Jacques Prévert

Naissance

4 Février 1900, France

Biographie

Fils d'un employé des assurances très marqué à droite, le petit Jacques vit une enfance plutôt heureuse, malgré le lent déclassement social de son père. Après avoir arrêté ses études à quatorze ans, il est enrôlé en 1920 et se rend en Syrie où il fait la connaissance d'un autre appelé, Marcel Duhamel, le futur créateur de la « Série noire ». Rendu à la vie civile, il participe avec Duhamel et le peintre Yves Tanguy à la vie intense du Montparnasse des années 20 et rencontre bientôt les surréalistes. En 1928, il écrit sa première chanson pour un de ses amis, professeur de danse, « Les animaux ont des ennuis ». Dans cette comptine, on trouve déjà ce qui sera le style Prévert, ce mélange de simplicité, de cocasserie et de poésie : « Le pauvre crocodile n'a pas de C cédille/On a mouillé les L de la pauvre grenouille »… Au cours des années 30, il rejoint le groupe Octobre, collectif de créateurs et de cinéastes proches du Parti communiste. Il écrit alors nombre d'articles, de sketches et de poèmes, dont certains, comme la Pêche à la baleine deviendront des chansons célèbres. La compositrice du groupe des Six, Germaine Taillefer, met en musique sa « Chanson de l'éléphant » et Marianne Oswald chante son « Embrasse-moi ». En 1934, il donne au Secours rouge – une organisation communiste – le texte prophétique « Il ne faut pas rire avec ces gens-là », où, sur fond de pacifisme, il annonce : « La prochaine guerre va commencer / Le jour de gloire est arrivé / On décore les abattoirs / On pavoise chez les vieillards. » En 1935, il travaille avec Jean Renoir pour le film le Crime de monsieur Lange et fait la connaissance du pianiste Joseph Kosma, alors que la toute jeune Agnès Capri interprète, l'année suivante, plusieurs de ses œuvres au Bœuf sur le toit.

La gloire. S'ouvre ainsi l'ère des grands films que Prévert va écrire en tant que scénariste et dialoguiste – Quai des brumes, les Disparus de Saint-Agil, les Enfants du paradis, les Amants de Vérone – et des chansons que Kosma mettra en musique d'une façon inoubliable. En 1945, la publication en recueil (Paroles) des poèmes de Prévert rencontre un succès énorme, notamment auprès de la jeunesse qui plébiscite, avec la liberté retrouvée, sa légèreté d'écriture et son anarchisme plein d'humour. La musique de Kosma s'adapte merveilleusement à ces poèmes à la métrique souvent irrégulière, et cela donne plusieurs des plus belles compositions de la chanson française – les Feuilles mortes, Barbara, les Enfants qui s'aiment, « Deux Escargots à l'enterrement », Sanguine – qui seront reprises par les plus grands interprètes comme Yves Montand, Jacques Douai, les Frères Jacques, Mouloudji ou Cora Vaucaire. « Les Feuilles mortes » constitueront toutefois le seul vrai succès « grand public », repris aux États-Unis par Nat King Cole, Bing Crosby et Frank Sinatra. En 1956, Prévert prend ses distances avec le mouvement communiste après l'affaire de Budapest, puis il appuie, sans le signer lui-même, le « manifeste des 121 », opposé à la guerre en Algérie. Il meurt dans son village de Normandie, où il est enterré et où le rejoindra, quinze plus tard, son vieil ami et voisin, le décorateur de cinéma Alexandre Trauner.

J. Ch.

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Fils d'un employé des assurances très marqué à droite, le petit Jacques vit une enfance plutôt heureuse, malgré le lent déclassement social de son père. Après avoir arrêté ses études à quatorze ans, il est enrôlé en 1920 et se rend en Syrie où il fait la connaissance d'un autre appelé, Marcel Duhamel, le futur créateur de la « Série noire ». Rendu à la vie civile, il participe avec Duhamel et le peintre Yves Tanguy à la vie intense du Montparnasse des années 20 et rencontre bientôt les surréalistes. En 1928, il écrit sa première chanson pour un de ses amis, professeur de danse, « Les animaux ont des ennuis ». Dans cette comptine, on trouve déjà ce qui sera le style Prévert, ce mélange de simplicité, de cocasserie et de poésie : « Le pauvre crocodile n'a pas de C cédille/On a mouillé les L de la pauvre grenouille »… Au cours des années 30, il rejoint le groupe Octobre, collectif de créateurs et de cinéastes proches du Parti communiste. Il écrit alors nombre d'articles, de sketches et de poèmes, dont certains, comme la Pêche à la baleine deviendront des chansons célèbres. La compositrice du groupe des Six, Germaine Taillefer, met en musique sa « Chanson de l'éléphant » et Marianne Oswald chante son « Embrasse-moi ». En 1934, il donne au Secours rouge – une organisation communiste – le texte prophétique « Il ne faut pas rire avec ces gens-là », où, sur fond de pacifisme, il annonce : « La prochaine guerre va commencer / Le jour de gloire est arrivé / On décore les abattoirs / On pavoise chez les vieillards. » En 1935, il travaille avec Jean Renoir pour le film le Crime de monsieur Lange et fait la connaissance du pianiste Joseph Kosma, alors que la toute jeune Agnès Capri interprète, l'année suivante, plusieurs de ses œuvres au Bœuf sur le toit.

La gloire. S'ouvre ainsi l'ère des grands films que Prévert va écrire en tant que scénariste et dialoguiste – Quai des brumes, les Disparus de Saint-Agil, les Enfants du paradis, les Amants de Vérone – et des chansons que Kosma mettra en musique d'une façon inoubliable. En 1945, la publication en recueil (Paroles) des poèmes de Prévert rencontre un succès énorme, notamment auprès de la jeunesse qui plébiscite, avec la liberté retrouvée, sa légèreté d'écriture et son anarchisme plein d'humour. La musique de Kosma s'adapte merveilleusement à ces poèmes à la métrique souvent irrégulière, et cela donne plusieurs des plus belles compositions de la chanson française – les Feuilles mortes, Barbara, les Enfants qui s'aiment, « Deux Escargots à l'enterrement », Sanguine – qui seront reprises par les plus grands interprètes comme Yves Montand, Jacques Douai, les Frères Jacques, Mouloudji ou Cora Vaucaire. « Les Feuilles mortes » constitueront toutefois le seul vrai succès « grand public », repris aux États-Unis par Nat King Cole, Bing Crosby et Frank Sinatra. En 1956, Prévert prend ses distances avec le mouvement communiste après l'affaire de Budapest, puis il appuie, sans le signer lui-même, le « manifeste des 121 », opposé à la guerre en Algérie. Il meurt dans son village de Normandie, où il est enterré et où le rejoindra, quinze plus tard, son vieil ami et voisin, le décorateur de cinéma Alexandre Trauner.

J. Ch.

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