Liza Minnelli

Nom de naissance

Liza May Minnelli

Naissance

12 Mars 1946, Los Angeles, Californie, United States

Biographie

Incarnation de la « performeuse » à l’américaine, Liza Minnelli réunit en elle une image de glamour et de décadence « destroy » appréciée des amateurs de « people ». Mais c’est oublier un peu vite la richesse d’une carrière ayant su s’affranchir d’une ombre maternelle potentiellement encombrante. Artiste ayant construit sa renommée sur scène plus qu’en studio, Liza Minnelli est un bel exemple de star de music-hall « à l’ancienne », au talent supérieur à sa réputation d’excentricité.

Liza la chance

Liza May Minnelli naît le 12 mars 1946, à Los Angeles, au sein de l’aristocratie du show-business américain. D’un côté, son père, Vincente Minnelli, est un réalisateur en vue, issu du théâtre, et en passe de devenir le maître incontesté des comédies musicales à l’esthétique raffinée. De l’autre, sa mère, Judy Garland, est déjà une grande vedette de la chanson et du grand écran, intronisée super-star par le rôle principal du Magicien d’Oz. C’est donc presque naturellement que Liza fait ses débuts devant la caméra, à l’âge de trois ans, dans le film Amour poste restante  (In the Good Old Summertime), dont sa mère tient la vedette. Très tôt, la fillette est confrontée au divorce de ses parents, se trouvant vite prise entre deux familles recomposées, son père comme sa mère s’étant remariés et ayant, chacun de leur côté, eu d’autres enfants. La carrière de Judy Garland et sa santé connaissent également des (très) hauts et des (très) bas, l’abus de substances diverses et variées n’aidant pas la star à trouver la stabilité, malgré son spectaculaire retour en grâce avec le film Une étoile est née (1948).

Liza la débutante

Liza Minnelli doit donc très jeune s’assumer seule et tenir le rôle de tête pensante de la famille, gérant les factures et les employés de maison, tout en épaulant sa mère dans les moments difficiles. Ayant hérité des cordes vocales de sa mère, et nullement découragée d’affronter le monde du spectacle, Liza Minnelli développe dans son adolescence une vocation musicale, influencée par les goûts de ses parents et motivée par sa découverte des comédies musicales de Broadway. Dès l’âge de treize ans, elle interprète un duo chanté et dansé avec Gene Kelly dans une émission de télévision. Vincente Minnelli et Judy Garland ne font pas grand-chose pour pistonner leur fille, qui décide pourtant de prendre le taureau par les cornes et arrête sa scolarité à seize ans, pour tenter une carrière de comédienne et de chanteuse. S’installant seule à New York, la jeune fille décroche des auditions grâce à son illustre ascendance et convainc grâce à son talent et sa voix de chanteuse, à la fois profonde et vibrante : elle se retrouve rapidement à l’affiche de diverses comédies musicales, s’affirmant comme une étoile montante de la scène américaine.

Le succès du show Best Foot Forward lui vaut un contrat pour un premier album. En 1965, elle participe à un hommage rendu à sa mère au Palladium de Londres et réussit, malgré son trac, à lui piquer en partie la vedette, maman en arrivant lui faisant d’ailleurs les gros yeux. A l’âge de dix-neuf ans, Liza Minnelli décroche un Tony Award pour son rôle dans la comédie musicale Flora the Red Menace, devenant la plus jeune artiste à décrocher une telle récompense. Ce spectacle lui permet également de rencontrer les compositeurs Fred Ebb et John Kander, qui deviendront ses collaborateurs réguliers dans les années à venir.

Liza et les garçons

À la fin des années 1960, Liza Minnelli surfe sur la vague du succès, multipliant les tournées et les concerts à guichets fermés, imposant auprès du public sa personnalité assez extravagante, sorte de version modernisée et électrique de son illustre maman. C’est par ailleurs par le biais de sa mère qu’elle rencontre son premier époux, le chanteur australien Peter Allen, devenu le protégé de Judy Garland : tous deux se marient en 1967, bien qu’Allen soit homosexuel. Une union qui symbolise les rapports compliqués de Liza Minnelli – et de sa mère – avec la gent masculine, l’une comme l’autre étant entourées d’homosexuels et les épousant à l’occasion (les mœurs de Vincente Minnelli lui-même étant fortement mises en doute par certains échotiers et Peter Allen était un ancien amant de Mark Herron, l’époux de Judy Garland à l’époque ; le père de Judy Garland était également homosexuel, mais nous laisserons aux psychanalystes amateurs le soin de démêler tout cela), ce qui n’aide pas à leur stabilité personnelle.

Zum Kabarett

Parallèlement à ses succès musicaux à la scène, Liza Minnelli débute une carrière au cinéma, tenant son premier vrai rôle dans le film Charlie Bubbles (1967). Convaincant critique et public, Liza s’affirme comme une artiste aux talents multiples ; sa route vers les cimes du succès est cependant endeuillée par le décès prématuré de sa mère, le 22 juin 1969, d’une overdose de barbituriques. Se réfugiant dans le travail, Liza Minnelli tourne un show spécial pour la télévision, avant de repartir en tournée. Elle décroche ensuite le rôle principal du film Cabaret, adapté de la comédie musicale du même nom et réalisé par Bob Fosse – les complices habituels de Liza, John Kander et Fred Ebb, se chargeant des chansons. Dans ce mélange inhabituel de musique et de drame historique, Liza Minnelli met tout le monde d’accord, sa personnalité excentrique s’adaptant à merveille à son rôle de chanteuse déjantée en pleine République de Weimar finissante : elle décroche un Oscar, un Golden Globe, et s’affirme comme une superstar de tout premier plan. S’ensuivent des nouveaux albums, Liza with a Z et The Singer, ainsi qu’un album live au Winter Garden (respectivement en 1972, 1973 et 1974). Un show télévisuel conçu autour de son spectacle Liza with a Z lui vaut un Emmy Award, lui permettant d’entrer dans le cercle restreint des artistes détenteurs à la fois d’un Tony Award, d’un Oscar, et d’un Emmy Award.

New York, New Yoooooooooooooooooork !

Mais atteindre les sommets a pour conséquence logique de devoir en redescendre : la carrière au cinéma de Liza Minnelli commence à battre de l’aile. Les échecs des films Les Aventuriers du Lucky Lady  (réalisé par Stanley Donen, et où elle donnait la réplique à Burt Reynolds et Gene Hackman) en 1975 et Nina (réalisé par son père et dont elle partage la vedette avec Ingrid Bergman) en 1976, font quelque peu décliner l’étoile de Liza, la critique se mettant à pointer les limites de son jeu d’actrice. Heureusement, une chance de rédemption arrive avec le film New York, New York, réalisé par Martin Scorsese, où elle partage la vedette avec Robert De Niro. Cet hommage nostalgique et esthétisant aux cabarets de jazz est une déception sur le plan commercial mais, s’il enterre un peu plus la carrière cinématographique de Liza Minnelli, il a l’avantage de lui fournir une chanson qui devient l’un de ses principaux standards. L’image de Liza Minnelli est désormais indissolublement liée à « New York, New York », chanson dont l’immense succès lui vaudra d’être reprise par Frank Sinatra en personne. S’éloignant un peu du cinéma, Liza retourne à la scène avec succès, se produisant notamment en 1979 au Carnegie Hall. Au tournant des années 1980, Liza Minnelli a retrouvé la faveur du public à l’écran comme sur les planches, grâce à son rôle dans le film Arthur (peu connu en France mais fort apprécié du public anglo-saxon) en 1981, à une tournée internationale et à des rôles dans des comédies musicales à succès (The Act en 1977 ou The Rink  en 1984).

Liza « accro »

Les succès professionnels de Liza Minnelli ne lui évitent pas des problèmes personnels rappelant tristement ceux de sa mère : accro à l’alcool et à un certain nombre de drogues, la chanteuse donne de nets signes de fatigue physique, rate des dates de concerts car perdue dans les vapeurs d’une quelconque substance, et multiplie les cures de désintoxication. Malgré ses efforts pour remonter la pente, la multiplication de ses problèmes d’alcoolisme, puis de santé, suscite une attention médiatique quelque peu morbide, ainsi que les piques peu galantes de certains humoristes, qui se complaisent à caricaturer Liza Minnelli en éponge à whisky. La chanteuse trouve cependant, encore une fois, le salut sur les planches : en 1987, elle se produit durant trois semaines au Carnegie Hall, et sort pour l’occasion un album live qui remporte un grand succès. L’année suivante, elle part en tournée avec rien moins que Frank Sinatra et Sammy Davis Jr. La chanson « Losing my Mind » lui permet de renouer avec les classements de singles, sa voix grave et marquée se mariant merveilleusement avec les sonorités froides typiques de la décennie 80. En 1991, elle remporte un nouveau triomphe au Radio City Music Hall de New York. En 1992, elle se rappelle au bon souvenir du public français en interprétant un spectacle au Palais des Congrès en duo avec Charles Aznavour. Si ses prestations au cinéma n’attirent plus grand-monde (la comédie musicale Stepping Out, en 1991, a disparu sans laisser de traces), Liza Minnelli a tout pour accéder au grade de monument du show-biz.

De retour de l'enfer

Après un nouveau succès sur scène avec la comédie musicale Victor/Victoria (où elle avait remplacé au dernier moment Julie Andrews), la carrière de Liza Minnelli semble à nouveau compromise par ses problèmes de santé : en 2000, atteinte d’encéphalite virale, elle manque finir ses jours dans un fauteuil roulant et la presse expose complaisamment des images de la chanteuse, délabrée et enflée de partout. Liza Minnelli est cependant relancée par son mariage, en 2002, avec le producteur de concerts David Gest, personnalité haute en couleur qui la fait remonter sur scène, et se produire à travers le monde, avec le spectacle Liza’s Back, une véritable résurrection professionnelle qui est quelque peu obscurcie par la séparation fracassante du couple, un an plus tard. Le grand public s’intéresse à nouveau davantage aux aspects outranciers, voire grotesques, du divorce de Liza Minnelli, qu’à son talent artistique. Ses problèmes personnels surmontés, la chanteuse reprend le travail, relançant quelque peu sa carrière de comédienne par des rôles à la télévision et continuant de se produire sur scènes, retrouvant son véritable élément à la rencontre d’un public fidèle.

Malgré des problèmes personnels innombrables et une image d’instabilité, Liza Minnelli a acquis avec les années celle de grand-mère (ou plutôt de tante un peu foldingue) du show-business américain, dont elle a su, malgré tout, demeurer l’une des voix les plus accomplies et l’une des personnalités les plus marquantes.