Emil Gilels

Biographie

Pianiste de l'école russe, Emil Gilels (1916-1985) est considéré comme l'un des plus grands solistes de la seconde moitié du XXe siècle. Né à Odessa, appartenant alors à l'Empire russe, l'Ukrainien suit l'enseignement d'Heinrich Neuhaus au conservatoire de Moscou et se distingue dans une série de concours, notamment au Prix Eugène-Ysaÿe qu'il remporte en 1938. Il devient professeur au Conservatoire Tchaïkovski en 1951 et poursuit une carrière internationale ponctuée d'enregistrements aux États-Unis. Récompensé du Prix Staline (1946) et du Prix Lénine (1962), Emil Gilels concentre son répertoire sur la période romantique. Son jeu sobre et nuancé fait merveille dans les sonates et concertos de Beethoven, Brahms et Schumann. Interprète des compositeurs russes, il crée la Sonate pour piano n° 8 que Prokofiev lui dédie. Son décès, dû à une erreur médicale le 14 octobre 1985, à la veille d'une tournée, l'empêche de terminer l'enregistrement de l'intégralité des sonates de Beethoven.

Emil Gilels naît le 19 octobre 1916 à Odessa, en Ukraine, appartenant alors à l'Empire russe. Fils d'émigrés juifs lituaniens, il a pour soeur aînée la violoniste Elizaveta Gilels, future épouse du virtuose Leonid Kogan. Son éducation musicale commence par des leçons de piano à l'âge de cinq ans et l'entrée à l'école de musique d'Odessa où sa précocité est repérée.

En mai 1929, il n'a que douze ans lorsqu'il donne son premier concert en public. Ses professeurs, Yakov Tkatch et Berthe Ringold, l'orientent vers le conservatoire d'Odessa où il suit l'enseignement de Berta Reingbald. En 1932, il fait la rencontre d'Arthur Rubinstein. En 1935, après avoir remporté le premier concours des jeunes talents ukrainiens (1931) puis le concours de piano de Moscou (1933), suivi d'une tournée en Union soviétique, Emil Gilels est admis au Conservatoire de Moscou pour y suivre l'enseignement d'Heinrich Neuhaus. Parallèlement, il se produit en public et participe à de multiples concours.

Deuxième lauréat du Concours de Vienne (1936), il remporte le prestigieux Prix Eugène-Ysaÿe de Bruxelles en 1938. L'année suivante, il effectue sa première tournée aux États-Unis. Après un concert au New York World's Fair, la déclaration de la guerre le contraint à rester deux ans avant de se faire rapatrier à Moscou. Il rencontre le pianiste et compositeur Sergueï Rachmaninov qui le considère comme son disciple. De retour à Moscou, il retrouve Sergueï Prokofiev, qu'il avait connu au conservatoire d'Odessa. Ce dernier lui dédie sa Sonate pour piano n° 8, que Gilels crée en première mondiale en 1944. L'année suivante, il crée un trio avec son beau-frère Leonid Kogan et le violoncelliste Mstislav Rostropovich, auxquels se joint parfois l'altiste Rudolf Barshai.

En 1946, Emil Gilels remporte le Prix Staline et effectue une tournée en Europe de l'Est, donnant des récitals avec son camarade de conservatoire Yakov Flier ou sa soeur Elizaveta. En 1952, il est nommé professeur au Conservatoire de Moscou et deux ans plus tard, « Artiste du peuple de l'URSS ». En dépit de tournées triomphales en Europe, il ne peut jouer aux États-Unis qu'à partir de 1955. Il devient alors le premier artiste soviétique important à se produire en concert. Il interprète le Concerto pour piano n° 1 de Tchaïkovski à Philadelphie, sous la direction d'Eugène Ormandy, et obtient treize rappels de l'assistance. Juré du premier Concours Tchaïkovski de Moscou en 1958, il attribue le prix à Van Cliburn. Il effectue ses débuts en Angleterre en 1959.

En 1962, il reçoit le Prix Lénine. En 1969, il se produit plusieurs fois au Festival de Salzbourg. Après une crise cardiaque lors d'un récital à Amsterdam en 1981, il diminue le rythme de ses concerts. Sa santé étant déclinante, il souhaite faire un contrôle médical à la veille d'une tournée. Il est probablement mort d'une erreur médicale due à un échange de flacons, le 14 octobre 1985 à l'hôpital du Kremlin de Moscou. Dans les dernières années de sa vie, Emil Gilels se produisait avec sa fille Elena, brillante pianiste née en 1948.