Roy Orbison

Nom de naissance

Roy Kelton Orbison

Naissance

23 Avril 1936, Vernon, Texas, United States

Biographie

Écrasé par la prestance de certains de ses contemporains (Elvis Presley, Jerry Lee Lewis), le pionnier du rock and roll Roy Orbison, malgré plusieurs tubes (« Ooby Dooby », « Only The Lonely », « Blue Bayou », « It’s Over ») n’a jamais connu leur renommée. Le destin de ce chanteur, guitariste, et compositeur, marqué par des drames personnels, sera de bénéficier d’une reconnaissance universelle posthume, grâce à sa chanson « Oh, Pretty Woman » (1964), et le film homonyme, qui, en 1990, lui permettra de séduire plusieurs générations, par le sens du tragique qu’il portait à chacune de ses interprétations.

« Roy Orbison est le plus grand chanteur du monde. » - Elvis Presley

« Roy Orbison était chanteur d’opéra. » - Bob Dylan

C’est à Vernon, et dans le comté de Wilbarger (Texas) que Roy Kelton Orbison, surnommé « The Big O », second fils d’Orbie Lee et Nadine Shults Orbison, voit le jour le 23 avril 1936. L’installation pendant la guerre près des usines d’armement de Fort Worth (où on embauche), puis dans une petite ville du comté de Winkler, proche des gisements de pétrole (où on embauche, aussi), précède de peu son apprentissage de la guitare, et c’est un Roy lycéen qui fonde son premier groupe country, The Wink Westerners.

Puis, l’université est propice aux premiers contacts avec le rock and roll (au sein des Teen Kings).

Le chanteur

C’est à l’âge de vingt ans qu’Orbison bascule dans le professionnalisme, grâce à un premier contrat (initié par Johnny Cash) avec la firme Sun, puis une installation à Nashville, au sein de l’équipe de Monument Records.

Sans constituer une véritable lame de fond, les succès se multiplient : « Ooby Dooby » (juin 1956), puis, en compagnie du parolier Roy Melson, « Only the Lonely » (numéro 2 aux États-Unis, numéro un en Grande-Bretagne) et « Blue Angel » (1960), « Running Scared », numéro un en Amérique (1961), « Blue Bayou » (1963), « It’s Over », et « Oh, Pretty Woman », composée avec Bill Dees en 1964, vendu à sept millions d’exemplaires, et nouveau numéro un des deux côtés de l’Atlantique.

Dès ses premiers disques, sa voix de ténor, capable de couvrir trois octaves sans réelle difficulté, sert à merveille ces romances déchirantes. Orbison, qu’on voit rarement sur scène sans d’épaisses lunettes noires, compose également pour d’autres artistes, tels The Everly Brothers, qui font un tube de la « Claudette » composée en l’honneur de la propre épouse de Roy.
Roy Orbison a de plus trouvé le temps d’engendrer deux premiers garçons : Roy DeWayne voit le jour en 1958, et Anthony King en 1962. En 1965 naît son troisième fils, Wesley Kelton.

Le drame

Deux drames personnels viennent porter un coup, que l’on imagine alors fatal, à sa carrière : le 6 juin 1966, Claudette Frady Orbison meurt dans un accident de moto, dans la ville texane de Gallatin. Le 14 septembre 1968 (et alors que le chanteur se trouve en tournée en Grande-Bretagne), deux de ses trois fils (Roy DeWayne, et Anthony King) meurent dans l’incendie de sa maison d’Hendersonville (Tennessee). Le troisième garçon (Wesley Kelton), ne doit son salut qu’à l’intervention des propres parents du chanteur.

Une pause dans ces malheurs (Orbison convole en justes noces le 25 mai 1969 avec une certaine Barbara, britannique de son état), n’interdit pas au chanteur de subir un triple pontage coronarien le 18 janvier 1978.

L’Europe

Comme beaucoup de pionniers de l’épopée du rock'n'roll, ses chansons passent alors de mode. Assez curieusement, Orbison continue toutefois à jouir d’une grande renommée à l’extérieur de son propre pays : il enregistre des tubes en Allemagne, ses disques sont recherchés dans ce qu’on appelle encore le bloc soviétique, les fans se pressent aux Pays-Bas, il est considéré comme un demi dieu en Irlande (où il continue de se produire, et ce malgré les attentats), et on le compare en France aux plus grands chanteurs romantiques.

Et il ne chôme pas d’un autre point de vue, puisque son fils Roy Kelton, Jr. naît en 1970, suivi d’Alexander Orbi Lee en 1975 (et qui deviendra batteur du groupe Whitestarr).

De plus, sa carrière (pour laquelle il n’hésite pas à s’adonner à la country, voire à la disco), connaît alors un nouvel élan, grâce des hommages dans les années soixante-dix de la part d’Elvis Presley ou d’ex Beatles (qui, de leur propre aveu, se sont largement inspirés de l’Américain pour composer « Please Please Me »), ou des reprises de ses standards, signées Linda Ronstadt (les sept millions de copies de « Blue Bayou »), ou Van Halen.

En 1981, Roy Orbison est honoré d’un Grammy Award, grâce à son duo country avec Emmylou harris (« That Loving You Feeling Again »).

En 1985, il enregistre « Wild Hearts », qui figure dans le film de Nicolas Roeg Insignifiance.

En 1986, David Lynch utilise la chanson « In Dreams », pour une scène, particulièrement décadente, de son film Blue Velvet.

Le retour

En 1987, Roy Orbison est honoré par le Rock and Roll Hall Of Fame. En outre, une émission de télévision (Roy Orbison And Friends, A Black And White Night), attire encore une fois l’attention des jeunes générations sur le chanteur : elle rassemble en effet entre beaucoup d’autres rien moins que Bruce Springsteen, k.d. lang, le guitariste James Burton, Tom Waits, Jackson Browne, Bonnie Raitt et Elvis Costello.

Orbison enregistre l’année suivante une nouvelle version de son hit « Crying », en duo avec la Canadienne k.d. lang, pour le compte du film Hiding Out. La session lui vaut un nouveau Grammy Award.

En 1988, The Traveling Wilburys se rassemblent à Malibu autour de la chanson d’Orbison « Handle With Care » : il s’agit en fait d’un super groupe récréatif, composé de Bob Dylan, George Harrison, Jeff Lynne (Electric Light Orchestra), Tom Petty (sans ses Hearbreakers), et Orbison. L’album The Traveling Wilburys, Vol. 1 reçoit un accueil triomphal, et incite Roy à rallier le chemin des studios, pour la réalisation de l’album Mystery Girl (dans lequel il interprète un « She’s A Mystery to Me » composé par Bono et The Edge, de U2).

Mais il ne connaît pas la trajectoire triomphale de cet ultime enregistrement : Roy Orbison disparaît dans la soirée du 6 décembre 1988 à Hendersonville (Tennessee), emporté par une crise cardiaque, au domicile de sa mère. Il est inhumé le 15 décembre, sous une pierre tombale anonyme.

La gloire posthume

Édité de manière posthume, Mystery Girl est encore un succès, et le single « You Got It », un tube.

En 1990, l’utilisation de son classique « Oh, Pretty Woman », dans un film homonyme où s’illustrent Richard Gere et Julia Roberts, attirent de nouveau l’attention sur son répertoire. C’est grâce à cette partition que Roy Orbison se voit honoré en 1991 du Grammy Award de la Meilleure performance masculine de l’année.

En 1992, l’album posthume King Of Hearts, mis en sons par Jeff Lynne, produit deux nouveaux succès, « Hearbreak Radio » et « I Drove All Night ».