Dietrich Fischer-Dieskau

Naissance

28 Mai 1925, Germany

Biographie

Surnommé le « baryton du XXème siècle », Dietrich Fischer-Dieskau (1925-2012) a régné sur l'art lyrique pendant trois décennies et chanté avec et pour les plus grands artistes de son temps, de Wilhelm Fürtwangler (Un Requiem allemand de Brahms en 1951 ; Tristan et Isolde en 1952) à Daniel Barenboim, Kurt Masur ou Kent Nagano. Grande voix de l'opéra, « DFD » reste surtout connu pour son approche du chant lied. Ses interprétations des cycles de lieder de Schubert (entre 1966 et 1972 avec le pianiste Gerald Moore), Mahler, Wolf, Brahms, Beethoven ou Liszt sont inscrites au panthéon du genre. Dans ses dernières années après sa retraite en 1992, le créateur du War Requiem de Benjamin Britten (1962) et de Zyklus d'Aribert Reinmann (1971) fut l'objet de multiples honneurs et récompenses dûment méritées au regard d'une oeuvre essentielle du répertoire classique.

Fils de pasteur, Dietrich Fischer-Dieskau naît le 28 mai 1925 à Berlin (Allemagne). Attiré par les arts et en particulier la poésie de Goethe et de Schiller, le petit berlinois commence des études musicales à l'âge de neuf ans et accompagne sa mère institutrice aux concerts.

À 17 ans, le jeune amateur de lettres et de théâtre étudie le chant à la Musikhochschule de Berlin, dans la classe d'Hermann Weissenborn, et donne son premier récital. Mobilisé en Italie où il est fait prisonnier en 1945, le jeune soldat reprend les concerts à la fin de la Seconde Guerre mondiale. En 1947, il enregistre déjà Le Chant du Cygne de Schubert pour la radio RIAS et se produit à l'opéra où il brille sous la baguette de Ferenc Fricsay dans le Don Carlo de Verdi, à Munich et à Vienne. Révélé par Wilhelm Fürtwangler au festival de Salzbourg en 1951, Dietrich Fischer-Dieskau fait merveille dans des lieder de Mahler, le Requiem allemand de Brahms, Tristan et Isolde de Wagner (1952) et La Passion Selon Saint-Matthieu de Bach (1954).

Marié à la violoncelliste Imgard Poppen (dont il aura trois fils), le baryton enregistre pour Deutsche Grammophon (Quatre chants sérieux de Brahms), s'illustre au festival de Bayreuth dans Tannhäuser et vole de succès en succès sur la scène internationale : Don Giovanni avec Karl Böhm (1953), Les Noces de Figaro à Salzbourg (1956) et Falstaff à Berlin (1957). D'autres rôles prestigieux suivent dans les opéras Salomé (Richard Strauss), Wozzeck (Alban Berg) ou la création du War Requiem de Britten à Coventry (1962), un an avant le décès de son épouse.

En 1966, le baryton revient à Verdi et Falstaff conduit par Leonard Bernstein à Vienne, dans une mise en scène de Lucchino Visconti. La même année, il collabore avec le pianiste Gerald Moore à une série de lieder de Schubert qui feront sa renommée. L'intégrale des six cents lieder est achevée en 1972. Dietrich Fischer-Dieskau devient un spécialiste du genre et ses interprétations des lieder de Beethoven, Mahler, Schumann, Brahms, Richard Strauss, Loewe ou Hugo Wolf entrent dans l'histoire. Après un second mariage avec la comédienne Ruth Leuwerick, il effectue une tournée en Israël avec le chef d'orchestre Daniel Barenboim et travaille à la création de l'opéra Zyklus d'Aribert Reinmann (1971). C'est aussi à cette époque qu'il s'attelle à la direction d'orchestre lors d'une tournée avec Sviastoslav Richter.

En 1974, il fait la rencontre de la soprano Julia Varady qui deviendra sa troisième femme, puis se lance pour la première fois dans Les Chanteurs de Nuremberg à Berlin (1977). Nommé professeur à la Hochschule der Kunst de Berlin en 1983, « DFD » se retire progressivement de la scène pour se consacrer à l'enseignement, à la direction d'orchestre et à la peinture, avant un retrait définitif en fin d'année 1992. Fêté par des récompenses ou des événements comme l'exposition de l'Auditorium du Musée du Louvre à Paris en 2007, le « baryton du XXème sièce » est célébré au disque par les parutions de The Great EMI Recordings (coffret de 11 CD) et The Birthday Edition (4 CD) en 2010. Le 18 mai 2012, Dietrich Fischer-Dieskau s'éteint à Starnberg, près de Berlin, à la veille de ses 87 ans.