Nikolaus Harnoncourt

Naissance

6 Décembre 1929, Germany

Biographie

Génie de la direction d'orchestre, le comte Nikolaus Harnoncourt (1929-2016) fait ses débuts comme violoncelliste de l'Orchestre symphonique de Vienne avant de fonder le Concentus Musicus en 1953. À la tête de l'ensemble viennois, il privilégie le jeu sur instruments d'époque, ce qui est une véritable révolution avant de devenir le must de l'interprétation d'oeuvres baroques ou romantiques. Auteur d'un nombre incalculable d'enregistrements de 1959 à 2015, il attache un grand soin à étudier et décortiquer chaque oeuvre depuis son contexte historique et musicologique pour en extraire l'essence même des  partitions, notamment les Cantates et Concertos brandebourgeois de J.S. Bach, l'Orfeo et Le Couronnement de Poppée de Monteverdi, ou des pièces de Vivaldi, Haendel et Mozart, qu'il enregistre à plusieurs reprises. Spécialiste de la musique baroque, directeur du Concertgebouw d'Amsterdam à partir de 1977 et de l'Orchestre de chambre d'Europe, Nikolaus Harnoncourt reçoit son premier Grammy Award en 2001 et le Prix Ernst von Siemens l'année suivante. En 2014, il délivre sa propre interprétation des trois dernières symphonies de Mozart. Il décède le 5 mars 2016 à 86 ans, trois mois après sa retraite.

Né le 6 décembre 1929 à Berlin (Allemagne), le comte Nikolaus Harnoncourt grandit à Graz, en Autriche, où son père est nommé dans le gouvernement de Styrie.

Porté vers la musique classique, il étudie le violoncelle avec Emanuel Brabec au conservatoire avant d'être engagé par Herbert von Karajan dans l'Orchestre symphonique de Vienne (1952). Passionné par l'interprétation des oeuvres classiques de l'époque de la Renaissance au XIXème siècle, Nikolaus Harnoncourt fonde en 1953, avec sa femme Alice Hoffelner, le Concentus Musicus. L'ensemble viennois, attaché à reproduire les oeuvres sur instruments d'époque est alors le pionnier du genre. Les premiers concerts en 1957 sont suivis deux ans plus tard par les premiers enregistrements.

Devenu l'un des principaux ensembles de musique baroque en Europe, le Concentus Musicus de Vienne se signale par le travail minutieux de son chef dans l'étude et l'analyse historique de chaque oeuvre. L'enregistrement est alors l'aboutissement d'un long travail de recherche sur l'interprétation la plus authentique, menant parfois à des choix radicaux. Critiqué par les uns, loué par les autres, Harnoncourt fait école auprès de nombreux chefs d'orchestre spécialisés dans la musique baroque. Ses Concertos brandebourgeois (J. S. Bach) de 1964 et son Orfeo de Monteverdi en 1968 font autorité.

En 1971, avec son pair Gustav Leonhardt, il se lance dans la première intégrale des deux cent neuf Cantates de Jean-Sébastien Bach. L'ouvrage monumental s'étale sur deux décennies pour aboutir en 1990. Les chefs ne laissent que deux pièces de côté (les n°51 et 199). Outre ce travail de Titan, le chef autrichien se fait remarquer pour ses interprétations du Couronnement de Poppée de Monteverdi (1974), Il Cimento dell'armonia e dell'invenzione de Vivaldi (1977) et plusieurs oeuvres de G. F. Haendel, de Belshazzar à Jephta (1979).

En 1977, Nikolaus Harnoncourtl est nommé à la tête du Concertgebouw d'Amsterdam, l'un des plus grands orchestres européens. Son répertoire s'étend aux opérettes viennoises et aux dernières oeuvres romantiques de Bruckner.

Chef d'orchestre et musicologue respecté pour son apport déterminant dans l'interprétation, Nikolaus Harnoncourt continue régulièrement d'enregistrer ou réenregistrer les oeuvres connues ou obscures du patrimoine musical. Très à la mode dans les décennies 1980 et 1990 (il fait plusieurs couvertures de magazines dont Télérama), le chef reçoit son premier Grammy Award en 2001 pour sa Passion Selon Saint-Matthieu (J. S. Bach) et l'année suivante, le Prix Ernst von Siemens et le Polar Music Prize.

En 2003, le chef enregistre son premier opéra, La Grande Duchesse de Gérolstein d'Offenbach, suivi de Carmen (Bizet) en 2005. Auteur de plusieurs ouvrages de référence sur son métier (Le Dialogue musical et Le Discours musical), il a enseigné son art à la section universitaire du Mozarteum de Salzbourg (de 1972 à 1993) et a reçu de multiples récompenses des institutions musicales de Graz, Vienne, Edimbourg, Stockholm ou Kyoto. En 2006, il se voit décerné un ECHO Award pour son Messie de G. F. Haendel.

Son oeuvre comprend plus de 500 enregistrements dont une interprétation de Porgy and Bess de Gershwin en 2009. En 2014, toujours à la tête du Concentus Musicus, il délivre à travers l'album Mozart : The Last Symphonies le fruit de soixante années de recherches sur les trois dernières symphonies (n°39, 40 et 41) du compositeur. Le géant de la direction d'orchestre, touché par la maladie, pose sa baguette le 6 décembre 2015. Il meurt trois mois après, le 5 mars 2016, à l'âge de 86 ans, en son domicile de Sankt Georgen im Attergau.