Phil Ochs

Naissance

19 Décembre 1940, El Paso, Texas, United States

Biographie

Tout d’abord attiré par le journalisme, Phil Ochs s’est servi de la chanson à la manière de son idole Woody Guthrie, pour dénoncer avec ferveur et passion les dérives racistes, guerrières et sociales américaines, des années 50 à la fin des années 70. Mais ce grand protest singer à qui l’on doit des chansons universelles, a été indirectement victime de la carrière pourtant menée à armes égales d’un Bob Dylan surmédiatisé, contre lequel il n’a pas su rivaliser. La vie du porte-parole des classes modestes s’est tragiquement terminée en avril 1976 par un suicide. L'album I Ain't Marching Anymore (1965) demeure un classique du folk protestataire.

Phil Ochs est né à El Paso, au Texas, le 19 décembre 1940. Il étudie le journalisme à l’Université de l’Etat de l’Ohio, et rencontre, à l’automne 1959, Jim Glover, chanteur folk et éminent activiste de gauche avec qui il apprend à jouer de la guitare. Tous deux décident en 1961 de mettre le cap vers la Mecque de la culture alternative et de la chanson folk, bien avant San francisco, le Greenwich Village à New York.

Chanteurs socialistes

Le début des deux compères de l’Ohio dans le Village est conforme à l’image bohème à laquelle il est associé : ils font la manche pour gagner leur vie. Leur répertoire est directement inspiré par l’actualité politique et les modèles que représentent Woody Guthrie, Pete Seeger et The Weavers (véritable pionniers de ce phénomène des années 1960). Le duo se nomme un temps The Singing Socialists, avant d’opter pour le plus subtil The Surdowners. Puis, Jim Glover forme le duo folk Jim and Jean, avec sa compagne, alors que Phil se sent mieux armé pour poursuivre en solo.

Son premier album, All the News That's Fit To Sing (explicite aveu qu’il a simplement sélectionné les faits marquants de l’actualité pour en faire des chansons) sort en 1964 et contient la chanson dédiée à Woody Guthrie « Bound for Glory ». Le Texan laisse entrevoir sa forte personnalité, ses convictions et demande expressément au public de suivre l’exemple de son maître, qui dénonçait déjà avec intransigeance, dans les années 1940, les dérives politico-sociales du pays.

Brûlots politiques

Son second album I Ain't Marching Anymore, porté par la chanson éponyme, sort en 1965. Ses textes poignants sont d'un cynisme ravageur, ce qui n'en fait pas le bienvenu à la radio et la télévision. Mais le bouche à oreille fonctionne bien à New York. Opposé à la guerre (« Talking Vietnam ») et à la ségrégation raciale (« Here's to the State of Mississippi »), le rebelle de la protest song, qui possède un don certain pour mettre en exergue des faits historiques (don qu’il a déjà travaillé à l’université), évoque aussi plus généralement le quotidien américain. Ses chansons ultra-réalistes lui valent une haute estime de ses concitoyens et l’année suivante il peut fièrement remplir le Carnegie Hall.

A cette époque, il fait partie des grands noms de la scène folk, que l’on peut voir au rendez-vous incontournable du festival de Newport : Peter Seeger, Bob Dylan, Peter Paul & Mary, Joan Baez, mais aussi des artistes de blues ou de country comme Johnny Cash. Pourtant, évoluant dans le même registre, les ventes de Ochs n’atteignent pas celles d’un Dylan. Son public va même décroître, après 1967, date de sa signature avec le label A&M et la sortie de Pleasures of the Harbor, album plus orchestré et peut être moins percutant.

Garder un œil sur l’Amérique

À la fin des années 60, après d’autres albums et même un désabusé Phil Ochs Greatest Hits (fausse compilation où l'on peut redécouvrir ses titres dans un registre rock et pop), Phil Ochs reste dans l’ombre. En 1970, alors qu’il vit à Londres, il montre pourtant que la flamme patriotique l’anime toujours et enregistre un single dénonçant la politique de Nixon : « Here's To The State Of Richard Nixon ».

Au cours d’une tournée en Afrique en 1973, il subit une agression lors de laquelle il se fait pratiquement étrangler. Ses cordes vocales sont irrémédiablement touchées. Il sombre dans l’alcoolisme et devient maniaco-dépressif. Celui qui s’est fait connaitre grâce à sa plume acérée, est même touché par le syndrome de la page blanche. Cette dépression le conduit, trois ans plus tard, au suicide par pendaison, à New York, 8 avril 1976.

Hommages posthumes

Après une relative atonie de presque dix ans, les maisons de disques et sa famille (soutenue par les fans de la première heure) ont su faire revivre et fructifier l’œuvre du troubadour américain. Les premières en publiant régulièrement des enregistrements de ses concerts ou des titres inédits, la seconde en organisant avec succès depuis le milieu des années 1980, des Nuits Phil Ochs (Phil Ochs Song Night) au cours desquelles de nombreux musiciens et chanteurs réinterprètent les classiques du grand songwriter.