Georg Solti

Nom de naissance

György Stern

Naissance

21 Octobre 1912, Budapest, Budapest, Hungary

Biographie

Monument de la direction d'orchestre, Sir Georg Solti (1912-1997) fut anobli par la Reine d'Angleterre en 1972 pour ses services rendus à la musique classique. En dépit de débuts difficiles durant l'entre-deux guerres quand il lui est interdit de diriger en raison de ses origines juives, le chef hongrois parvient à faire impression à l'Opéra de Budapest et au Festival de Salzbourg, au côté d'Arturo Toscanini mais doit se réfugier en Suisse quand éclate la Seconde Guerre mondiale. Premier prix du Concours international de Genève en 1942, il tente sa chance à Munich puis à Francfort où il est nommé à la direction de l'orchestre de 1952 à 1961. Par sa persévérance, un travail acharné et un répertoire sans cesse renouvelé, il s'impose au premier plan des spécialistes de l'opéra. Son Ring de Wagner couronné de succès, il dirige le Royal Opera House de Londres en 1961 puis prend les rênes de l'Orchestre de Chicago en 1969 jusqu'à 1991. Pendant cette période dorée, il conduit également pour quelques saisons l'Orchestre de Paris (1971-1975), le London Philharmonic Orchestra (1979-1983) et le Festival de Salzbourg de 1992 à 1994. Recordman des Grammy Awards qu'il remporte à 31 reprises sur 74 nominations, Sir Geog Solti laisse son empreinte sur plus de 300 enregistrements, la plupart pour le label Decca, notamment dans les opéras de Wagner, Mozart, Verdi, Richard Strauss, Benjamin Britten et les cycles de symphonies de Beethoven, Brahms, Bruckner et Mahler.

Le nom de Solti que porte György Stern lui vient de son père Moricz Stern, un marchand à son compte qui, au lendemain de la guerre en 1919, a dû l'adopter quand l'amiral Miklos Horthy ordonnait aux juifs de prendre un nom hongrois. Il désigne les habitants de Solt, une bourgade au sud de Budapest et berceau de la famille avant qu'elle n'émigre dans le quartier de Vermezo à Budapest où il naît le 21 octobre 1912. Grâce à sa mère mélomane Terez Stern (née Rosenbaum), l'enfant apprend à la même époque à jouer du piano avec sa soeur aînée Lily.

Renvoyé de Hongrie en Allemagne

La véritable éducation musicale de György Solti débute à ses douze ans quand il passe de l'école de musique Ernö Fodor de Budapest à l'Académie Franz Liszt et découvre pour la première fois la Cinquième symphonie de Beethoven conduite par Erich Kleiber, ce qu lui donne très tôt l'envie de diriger un orchestre. Particulièrement avancé au piano, le jeune Solti donne alors des leçons pour payer ses études et suivre la voie des Bela Bartok, Leon Weiner et Erno Dohnanyi qui enseignent à la prestigieuse académie hongroise. Sous leur tutelle respective au piano, à la musique de chambre et à la composition, il progresse et termine son cycle en deux ans jusqu'à l'obtention de ses diplômes en 1930.

Armé de ce bagage musical, Solti est prêt à intégrer l'Opéra de l'État hongrois en tant que répétiteur, entraînant les chanteurs lors des exercices et des répétitions. Toutefois, malgré ses capacités, il lui est interdit de diriger l'orchestre en raison de ses origines juives. Les chefs en place ont pour noms Bruno Walter et Erich Kleiber. Solti claque alors la porte de l'Opéra pour gagner l'Allemagne et Karlsruhe où il assiste un temps le chef Josef Krips puis Mannheim d'où il est éconduit pour les mêmes raisons. C'est auprès du chef italien Arturo Toscanini qu'il trouve de l'aide pour exercer son métier et devenir son assistant deux années de suite au festival de Salzbourg. L'année suivante, en 1938, il parvient malgré les lois antisémites à diriger, pour une représentation, Les Noces de Figaro à l'Opéra de Budapest. En 1939, à l'annonce de l'entrée allemande dans Vienne, Solti s'échappe en Suisse et donne des cours de piano pour survivre. Une seule occasion lui est donnée de conduire l'Opéra de Genève dans le Werther de Massenet. C'est néanmoins dans cette ville qu'il remporte en 1942 le premier prix du Concours international de piano.

Le stakhanoviste de l'opéra

Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, Solti tente sa chance à Munich où, grâce à son succès dans une représentation de Fidelio, il accède pour la première fois à une nomination à la direction de l'orchestre de l'Opéra. Après un premier concert du Requiem de Verdi le 1er novembre 1946, il conduit son premier opéra Carmen en janvier 1947 et reste en poste jusqu'en 1952. Remarqué pour sa vivacité et son inventivité, ainsi qu'une rigueur qui restera légendaire parmi les musiciens la jugeant parfois excessive, Solti accède à l'Opéra de Francfort qu'il dirige de 1952 à 1961. Sa grande capacité à élargir son répertoire fait de lui un chef de premier plan dans le monde de l'opéra. Il s'illustre autant bien dans Mozart, Verdi, Richard Strauss (qu'il a brièvement connu et gagné sa confiance) et Wagner dont il entame l'enregistrement d'une Tétralogie qui fera sa gloire que dans des productions modernes ou contemporaines de Stravinsky (Oedipus Rex), Hindemith (Cardillac) ou Lieberman (Pénélope).

L'apogée anglaise

Le parcours de Georg Solti prend un tournant quand il arrive en Angleterre pour diriger deux symphonies de Haydn avec le London Philharmonic Orchestra dont il sera l'invité régulier avant d'en prendre la direction en 1979. Entre temps, le chef hongrois multiplie les succès, au festival de Salzbourg où son illustre homologue Wilhelm Furtwängler l'invite en 1951 à diriger Idoménée de Mozart puis à Dallas où il est engagé en 1960. L'année suivante, Solti est nommé à la direction du Royal Opera House de Londres où il restera dix ans en poste après une production réussie du Chevalier à la rose de Richard Strauss. À Covent Garden, il crée le Songe d'une nuit d'été et Billy Budd de Benjamin Britten, Moïse et Aaron de Schönberg, La Femme sans ombre de R. Strauss et porte la maison au rang des meilleurs opéras mondiaux, malgré des attaques de tous bords (antisémites et musiciens rétifs à ses méthodes).

Après cette expérience réussie et le succès de son Ring achevé en 1965, Georg Solti passe à la direction de l'Orchestre symphonique de Chicago et à l'Orchestre de Paris où il conduit Les Noces de Figaro et Othello, ainsi qu'une partie du Ring de Wagner (L'Or du Rhin et La Walkyrie). En poste à Chicago de 1969 à 1991 (il prend la suite de Fritz Reiner), il va donner ses lettres de noblesse à cet orchestre qu'il emmène en tournée et fait connaître par de nombreux enregistrements. Son mandat se termine par un Othello avec Luciano Pavarotti. Après son aventure parisienne (1971-1975), Solti revient au Philharmonique de Londres jusqu'en 1983 avant de donner vie au Ring au festival de Bayreuth. En 1993 et l'année suivante, il dirige le Festival de Salzbourg. Le chef d'orchestre qui en 1972 a été anobli par la Reine d'Angleterre est devenu un citoyen anglais et une figure très respectée dans le monde de l'opéra. Sa fidélité au label Decca s'est traduite par plus de 300 enregistrements depuis 1947 jusqu'à la Cinquième symphonie de Mahler en 1994, à l'exception des opéras de Verdi pour RCA.

En 1994, Solti fonde l'orchestre des jeunes musiciens du Carnegie Hall Project et l'année suivante, fédère des noms renommés pour le World Orchestra for Peace. Dans ses dernières années d'une vie mouvementée, racontée dans le documentaire Ma vie est un combat, le chef hongrois de coeur et anglais d'adoption rejoue du piano au côté de Murray Perahia. Invité à diriger le Requiem de Verdi aux Prom's de Londres, Sir Georg Solti s'éteint une semaine avant à Antibes, le 4 septembre 1997. L'opéra, et la musique classique en général, perdent ce jour là l'un de ses plus grands représentants. Il est inhumé près de la tombe de Bela Bartok, au cimetière Farkasreti de Budapest.

Un héritage conséquent

Sa direction d'orchestre précise, lyrique, riche en timbres et inventive peut s'apprécier dans les oeuvres de référence qu'il a gravées : le Ring de Wagner (1959-1965) bien entendu et aussi l'intégrale des symphonies de Beethoven, de Schumann, Brahms, Bruckner et Mahler, les opéras de Richard Strauss, Mozart, Aïda et le Requiem de Verdi, Fidelio de Beethoven, Eugène Onéguine de Tchaïkovsky ou Moïse et Aaron de Schönberg. Un enregistrement de sa main est de toute façon un gage de qualité. En outre, Sir Georg Solti est le recordman de Grammy Awards reçus, en tout trente-et-un dont un pour l'ensemble de son oeuvre, sur soixante-quatorze nominations.