Yehudi Menuhin

Naissance

22 Avril 1916, United States

Biographie

Qualifié de plus grand violoniste du XXème siècle,Yehudi Menuhin (1916-1999) a mis sa vie au service de la musique. Pour le plus grand bonheur des mélomanes, il lègue une oeuvre de plus de trois cents enregistrements répartis sur soixante-dix ans d'activité depuis sa première séance en 1929 à l'âge de treize ans. Elève de Louis Persinger, Georges Enesco et Adolf Busch, le virtuose établit rapidement une renommée internationale entravée par la Seconde Guerre mondiale. Partenaire de chefs légendaires (de Bruno Walter à Wilhelm Furtwängler), il construit sa propre légende sur des pièces de J.S. Bach et les grands concertos du répertoire. Installé au Royaume-Uni en 1959, il devient Chevalier de l'Empire en 1965, citoyen britannique en 1985 et pair du Royaume (baron) en 1993. Musicien humaniste et engagé, il crée le festival de Gstaad, une Ecole de musique, une Fondation pour les jeunes musiciens tout en cotoyant les grands de ce monde. Ses collaborations avec Ravi Shankar (West Meets East, 1966) ou Stéphane Grappelli témoignent de son ouverture d'esprit exceptionnelle et visionnaire. Disparu à l'âge de 82 ans, il a ressenti la musique et joué jusqu'à son dernier souffle, et laisse une oeuvre incomparable.

Yehudi Menuhin naît le 22 avril 1916 à New York au sein d'une famille juive originaire de Biélorussie, installée aux Etats-Unis depuis trois ans. Son père Moshe est un ancien rabbin devenu professeur d'hébreu. Ses soeurs Hephzibah et Yaltah sont devenues des musiciennes.

Dès l'âge de quatre ans, l'enfant montre des prédispositions au violon. En 1923, seulement âgé de sept ans, il se produit avec le San Francisco Symphony Orchestra et suit l'enseignement de Louis Persinger. Lorsque sa famille déménage à Paris, il impressionne successivement Eugène Ysaÿe, Georges Enesco et Adolf Busch. A l'âge de treize ans, il joue sous la baguette du chef d'orchestre Bruno Walter à Berlin et trois ans plus tard, enregistre le Concerto pour violon d'Edward Elgar, dirigé par le compositeur en personne.

A partir de 1934, le jeune Menuhin poursuit son ascension. Il est le premier à graver l'intégrale des Sonates et Partitas pour violon seul de J. S. Bach. Durant la Seconde Guerre mondiale, il joue pour les soldats alliés, puis pour les rescapés des camps de concentration de Bergen-Belsen avec Benjamin Britten. En guise de réconciliation, il accepte un poste dans l'Orchestre Philarmonique de Berlin sous la direction de Wilhelm Furtwängler. Son cas ne manque pas de faire débat quand il réhabilite le répertoire allemand ; éprouvé jusque physiquement par la guerre, il trouve de nouvelles ressources dans la pratique du yoga et de la méditation auprès du maître B.K.S. Iyengar.

Après avoir triomphé dans la Première Sonate pour violon de William Walton à Zürich en 1949, Yehudi Menuhin élargit sa réputation de violoniste virtuose dans les plus grands auditoriums de Paris, Genève et Londres, et commence à engranger de multiples récompenses et honneurs. Il développe le Prix de la Fondation Rockfeller (remporté par son élève Alberto Lysy) et crée son Ecole de musique à Stoke d'Abernon (Surrey) après son installation au Royaume-Uni en 1959. En 1965, il est nommé Chevalier de l'Empire Britannique (il deviendra Sir lors de sa nationalité britannique en 1985, puis Baron pair du Royaume en 1993).

Parallèlement aux multiples hommages dont il est le sujet (le compositeur australien Malcolm Williamson donne son nom à un Concerto), Menuhin ne cesse de développer et enrichir son art auprès de musiciens aussi différents que Ravi Shankar (l'album West Meets East en 1966 débouche sur d'autres collaborations et le concerto pour sitar Shambala en 1970), Stéphane Grapelli (l'album Jalousie) ou Priaulx Rainier, dont il crée le concerto Due Canti e Finale au festival d'Edimbourg en 1977.

En 1983, le violoniste de renommée internationale lance son propre Concours International pour les jeunes violonistes, qui récompensera des solistes comme Tasmin Little, Nikolaj Znaider, Julia Fischer et Lara St. John. Citoyen engagé et libre de ton, Menuhin n'hésite pas à fustiger certaines actions politiques comme bon lui semble, ainsi lorsqu'il reçoit le Wolf Prize du gouvernement israélien en 1991. En 1997, il crée l'organisation Live Music Now. L'école Menuhin fait recette : on lui doit les révélations de Nigel Kennedy, Nicola Benedetti et Paul Coletti.

Toujours vivace, le septuagénaire Yehudi Menuhin est devenu un grand de ce monde qui se produit avec le San Francisco Symphony Orchestra sur des instruments précieux (un Stradivarius Soil de 1714, le Guarneri Lord Wilton de 1742) et enregistre pour EMI depuis soixante-dix ans (record à battre). Son répertoire compte plus de trois cents oeuvres en tant que violoniste ou chef d'orchestre. En 1999, il est invité au sommet économique de Davos (Suisse). Atteint d'une bronchite aiguë, le plus grand violoniste de son temps s'éteint au crépuscule du XXème siècle, le 12 mars 1999 à Berlin. En 2009, une rétrospective de 51 CD lui est consacrée.