Clifford Curzon

Nom de naissance

Clifford Michael Siegenberg

Naissance

18 Mai 1907, United Kingdom

Biographie

Enfant prodige du piano, Clifford Curzon (né Siegenberg, 1907-1982) enseigne très tôt à la Royal Academy of Music de Londres après en avoir été l'élève. Médaille d'or du concours MacFarren à 17 ans en 1924, il se perfectionne auprès d'Arthur Schnabel qu'il ne tarde pas à concurrencer, de Wanda Landowska et de Nadia Boulanger dont il se fait l'interprète. Si ce spécialiste de Mozart, Schubert, Schumann et Dvorak est resté fidèle à la maison Decca pendant toute sa vie, il s'est souvent opposé à la publication d'enregistrements qu'il ne jugeait pas satisfaisants. Son héritage n'en est pas moins considérable comme en témoigne le coffret de 23 CD édité pour le trentième anniversaire de sa disparition en 2012 (The Complete Recordings). Anobli en 1977, Médaille d'or de la Royal Philharmonic Society en 1980, Sir Clifford Curzon demeure l'un des plus grands, si ce n'est le plus grand, pianistes du Royaume-Uni. Au chapitre de ses réussites figurent les Impromptus de Schubert (1941), le Concerto n°1 (1962) et la Sonate n°2 de Brahms et les Concertos n°20 à 27 de Mozart (1967-1970).

Considéré comme le plus grand pianiste anglais et le meilleur spécialiste de Mozart à son époque, Sir Clifford Curzon n'a certainement pas bénéficié de la notoriété qu'il mérite, sans doute en raison de son extrême discrétion assortie d'une profonde intransigeance quant à son art.

Né à Londres de Michael et de Constance Mary Siegenberg (née Young) le 18 mai 1907, Clifford Michael Curzon hérite du nouveau patronyme choisi par ses parents pour des raisons restées obscures. Son enfance musicale est marquée par l'écoute des mélodies de son oncle, le compositeur Albert Ketèlbey dont les oeuvres sont très en vogue à l'époque, notamment la pièce « Sur un marché persan » (1920) qui sera plus tard détournée par Serge Gainsbourg pour la chanson « Lady héroïne » (1978). Élève de la Royal Academy of Music de Londres, Clifford Curzon fait figure d'enfant prodige aux yeux de ses professeurs Charles Reddie et Katharine Goodson qui encouragent ses progrès au piano à partir de 1919.

En 1923, l'élève donne son premier récital dans le cadre des Promenade Concerts au Queen's Hall. Sous la direction de Sir Henry Wood, il interprète le Triple Concerto de Brahms. L'année suivante, Clifford Curzon remporte la Médaille d'or du Concours MacFarren. À seulement dix-sept ans, il est le plus jeune élève à être admis en classe supérieure de piano et a pour professeur Tobias Matthay. Deux ans plus tard, en 1926, il est à nouveau le plus jeune professeur de l'Académie royale de musique. Il reste deux ans en poste avant de parfaire son jeu auprès des maîtres Arthur Schnabel à Berlin de 1928 à 1930 puis Wanda Landowska et Nadia Boulanger à Paris entre 1930 et 1932. C'est durant cette fin d'apprentissage qu'il épouse la claveciniste américaine Lucille Wallace. Le couple marié en 1931 n'aura pas d'enfant mais adoptera les deux orphelins de la cantatrice Maria Cebotari, décédée en 1949.

Sur le plan professionnel, Clifford Curzon abandonne l'enseignement et se consacre aux concerts dès son retour à Londres. Ses premières années de concertiste sont déjà marquées par des périodes sabbatiques qu'il met à profit pour approfondir son répertoire et renforcer son style. Une première tournée américaine en 1939 est couronnée de succès mais le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale interrompt sa carrière. Pacifiste convaincu, membre de la Peace Pledge Union (union non-gouvernementale en faveur de la paix), Clifford Curzon consacre son temps au militantisme et à la défense des objecteurs de conscience et des juifs persécutés. Lui-même refuse d'être enrôlé.

Après la guerre, le pianiste qui privilégie la connaissance et l'approfondissement des oeuvres au détriment des apparitions publiques se concentre sur un répertoire de musique de chambre. Sous contrat avec la marque Decca depuis 1941, il commence à enregistrer quelques pièces de Beethoven et de Brahms longtemps restées inédites. En effet, il arrive souvent au pianiste de ne pas être totalement satisfait de son travail et de ce fait, demande à la compagnie discographique de ne pas publier certaines oeuvres. Néanmoins, ses Impromptus de Schubert (opus D. 899 en 1941 et opus D. 935 en 1952) passent le stade de la gravure.

La rencontre du chef d'orchestre George Szell va encourager Clifford Curzon à enregistrer plus régulièrement. Préféré à Leon Fleisher que Szell désapprouve, Curzon se lance dans une série de ses meilleures prestations avec le London Philharmonic Orchestra, le London Symphony Orchestra et le Wiener Philharmoniker. Cette association mène à bien le Concerto pour piano n°1 de Brahms (1946, réenregistré en 1962), le Concerto n°5 « Empereur » de Beethoven (1949), le Concerto n°1 de Tchaïkovsky (1950) et le Concerto n°23 de Mozart (1964). En outre, Curzon délivre de solides interprétations de concertos romantiques avec Hans Knappertsbusch, Sir Adrian Boult, Josef Krips, Itsvan Kertész et Georg Solti.