Ice Cube

Nom de naissance

O'Shea Jackson

Naissance

15 Juin 1969, Los Angeles, California, United States of America

Biographie

Rattaché au « gangsta », ce vétéran du rap californien est avant tout resté fidèle à une éthique old school, plus encline au commentaire politique et social qu'au « bling-bling » tapageur. Par ses textes, il a joué le rôle de porte-voix en revendiquant une véritable considération de la communauté noire aux Etats-Unis. De fait, de 1986 à 1993, Ice Cube est l'une des figures de proue du rap américain, avec des albums décisifs au sein de N.W.A. ou en solo. Par la suite, ses publications musicales se font plus rares, à mesure que sa carrière d'acteur prend du terrain : celui qui crachait sur Hollywood dans « Burn Hollywood Burn » (1990) en devient une personnalité respectée. Mais ce rappeur aux collaborations sélectives et variées reste une figure majeure du rap, qui a su évoluer du « vieux son » de ses débuts à des audaces nouvelles, avec des expériences dans l'electro ou le rap metal.

Né le 15 juin 1969, O'Shea Jackson grandit à South Central, quartier agité de Los Angeles, ravagé par la drogue, la pauvreté et les guerres de gangs.Il se prend très vite de passion pour le hip-hop, qui émerge au début des années 1980, et écrit ses premiers textes alors qu'il est encore élève de la Taft High School. Il fonde un premier groupe en 1984, C.I.A. (pour Cru In Action ! ou Criminals In Action), avec ses amis Sir Jinx et K-Dee. Le groupe joue lors de soirées organisées par Dr. Dre. C'est d'ailleurs ce dernier qui enregistre en 1986 l'unique EP du groupe, My Posse, qui sort l'année suivante.

Niggers With Attitude

C'est également en 1986 qu'Ice Cube, après avoir écrit le texte de « Boyz-n-the-Hood » pour le rappeur Eazy-E, intègre le groupe de celui-ci, N.W.A. (Niggaz With Attitude), au côté de Dr. Dre, DJ Yella et The Arabian Prince. Le morceau apparaît sur N.W.A. and the Posse, qui sort en 1987, enregistré par le seul Eazy-E. Souvent considéré comme le premier album de ce groupe pionnier du gangsta-rap, il s'agit en fait d'une compilation de morceaux d'artistes (le « Posse » mentionné dans le titre) du label Ruthless Records, que vient de fonder ce dernier. C'est d'ailleurs le premier disque édité par le label. N.W.A. ne figure que sur quatre des onze morceaux. En 1988, The Arabian Prince quitte le groupe et est remplacé par MC Ren. Straight Outta Compton sort en 1988 et les membres de N.W.A. deviennent officiellement les nouveaux reporters des ghettos californiens (le groupe qualifie son style de « reality rap »), dépeignant dans leurs textes ce que les médias n'évoquent pas. L'album sera triple platine, devenant l'un des disques historiques du (gangsta) rap, avec notamment le classique « Fuck Tha Police », dont les paroles dénonce les violences policières et le fichage racial. Mais les problèmes commencent quand Ice Cube, refusant d'accepter les 75 000 dollars de son contrat par le manager du groupe Jerry Heller, exige un avocat. Auteur de la moitié des textes de Straight Outta Compton et du solo d'Eazy-E (Eazy-Duz-It), qui paraît également en 1988, il se sent lésé. Suite à son départ en 1989, il est la cible des attaques de N.W.A. sur l'EP 100 Miles and Runnin' (1990) et sur le second album Efil4Zaggin (1991).

Ice Cube rappeur platine

Ice Cube décide alors de voler de ses propres ailes. Il fonde d'abord Da Lench Mob, avec son vieux complice Sir Jinx et la rappeuse Yo-Yo. Puis il file à New York pour enregistrer son premier album solo, AmeriKKKa's Most Wanted (1990), produit par The Bomb Squad. Ces derniers sont connus pour leur travail effectué avec Public Enemy, dont les deux principaux membres, Chuck D. et Flavor Flav, apparaissent d'ailleurs chacun pour un duo avec Ice Cube. Le succès est immédiat, mais, chargé de propos virulents, il provoque la controverse et voit le rappeur accusé de misogynie, d'antisémitisme et de racisme anti-blanc... Il continue sur la lancée et sort Kill At Will, qui devient le premier EP hip-hop à devenir disque d'or puis de platine. En 1991, il co-produit Make Way for the Motherlode, l'album solo de sa protégée Yo-Yo, qui apparaissait déjà dans un morceau de son premier album. C'est cette même année qu'il fait ses débuts devant la caméra dans le premier film de John Singleton, Boyz N the Hood, qui est nominé aux Oscars. C'est également en 1991 qu'il sort son deuxième album, Death Certificate, dont le morceau « Black Korea » semble a posteriori annoncer prophétiquement les émeutes de Los Angeles de 1992. Le disque comporte également sa réponse aux anciens camarades de N.W.A. sur « No Vaseline ». En moins de deux mois, Death Certificate est certifié platine.
1992 est une année faste pour Ice Cube. Sur le plan personnel, tout d'abord, puisqu'il se marie avec Kimberly Woodruff et se convertit à l'islam. Sur le plan professionnel, ensuite : côté cinéma, il apparaît sur les écrans dans Trespass, de Walter Hill ; côté musique, il saisit l'occasion de sa participation au festival rock alternatif et itinérant Lollapalooza pour élargir son audience, et sort à l'automne son troisième album solo, The Predator. Ce dernier, enregistré durant les émeutes de Los Angeles qui ont suivi l'assassinat de Rodney King par la police de Los Angeles, est d'un contenu social et politique très affirmé - éléments récurrents du rap d'Ice Cube. Cet album, le plus vendu et le plus populaire du rappeur, connaît un immense succès et sera certifié triple platine. Sa carrière est alors à son sommet.

Ice Cube au cinéma

Avec Lethal Injection, qui sort en 1993, Ice Cube tente pour la première - et dernière - fois d'imiter le G-Funk de Dr. Dre. C'est le premier échec de sa carrière. Il faudra alors attendre cinq ans pour un nouvel album solo. Car Ice Cube poursuit sa carrière d'acteur (CB4, 1993, un film sur de jeunes gangsta-rappers ; The Glass Shield, en 1995 ; etc.) et se lance même, incité par John Singleton, dans l'écriture scénaristique et, plus tard (à partir de 1997), dans la réalisation. En 1995, il écrit, Friday, comédie dramatique qu'il produit et dans laquelle il joue au côté de Chris Tucker, dont la carrière est sur le point d'exploser. Le film reçoit un accueil critique favorable et lance la carrière cinématographique du réalisateur de clips de rap F. Gary Gray (Dr. Dre, Outkast...), à qui il a confié la direction.

N.W.E.

Entre-temps, Ice Cube publie en 1994 Planet of da Apes, second et dernier album de Da Lench Mob, dont le succès commercial est assez modéré. Il se réconcilie, par ailleurs, avec Dr. Dre, avec lequel il était en froid depuis son départ de N.W.A.. Tous les deux enregistrent « Natural Born Killaz », qu'ils co-produisent et qui sort lui aussi en 1994. L'année suivante, leur ancien complice Eazy-E apprend qu'il est atteint du SIDA. Il se réconcilie à son tour avec Ice Cube et Dr. Dre, alors qu'il est hospitalisé, peu avant de succomber le 26 mars 1995 à la maladie, diagnostiquée trop tard. Enfin, il est un temps question d'un projet intitulé « Helter Skelter ». Celui-ci doit donner lieu à un album concept du même nom, dont la thématique apocalyptique est inspirée de l'interprétation par Charles Manson de la chanson des Beatles (il y voyait une prophétie annonçant la fin du monde). Dr. Dre et Ice Cube sont les initiateurs du projet, auquel doivent participer l'ex-N.W.A. MC Ren et Snoop Dogg, ainsi que le parolier The D.O.C. (ancien compagnon de route de N.W.A. et de Ruthless Records). Il est question pour les deux principaux intéressés de se débarrasser de la collante et réductrice étiquette de « gangsta rappers ». Pour la blague, le groupe aurait envisagé de se nommer N.W.E., nom à l'humour noir, référence à N.W.A. signifiant « Niggaz Without Eazy » (« les Négros sans Eazy »). Mais le projet capote et après une brouille entre Dr. Dre et The D.O.C., ce dernier s'en va avec le matériel et réenregistre l'album, qu'il sort en 1996.

Rap metal

C'est en 1996 qu'Ice Cube reprend pleinement son activité musicale. Alors que la rivalité entre côte est et côte ouest est à son apogée, il fonde Westside Connection avec Mack 10 et WC et sort Bow Down en octobre, un peu plus d'un mois après l'assassinat de 2Pac (avec lequel il avait collaboré, apparaissant en invité avec Ice T dans « Last Wordz », figurant sur Strictly for My N.I.G.G.A.Z, 1993). En 1997 et 1998, Ice Cube apparaît dans quelques films sans grande ambition. Il fait surtout un retour attendu au rap en solo, avec son cinquième album War & Peace Vol. 1 (The War Disc), produit par Master P. Y figure un inattendu rap-metal, « Fuck Dying », avec Korn (le groupe californien avait repris le « Wicked » d'Ice Cube sur Life is Peachy, en 1996), alors fer de lance de la très en vogue tendance néo-metal/rap metal. Il rend la pareille au groupe en apparaissant sur un morceau de leur troisième album (Follow The Leader, 1998), « Children Of The Korn », édité en single en 1999.

Up In Smoke

Après quelques films, dont le remarquable Three Kings de David O. Russell, film sur la guerre d'Irak de 1991 dans lequel il partage la vedette avec Mark Wahlberg et George Clooney, il sort War & Peace Vol. 2 (The Peace Disc), la suite de son dernier album en date. Le disque atteint la troisième place du classement Billboard, en dépit d'une promotion médiocre, à une période où Dr. Dre (avec l'album 2001) et Eminem (avec The Marshall Mathers LP) sont au sommet. On y remarque la réunion d'un trio d'ex-N.W.A., puisque sur le titre d'ouverture, « Hello », apparaissent Dr. Dre et MC Ren. Dans la foulée, il s'embarque, du 15 juin au 20 août, dans le triomphal Up In Smoke Tour. Une tournée américaine à l'affiche prestigieuse, puisque y participent également Dr. Dre, Eminem et Snoop Dogg. En 2002, il apparaît sur l'album electro Bunkka, du DJ britannique Paul Oakenfold, avec le morceau « Get'em Up ». L'année suivante, il enregistre un deuxième et dernier album avec Westside Connection, Terrorist Threats (« Menaces terroristes »). L'accueil critique est bon et l'album est bientôt certifié disque d'or. Un single se distingue : « Gangsta Nation », sur lequel est invité Nate Dogg.

Cinérap

Son implication musicale reste sporadique, puisqu'il continue de mener une carrière au cinéma et à la télévision. Il s'implique d'ailleurs, entre 2000 et 2005, dans une quinzaine de films ou projets télé, en tant qu'acteur, producteur ou scénariste. Ainsi, en 2005-2006, il produit la série documentaire Black. White, sorte d'émission de « télé-réalité » dans laquelle les membres d'une famille noire sont maquillés en blancs et vice-versa, dont le but est d'observer la perception des actes et propos selon l'apparence raciale. Mais les bonnes intentions sont balayées par la critique, qui dénonce une émission « renforçant les stéréotypes » (The New Republic) ou faite pour « exacerber d'inévitables conflits » (USA Today). Six ans après son dernier album solo en date, Ice Cube fait son retour en 2006 avec Laugh Now, Cry Later, qui débute à la quatrième classe du classement Billboard. Les invités y sont, comme à l'habitude, peu nombreux : Snoop Dogg, WC, Kokane et Lil Jon, ce dernier produisant d'ailleurs trois titres de l'album. L'année suivante, paraît la compilation In The Movies, qui comporte les dix-sept morceaux d'Ice Cube utilisés dans une bande originale de film et rassemble ainsi en un disque les deux passions celui-ci : le rap et le cinéma.

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