The Cramps

Naissance

United States

Biographie

Fondés dans le contexte américain de la mouvance punk de 1977, les Californiens de The Cramps sont une histoire de couple : celui formé par le chanteur Lux Interior et la guitariste Poison Ivy. Mais également un couple d’options esthétiques, unissant une certaine tradition du rock des pionniers, et le psychédélisme punk des groupes américains des sixties, avec plusieurs éléments de contre-culture (films d’horreur de série B, comics, train fantôme, et sexe à tous les étages).

Particulièrement appréciés en France au début de leur carrière par la grâce d'albums tels Songs The Lord Taught Us et Psychedelic Jungle (1980-81), ils poursuivent un parcours, aujourd’hui plus balisé, d’éternels souverains du psychobilly.

« Posez-moi une question, et je vous répondrai par un mensonge. » Nick Knox (ancien batteur des Cramps)

Les Cramps ont été fondés à Sacramento (Californie), par le chanteur, harmoniciste, et joueur de maracas Erick Lee Purkhiser, surnommé Lux Interior, né en 1948 à Akron (Ohio), et par la guitariste Kristina Kristy Marlana Wallace, née à Sacramento en 1954 (alias Poison Ivy – d’après un personnage de la saga de Batman - Rorschach).

En ce beau mois de mars 1976, les deux constituent un couple, à la scène comme à la ville, depuis que le premier a pris en stop la seconde, et qu’ils se sont découverts une semblable fascination pour les chanteurs de rock méconnus, et les films tout aussi confidentiels. Lui travaille dans une boutique de disques de collection, elle dans un club. Et ils s’aiment.

Greg Beckerleg, alias Bryan Gregory – en provenance de Detroit - est le guitariste de la formation initiale (il ne sait pas jouer de guitare), et Miriam Linna la batteuse (avec, de juin à août, un bref intérim assuré par Pam Balam, née Pam Gregory, car sœur de Bryan, et qui ne sait pas jouer de batterie, non plus). Tout ce joli monde décide de se passer de basse (jouant des guitares à l’unisson), et opte pour le délicat nom de The Cramps (ce que l’on peut traduire par douleurs menstruelles).

Des rois à New York

Dès leur création, les musiciens deviennent les résidents de clubs comme le très new-yorkais CBGB’s (en première partie des Dead Boys), ou le Max's Kansas City, où ils se produisent en alternance avec le groupe Suicide d’Alan Vega. Au mois d’août 1977, Linna quitte les Cramps : elle fonde le groupe Nervus Rex, puis le fameux fanzine Kicks, enfin le non moins célébré groupe The Zantees. Elle est remplacée par Nicholas George Stephanoff, surnommé Nick Knox, ex-Electric Eels.

Premiers disques

Les Cramps créent alors leur propre label, Vengeance. Leur premier single (incluant des reprises du «Surfin’ Bird » des Trashmen, et de « The Way I Walk » du chanteur canadien de country Jack Scott), produit par l’ex-Box Tops/Big Star Alex Chilton, et enregistré dans les mythiques studios Sun Records de Sam Phillips, à Memphis, est la même année remarqué par la critique. Les Cramps apparaissent également dans le film The Foreigner d’Amos Poe (alors considéré comme le premier metteur en scène punk de l’histoire du cinéma). En 1978, leur deuxième single (incluant une composition originale, « Human Fly », et une reprise de Sam Phillips, « Domino »), leur permet de triompher lors d’une tournée britannique. Suivent alors des concerts en Italie, en France, et aux Etats-Unis. Ces diverses auto-productions sont publiées sous le titre de Gravest Hits par le label qui vient de leur proposer un contrat, I.R.S. Records.


En route pour le culte

Leur premier album (de nouveau produit par Chilton) est acclamé : Songs The Lord Taught Us inclut des reprises de Little Willie John (« Fever »), des Sonics (« Strychnine »), ou de Johnny Burnette (« Tear It Up »), côte à côte avec des originaux (« Garageman »), mêlant horreur et rock farouche.

Au mois de juin 1980, Gregory (qui reste essentiellement remarquable par sa mèche décolorée, et ses joues vérolées), quitte les Cramps pour ouvrir un sex-shop et un salon de tatouage. Il s’en va avec une camionnette pleine de matériel de scène, et (bien qu’on l’ait suspecté de satanisme) apparemment victime d’une addiction exponentielle à l’héroïne. Jusqu’au mois de décembre, son subsidiaire est Julien Griensnatch, dit Julien Bond, dit Julien H, en provenance du groupe Mad. Il est à son tour remplacé par le guitariste Brian Tristan, dit Kid Congo Powers, qui vient de quitter le Gun Club de Jeffrey Lee Pierce.

Au mois de mars 1981, Psychedelic Jungle percute l’imaginaire de tous les fans du groupe, grâce entre autres à une renversante reprise d’un « Green Door » immortalisé en son temps par Bill Haley. Au mois de septembre 1983, Congo Powers s’en va, pour rejoindre, encore une fois, le Gun Club. Il est remplacé jusqu’au mois de novembre par le guitariste Ike Knox (cousin du batteur), qui assurera de nouveau cette fonction de janvier à juillet 1984. Au mois de décembre 1983, Click Mort est l’éphémère guitariste du groupe. Les Cramps quittent alors – en conséquence de l’usuel problème de taux de royalties – le label I.R.S., et sont assignés à ne pas enregistrer de nouvelles chansons dans un laps de temps de deux années.

Parfum de femme

Le mini-album Smell Of Female (1984) est enregistré en public au Peppermint Lounge de Manhattan, et offre une version hystérique du « Psychotic Reaction » de Count Five. En 1986, l’album, particulièrement licencieux, A Date With Elvis, dédié à Ricky Nelson, et entraîné par le roboratif « Can Your Pussy Do the Dog? », rend hommage à l’imagerie des pionniers du rock and roll, et à…William Shakespeare. On croit y déceler un certain assagissement du groupe.

De mars à juin 1986, Fur (ex-Hollywood Hillbillies) est la bassiste du groupe : elle est néanmoins remplacée par Candy Del Mar, rencontrée sur le parking d’un débit de boissons et spiritueux. La même année, l’album Rockinnreelininaucklandnewzealandxxx témoigne d’un concert néo-zélandais du groupe.

En 1988, les Cramps posent une question essentielle à l’humanité, grâce à l’album What’s Inside A Ghoul, et en 1990, le disque Stay Sick est propulsé par le seul hit du groupe à ce jour, « Bikini Girls With Machine Guns ».

Plus ça change, plus c'est pareil

Au mois de mai 1991, Knox et Del Mar s’en vont. Ils sont remplacés par le bassiste Slim Chance (ex-Mad Daddys), et le batteur Jim Sclavunos. Ce dernier cède en octobre le pupitre à Nick Nikki Beat Alexander (en rupture de ban des Weirdos). La même année, l’album Look Mom No Head ! accueille Iggy Pop en invité de luxe.

Au mois de janvier 1994, le batteur Harry Drumdini rallie le groupe en remplacement d’Alexander. L’album Flame Job (incluant une reprise du standard millésimé « Route 66 »), est alors salué comme un regain de forme du groupe.

Dans Big Beat From Badsville (1997), Poison Ivy assume l’écriture des textes, la composition des musiques, la production, l’iconographie du livret, et, naturellement, ses parties de guitare. De septembre 1998 à février 1999, Doran Shelley tient la basse, remplacée durant toute l’année 2000 par Sugarpie Jones.

Le 10 janvier 2001, Bryan Gregory décède d’une crise cardiaque.

Au mois de septembre 2003, le batteur Jim Chandler, alias Jungle Jim, devient un Cramps, en remplacement de Drumdini.
L’album Fiends Of Dope Island sort en 2003. Au mois de juillet 2004, le batteur Bill Bateman intègre le groupe, palliant le départ de Chandler.

En 2004, How To Make A Monster permet au fan de découvrir titres rares, inédits en public, et demos. Au mois d’août 2006, le batteur Harry Drumdini rejoint le bercail, et remplace Bateman. Le line-up actuel intègre le bassiste et guitariste rythmique Chopper Franklin.

Acteurs d’une saga où les collectionneurs de disques sautent sur scène, le groupe a, dès ses débuts, tenté en Docteur Frankenstein du rock, de faire se reproduire les gènes des groupes punks américains des sixties, avec celles de leurs grands ancêtres les pionniers du rock and roll. Périlleuse tentative, mais, toutefois, les Cramps vont bien aujourd’hui, vivent aux Etats-Unis, et feuillettent toujours des magazines de sexe déviant, en écoutant du rockabilly primitif, et en visionnant des films de monstres en caoutchouc : tant que ce sera comme cela, le rock continuera d’exister.