Guy Béart

Nom de naissance

Guy Béhar-Hassan

Naissance

16 Juillet 1930, Cairo, Cairo, Egypt

Biographie

Autant poète que chansonnier, Guy Béart (1930-2015) est considéré comme l'une des plus grandes figures de la chanson française. Né Guy Béhar au Caire, en Égypte, il fait ses études d'ingénieur dans la France de l'après-guerre et bifurque vers la chanson. Guitare en main, il présente ses chansons dans toues les cabarets parisiens jusqu'à sa rencontre avec l'imprésario Jacques Canetti, qui le lance sous les projecteurs de l'Olympia en 1959. Représentant d'une chanson à texte de tendance rive gauche, Guy Béart cumule les classiques comme « Vive la rose », « Chandernagor », « Les couleurs du temps », « L'eau vive », « La vérité » ou « Le bal chez Temporel ». Balayé par la vague yé-yé dans les années 1960 et en délicatesse avec sa maison de disques, l'auteur-compositeur n'en continue pas moins d'enregistrer et d'animer l'émission télévisée Bienvenue. La maladie qui le touche dans les années 1980, alors que sa fille Emmanuelle Béart crève l'écran, l'oblige à se faire plus rare. Grand Prix de la chanson en 1987, Grand Prix de l'Académie française en 1994, Guy Béart revient doucement sur scène pour faire entendre ses derniers albums Demain Je Recommence (1986), Il Est Temps (1995) et Le Meilleur des Choses (2010). Il décède après avoir fait ses adieux, le 16 septembre 2015, à l'âge de 85 ans.

Etrange destin que celui de Guy Béart. Fils de David et d’Amélie Béhar, il nait au Caire en 1930. La famille est installée à Beyrouth et Guy demeurera les dix-sept premières années de sa vie au Liban, pays si cher à son coeur. Puis Paris où il vient faire ses classes au lycée Henri IV. Math sup, math spé. Le garçon est doué. Très doué. En parallèle, l’étudiant vit la bohème de Saint-Germain-des-Prés, découvre le jazz, Léo Ferré, et se met à la guitare. Diplômé des Ponts et Chaussées, l’ingénieur semble parti pour avoir une vie toute tracée. Il a 25 ans, des ponts à dessiner, et des jeunes femmes à séduire. Sauf qu’il tombe amoureux. Et que l’amour l’inspire. Alors il compose des chansons d’une étonnante modernité sous des musiques intemporelles. L’une des toutes premières sera « Poste restante ». Un chef-d’œuvre. Dans cette complainte, il pleure la jeune femme, Micheline, qui vient de le quitter. Suivront « Chandernagor », « Qu’on est bien », « Le Quidam », « Le chapeau », qu’il chante à La Colombe, ce cabaret sis sur l’île de la Cité dont il devient très vite le drôle d’animal qu’on vient écouter. Béart écrit des refrains comme un pommier fait des pommes, sans autre intention que de les chanter en petit comité, le soir, après le bureau. Qui vivra verra. Sauf que Juliette Gréco, Zizi Jeanmaire et Patachou tombent sous le charme de ses chansons. Et Georges Brassens, en personne, l’encourage à continuer ! De fil en aiguille, poussé par Jacques Canetti, l’ingénieur se retrouve sur la scène des Trois Baudets ! Devant 300 spectateurs, tous les soirs. Le voilà parti pour l’aventure. C’est décidé : il sera chanteur ! Et lâche le confort matériel qui l’attendait. Le 30 juin 1957, il chante à la télévision « Bal chez Temporel ». Plus rien n’arrêtera Béart. Son premier 33 tours sort en septembre. Dans la foulée, il écrit « L’Eau vive » pour le film éponyme présenté au festival de Cannes. Entrée au dixième rang du hit-parade en juin 1958, « L’Eau vive » atteint la deuxième place du top en octobre et restera sur le podium pendant onze mois consécutifs, décrochant la première place en février, mars et avril 1959. Elle ne quittera le hit-parade qu’en mars 1960, après quatre-vingt-douze semaines de succès, intégrant illico le folklore de la chanson française !
 
Ma petite est comme l’eau,
Elle est comme l’eau vive.
Elle court comme un ruisseau
Que des enfants poursuivent…
 
Béart, malgré lui, est devenu, par la grâce d’une seule chanson, une immense vedette. A la télévision, pour le réveillon, le soir du 31 décembre 1958, Brigitte Bardot, superstar planétaire depuis la sortie de « Et Dieu créa la femme », l’invite à venir lui chanter dans les yeux « Vous », cette magnifique chanson d’amour… Consécration populaire.
En mars 1959, il épouse Cécile. Cinq mois plus tard, Madame Béart accouche d’une petite Eve. En 1963, Geneviève Galéa lui donnera une seconde petite fille : Emmanuelle.
Les disques s’enchainent, et les succès avec : Il n’y a plus d’après (nouveau standard), Pierrot la tendresse, Le Monsieur et le jeune homme, Les grands principes, Suez… En 1964, parce qu’il est un homme en avance, et qu’il tient à sa liberté artistique, Béart fonde sa propre maison de production, Temporel. En 1966, il crée l’émission de télévision « Bienvenue », qu’il anime pendant six ans… La Vérité (1968), L’espérance folle (1971), Les couleurs du temps (1973), À Amsterdam (1976), Où vais-je ? (1978) seront autant de merveilles qui intégreront illico le folklore de la chanson française.
A la fin des années 70, la maladie pousse le chanteur à se mettre en retrait. Ce grand solitaire vit alors reclus, dans sa grande demeure, à Garches. Ses amis disparaissent, Jacques Brel, Georges Brassens. Les temps sont durs. Mais c’est avec Demain je recommence qu’il revient en 1986. Nouveau 33 tours, nouveau succès, nouvel Olympia. Deux albums inédits suivront, Il est temps en 1995 et Le meilleur des choses en 2010, parus chez Temporel. Tous deux pétris de chefs-d’œuvre méconnus. On n’en a pas fini avec Béart ! Disparu à l’âge de 85 ans le 16 septembre 2015, Guy Béart aura laissé une Œuvre unique qu’il nous reste à redécouvrir. Celle d’un troubadour qui fut admiré par Brassens, Aragon, René Fallet, Boris Vian. Et dont Charles Aznavour tout comme Alain Souchon diront voir en lui un géant de la chanson.