Woody Guthrie

Nom de naissance

Woodrow Wilson Guthrie

Naissance

14 Juillet 1912, Okemah, Oklahoma, United States

Biographie

Woodie Guthrie voit le jour le 14 juillet 1912 à Okemah, dans l'état d'Oklahoma. Ses parents lui donnent les prénoms de Woodrow Wilson, en référence au candidat démocrate et vainqueur de l'élection présidentielle de 1912, l'année de sa naissance. Une façon de l'installer dans le destin historique de la nation qui l'a vu naître. Mais c'est son sobriquet de Woody qui s'inscrira dans la légende de la musique. Considéré comme le plus grand auteur-compositeur country-folk du vingtième siècle, il est au coeur des combats sociaux, s'engageant auprès des populations miséreuses, guidées dans leur exil vers la Californie par la perspective d'une vie meilleure mais dont les espoirs sont vite douchés. Chroniqueur hors pair de son temps comme en témoignent Dust Bowl Ballads, son premier disque paru en 1940, ou les Asch Recordings qu'il enregistre en 1944 et sur lesquels on retrouve « This Land Is Your Land » ou « Pastures of Plenty », Woody Guthrie fut un militant passionné et dévoué à une Amérique plus humaine. Son engagement influencera profondément Pete Seeger (avec qui il mènera les Almanac Singers) ou encore Bob Dylan, qui, du haut de ses dix-neuf ans, rendra régulièrement visite au chanteur quand sa santé défaillira face à la maladie de Huntington. Elle finira par l'emporter le 3 octobre 1967.

Woodie Guthrie, de son nom complet Woodrow Wilson Guthrie, naît le 14 juillet 1912 à Okemah, dans l'Oklahoma. De sa famille, il n'hérite guère que du goût pour le chant et la pratique du banjo dont joue son père et quitte dès qu'il peut, à l'âge de seize ans, le foyer familial très malsain à de nombreux égards : son père est un raciste activiste qui spécule sur les terres et sa mère, a tué sa propre fille âgée de douze ans, et a tenté de faire de même avec son mari... Il quitte donc ce climat de violence et erre à travers le Texas et la Louisiane, vivant de petits boulots comme peintre d'enseignes, garçon de ferme, vendeur de journaux, laveur de carreaux, et chante même dans les rues à l'occasion. En 1929, de retour au Texas, il s'arrête à Pampa pour rendre visite à son oncle Jeff Guthrie, qui en profite pour lui apprendre la guitare et l'harmonica.

Quand survient la grande dépression, après le krach boursier de Wall Street, Woody Guthrie (qui opte pour le nom de son oncle) reprend la route - ou plutôt les rails - comme des centaines de ses concitoyens touchés par la misère, ceux que l'on a appelés les « hobos ». Il partage la vie de ces clochards vagabonds - bien souvent des gens ordinaires que la crise a ruinés - qui voyagent en passagers clandestins dans les wagons à bestiaux, souvent brutalisés et toujours méprisés. Il les écoute, chante pour eux...
C'est de cette période que date son engagement socio-politique et, avec les ingrédients de la musique traditionnelle, il pose les bases de ce qui, désormais, s'appellera la protest-song (« chanson engagée »). Un malheur ne survenant jamais seul, les grandes plaines du centre des États-Unis subissent au début des années 1930 une grave sécheresse, suivie de violentes tempêtes de vent qui décapent littéralement le sol, engendrant misère et famine. C'est le Dust Bowl  et, après les rentiers ou les petits épargnants, ce sont maintenant les éleveurs et les fermiers qui sont jetés sur les routes, d'autant plus que, avec la spéculation et l'apparition de nouveaux moyens de production, les grands propriétaires terriens appliquent les principes du capitalisme sauvage.

Inévitablement, Woody Guthrie prend le parti des opprimés, partage leur condition, et écrit d'autres chansons. Il est d'ailleurs intéressant de noter un parallèle entre ses textes dans les albums Dust Bowl Ballads ou This Land Is Your Land (« Ces terres sont les vôtres ») et la littérature d'alors, notamment celle de John Steinbeck. En 1937, Guthrie s'établit à Los Angeles, où il anime pour un dollar par jour une émission radiophonique sur le folklore et la musique populaire, puis, quand éclate la Seconde Guerre mondiale, il retraverse le pays pour s'installer à New York, où il rencontre Pete Seeger.
Malgré ses sympathies pour le communisme, il n'entre pas au Parti - il tient cependant une chronique régulière dans le Daily Worker, journal du parti communiste américain - car il refuse de renier ses convictions religieuses. Et c'est peut-être ce fait qui lui évita d'être trop inquiété lorsqu'il chanta pour les ouvriers des grands chantiers nés du New Deal de Roosevelt.
De même, dès l'engagement américain dans le conflit, Woody Guthrie entre dans la marine marchande et exporte son répertoire en Italie, en Grande-Bretagne et en Afrique. Comme il fustige Hitler depuis un moment et que sa guitare porte alors l'inscription « This machine kill fascists » (« Cette machine tue les fascistes »), les autorités le laissent relativement tranquille, considérant que son apport au moral des troupes reste supérieur aux risques que fait courir aux soldats son militantisme...

Entretemps, dès 1940, il avait commencé à enregistrer avec Cisco Houston - une autre grande figure du folklore américain - plusieurs heures de son répertoire, notamment des chansons populaires traditionnelles, qu'il avait fait redécouvrir pour la Library Of Congress, équivalent de notre Bibliothèque nationale. Il récidivera avec le même Cisco et Sonny Terry - un harmoniciste noir - pour d'autres enregistrements, après la fin du conflit, avant de reprendre la route accompagné cette fois de Derroll Adams et Jack Elliott, deux de ses « disciples ».
Et des disciples, il en aura. Alors qu'il est déjà hospitalisé, il reçoit en 1961 un tout jeune Bob Dylan, scène que l'on peut retrouver dans le film Alice's Restaurant, avec son propre fils, Arlo. Woody Guthrie meurt six ans plus tard, l'âme tranquille puisqu'il a pu transmettre le flambeau...