Stevie Wonder

Nom de naissance

Stevland Judkins

Naissance

13 Mai 1950, Saginaw Michigan, , United States

Biographie

Multi-instrumentiste aveugle et surdoué, Stevie Wonder est le musicien le plus récompensé, cumulant Grammy Awards et une trentaine de hits classés en cinq décennies. Le prodige des années 1960 a connu son âge d'or avec les albums Innervisions (1973), Songs in the Key of Life (1976) et Hotter Than July (1980), mais a depuis ralenti la cadence.

Stevland Hardaway Judkins naît le 13 mai 1950 à Saginaw (Michigan). Atteint d'une rétinopathie à la naissance, le jeune Stevie compense ce handicap par des activités sportives et l'écoute intensive de la radio où il apprend par coeur les classiques du rhythm'n'blues. Avec l'aide de sa famille, l'enfant aveugle s'initie à la pratique de l'harmonica, du tambour et du piano, et n'hésite pas à démontrer ses talents lors des offices religieux.

Noir, aveugle et pauvre

En 1960, il forme un duo avec son ami John Glover, qui le présente à son cousin. Ce dernier n'est autre que Ronnie White, chanteur du groupe The Miracles de Smokey Robinson, qui fournit en hits le jeune label Tamla. Un rendez-vous avec le patron du label Berry Gordy confirme les talents et le potentiel du jeune musicien autodidacte vite rebaptisé « Little » Stevie Wonder, engagé par un contrat.

Si les premiers titres du prodige, « Mother Thank You » et « I Call it Pretty Music », en 1962, ne parviennent pas à s'imposer, l'album consacré au répertoire de son idole (Tribute to Uncle Ray) le fait connaître, ainsi que The Jazz Soul of Stevie Wonder l'année suivante. C'est sur scène que ses dons éclatent au grand jour. En témoigne l'album Recorded Live - The 12 Year Old Genius, dont est extrait « Fingertips (Pt. 2) », n°1 des classements pop à l'été 1963.

En 1964 sort l'album With A Song In My Heart (1964) et quelques chansons sans conséquence. Une tournée en première partie de The Rolling Stones peine à convaincre Berry Gordy de garder le poulain qui ne réédite guère son exploit, et auquel on a retiré le surnom de « Little ». Seulement, début 1966 arrive le hit « Up-Tight (Everything's Alright) » (n°3), puis « Nothing's Too Good for My Baby » et « A Place in the Sun ». « I Was Made to Love Her », n°2 à l'été 1967, établit sa notoriété en Europe après une tournée.

Suivent « I'm Wondering » et « Shoo-Be-Doo-Be-Doo-Da-Day » en 1968, et le curieux album Eivets Rednow  (anagramme de Stevie Wonder) dont les compositions étaient destinées à être jouées par le guitariste Wes Montgomery disparu prématurément. La compilation Stevie Wonder's Greatest Hits, est suivie d'une nouvelle salve de hits : « For Once in My Life » (n°2), « Yester-Me, Yester-You, Yesterday » et « My Cherie Amour ».

Multi-instrumentiste et producteur

1970 est l'année de la majorité pour Stevie Wonder qui bataille pour obtenir son indépendance artistique. Il s'aperçoit aussi que les sommes versées sur son compte ne sont pas à la hauteur de ses espérances : il a fait gagner trente millions de dollars à la firme Motown et n'en récolte qu'un million ! Il compte bien se rattraper avec un disque entièrement financé et réalisé par ses soins.

Avec audace, il intitule son nouvel opus Signed, Sealed and Delivered (1970). L'album suivant, Where I'm Coming From, se veut plus intime. Mais un grand bond en avant est fait avec Music of My Mind (1972), disque fusionnant la soul, le jazz et le rock, et les synthétiseurs à la pointe de la nouveauté.

Avec ses musiciens et choristes de Wonderlove, il part en tournée. Stevie Wonder souhaite toucher le public rock en choisissant de se produire avant The Rolling Stones. A la fin de l'année sort « Superstition » (n°1), qui invite le guitariste Jeff Beck. La ballade « You Are the Sunshine of My Life » se hisse également au sommet.

Entre temps, l'album Talking Book confirme le virage électronique de Wonder (« Blame It On The Sun »). Il inaugure la série de chefs-d'?uvre des années à venir : Innervisions en août 1973, comprend « Higher Ground », « Don't You Worry 'Bout a Thing » et « Living for the City », ouvertement politique. Il lui rapportera six Grammy Awards.

Le 6 août 1973, Stevie Wonder est victime d'un accident de la route. Plongé dans le coma, il met plusieurs semaines à récupérer complètement. Son ami Elton John l'invite à le rejoindre sur scène au Midem de Cannes, où Wonder présente le titre « Contusion ».

Succès planétaire

Revenu en studio, il livre Fullfillingness First Finale (1974), album introspectif et mystique (avec néanmoins deux hits, le n°1 « You Haven't Done Nothing » et « Boogie on Reggae Woman »). Il s'ensuit un long silence d'un an et demi pendant lequel il compose et peaufine les détails d'un album très attendu. Wonder en profite pour renégocier son contrat avec Tamla Motown, obtenant 13 millions de dollars qu'il réinvestit en studio, station de radio et dons aux oeuvres caritatives.

En septembre 1976 paraît enfin Songs in the Key of Life, un plantureux double album d'une diversité étonnante et d'un potentiel de hits qui en font l'un des disques majeurs de la décennie : « I Wish » et « Sir Duke » et « Isn't She Lovely » montent au sommet des classements. Il est couronné par quatre Grammy Awards.

Après cette oeuvre-maîtresse, Stevie Wonder travaille désormais sans pression, à un rythme toujours plus lent. C'est dans la plus grande discrétion qu'il effectue son retour avec le double et expérimental Journey Through the Secret Life of Plants (1979). Il réapparaît à l'automne 1980 avec le plus conventionnel, quoique très réussi Hotter Than July, aux mélodies enivrantes : « Masterblaster » et l'inusable « Happy Birthday ».

En mars 1982, le chanteur dodelinant fait un duo avec Paul McCartney sur « Ebony and Ivory » (n°1). Cette même année, la compilation Original Musicquarium I offre quatre titres inédits. Parallèlement, Wonder produit d'autres artistes et collabore avec Elton John pour le tube « I Guess That's Why They Call it the Blues » en 1984 (n°1 et un Oscar), extrait de la bande originale du film The Woman in Red, partagée avec Dionne Warwick. Ils se retrouvent pour « That's What Friend Are for » (n°1).

L'année 1985 est marquée par sa participation au projet USA for Africa et le concert du Band Aid à Philadelphie. Un nouvel album, In Square Circle offre le n°1 « Part-Time Lover ». Cependant, il semble mettre de côté les expérimentations passées au profit d'un style immédiatement reconnaissable. Il en va ainsi de l'album Characters (1987, avec « Skeletons »), de ses collaborations avec Julio Iglesias (« My Love » ) ou Michael Jackson (« Get it ») en 1988.

L'année suivante, il célèbre la libération de Nelson Mandela dans le symbolique « Free », et effectue son entrée au Rock and Roll Hall of Fame. La bande originale du film Jungle Fever (1991) est l'occasion d'un regain de créativité.

Indémodable

En 1995 sort le plus commun Conversation Peace, porté par le hit « For Your Love », suivi d'une tournée qui débouche sur le live Natural Wonder. S'il demeure une personnalité médiatisée, Stevie Wonder se fait rare musicalement. Il faut attendre 2005 pour écouter A Time 2 Love et sa collaboration avec Prince (« So What the Fuss »), Carlos Santana et Paul McCartney. Combien faudra-t-il de temps pour l'album suivant ?