement du mouvement britpop : Oasis et Blur, qui alimentent la passion auteur d'eux à grands coups de phrases assassines. Le groupe des frères Gallagher, formé en 1991, représentant du Nord de l'Angleterre, marque les premiers points avec Definitely Maybe en 1994, un premier album frondeur qui peut compter sur l'immédiateté de ses singles « Supersonic » et « Live Forever ». Un an plus tard, le match semble plié avec la suprématie de (What's The Story) Morning Glory ? et ses deux immenses tubes, « Wonderwall » et « Don't Look Back in Anger ». Be Here Now, en 1997, malgré quelques hits évidents, peine à renouveler la formule et livre un premier signe de l'essoufflement de la britpop. Malgré le bon comportement de ses albums suivants dans les charts, le groupe ne retrouvera pas sa splendeur d'antan sur Standing on the Shoulder of Giants (2000), Heathen Chemistry (2002), Don't Believe the Truth (2005) et Dig Out Your Soul (2008). Le groupe sort par la petite porte en 2009 : alors qu'on le croyait hermétique aux disputes incessantes des frères Gallagher, le groupe se fissure dans les coulisses du festival Rock en Seine à Paris et met fin à une aventure longue de 18 ans. Liam Gallagher forme dans la foulée Beady Eye, tandis que son frère aîné, Noel, assume ses compositions sous son propre nom. En 2010, Time Flies 1994 - 2009 fait revivre le parcours de ce groupe-phare du rock des années 1990 lors de sa sortie en juin 2010. Puis entre 2014 et 2016, s'enclenche une première série de rééditions avec la remasterisation des trois premiers albums.

À l'origine de l'aventure Oasis, il y a Noel Gallagher, jeune Mancunien qui cache sa timidité derrière sa guitare et la porte de sa chambre. Tentant d'échapper à un avenir fait de petits boulots sans intérêt, il attend son heure. Il la croit venue alors qu'un groupe local qui monte, les Inspiral Carpets, fait passer des auditions pour trouver son nouveau chanteur. Fort de quelques compositions qui feront plus tard les beaux jours d'Oasis, il se présente mais n'obtient qu'un poste de roadie. Un rôle qui va lui permettre d'apprendre les ficelles du métier.

En tournée avec les Inspiral Carpets, Noel apprend que Liam, son frère cadet, a eu LA révélation de sa vie après avoir vu jouer les Stones Roses et qu'il a rejoint un petit groupe de rock nommé Rain. La formation se compose alors de Liam Gallagher au chant, Paul « Bonehead » Arthurs à la guitare, Paul « Guigsy » Mac Guigan à la basse et Tony Mac Carroll à la batterie. Le grand frère va les voir sur scène. Impressionné par le charisme de Liam, il est loin de l'être, en revanche, par ce qu'il entend. Mais la médiocrité des compositions de Rain, rapidement rebaptisé Oasis, va être pour lui l'occasion de révéler les siennes au grand jour. Sûr que cette fois-ci, son heure a véritablement sonné, Noel prend les commandes du groupe dont il se proclame guitariste solo et unique auteur-compositeur. Si leurs premiers concerts se déroulent devant des salles presque vides, ils leur permettent de peaufiner leurs morceaux en attendant qu'une maison de disques accepte de les signer. En mai 1993, Oasis a rendez-vous avec son destin. Alan McGee, fondateur du label Creation Records, assiste à l'un de ses concerts. Convaincu que ce qu'il vient de voir mérite d'être enregistré, il lui propose aussitôt un contrat.

Avant même l'arrivée du premier opus dans les bacs, la presse commence à lui consacrer de larges articles dithyrambiques et des interviews dans lesquelles les frères Gallagher affichent une insolence sans limite. Un héritage musical largement inspiré des Beatles, un look de mauvais garçons qui n'est pas sans rappeler celui des Rolling Stones des débuts, le tout mené par deux frères dont les violentes disputes sont dignes de celles des frères Davis, du groupe The Kinks, en leur temps, il n'en fallait pas plus pour que l'Angleterre voit en eux les nouveaux porte-parole de leur génération. Le 11 avril 1994, le public est laissé seul juge : le premier single du groupe est enfin mis en vente et « Supersonic » se hisse à la onzième place des charts anglais. Le 30 août, les fans se pressent devant le Virgin Megastore Londonien de Marble Arch où Oasis se produit en live pour lancer Definitely Maybe dont 150 000 exemplaires sont écoulés en moins d'une semaine, un démarrage sans précédent pour un premier album. Alors que l'année 1994 touche à sa fin, Noel enfonce le clou et puise dans ses dernières compositions pour révéler au grand jour « Whatever », unanimement propulsé meilleur single du groupe par la critique.

En avril 1995, la sortie du sixième single « Some Might Say » donne le ton de ce que sera la suite. Cependant, les tensions entreTony Mac Carroll et le reste du groupe sont devenues invivables et se soldent par le départ du batteur. A quelques jours d'entrer en studio, sa section rythmique est orpheline. Noel prend les choses en main et arrange une rencontre avec Alan White, frère du batteur de Paul Weller. A l'issue de l'entretien, le nouveau venu se voit remettre une copie de « Some Might Say ». Le groupe se produisant au Top of the Pops le lendemain, il doit apprendre ses parties sans tarder. Peu à peu, la presse même la plus sérieuse, comme au bon vieux temps de la bataille Stones contre Beatles, s'empresse de faire écho des tensions grandissantes entre les membres d'Oasis et ceux de Blur. Le conflit monte d'un cran quand la sortie du prochain single d'Oasis « Roll With It » est prévue le même jour que celle du « Country House » de leurs adversaires. Ce n'est que le début d'une véritable guerre par voie de presse, qui culmine lorsque Noel déclare qu'il espère voir le chanteur et le batteur du groupe mourir du SIDA. Conscient d'avoir poussé le bouchon beaucoup trop loin, le leader d'Oasis s'empresse de présenter des excuses publiques.

Très attendu, (What's the Story ?) Morning Glory sort le 2 octobre 1995 et se montre largement à la hauteur des attentes du public. Alors que son prédécesseur est toujours classé, il se hisse numéro 1 en moins d'une semaine. Les 4 et 5 novembre, le groupe se produit devant 20 000 spectateurs au Earl's Court de Londres. Toujours décidés à conquérir l'Amérique, ils jouent outre-Atlantique à guichet fermé au printemps 1996 avant de revenir aux sources pour deux soirs à Main Road, le mythique stade de Manchester City, devant 40 000 fans en délire. Oasis est devenu le présent et le futur du rock anglais et sa supériorité sur Blur semble incontestable.

Peu à peu, le groupe va prendre ses distances avec les médias. Si ce n'est pour montrer un Liam éméché échanger quelques coups avec un photographe ou un ami de débauche, les tabloïds finissent par lâcher prise, laissant les membres d'Oasis retourner à leurs vies privées. Quelques mariages et naissances plus tard, chacun reprend le chemin des studios et les fans doivent attendre le 21 août 1997 pour découvrir le troisième album sobrement baptisé Be Here Now. Fraîchement accueilli par la critique, il est suivi d'une tournée dont on murmure qu'elle pourrait bien être la dernière. La sortie de The Masterplan, recueil des meilleures faces B, le 2 novembre 1998 vient encore ajouter de l'eau au moulin des rumeurs.

Alors qu'il semble au bord de l'explosion, le groupe crée l'évènement en rentrant en studio courant 1999. Tout semble rentré dans l'ordre mais une fois l'album enregistré, Bonehead et Guigsy jettent l'éponge. En décembre 1999, Oasis monte sur scène avec Gem Archer, ex-Heavy Stereo, à la guitare rythmique et Andy Bell à la basse pour préparer la public à recevoir Standing On The Shoulders of Giants prévu le 28 février 2000. A nouveau groupe, nouvelles résolutions et cet album est celui de la transition. Pour la première fois, Noel n'est plus l'unique songwriter et concède un titre à son frère. Enfin, la tournée de promo de ce quatrième LP donne naissance à un album live, Familiar to Millions, qui arrive dans les bacs le 13 novembre 2000. Et la nouvelle formule fonctionne.

Le 1er juillet 2002, Heathen Chemistry vient simplement mais efficacement rappeler au public que le 21ème siècle devra compter avec eux. A un membre près, puisque c'est au tour d'Alan White de tourner le dos à l'aventure pendant la préparation du sixième opus du groupe. Désireux de prendre le temps de choisir son successeur, c'est avec un bonheur non dissimulé qu'Oasis convainc Zak Starkey de se joindre au groupe en renfort. Le fils de Ringo Starr joue sur certaines plages de Don't Believe The Truth qui sort le 30 mai 2005. Il les accompagne également en tournée quand ses obligations au sein des Who « reformés » le lui permettent.

Revenu en forme, Oasis sort en 2008 Dig Out Your Soul et semble reparti comme aux plus belles heures du groupe. Las, lors de la tournée qui suit la sortie de l'album, les deux frères terribles se querellent une fois de plus. Noel claque la porte en août 2009 avant le concert prévu à Rock en Seine à Paris. Cette fois, la fin du groupe est entérinée. Les fans ont l'occasion de se remémorer le parcours génial et chaotique d'Oasis, à travers la compilation Time Flies 1994 - 2009. Ce double album reprend l'intégralité des simples sortis par l'un des plus grands groupes de rock des années 1990. Entre 2014 et 2016, le groupe continue d'alimenter sa légende avec la sortie de versions remasterisées et enrichies de ses trois premiers albums.