Charlie Parker

Nom de naissance

Charlie Parker Jr

Naissance

29 Août 1920, City, Kansas, United States

Biographie

Saxophoniste à la vie aussi brève que misérable, Charlie Parker dit « Bird » (1920-1955) représente l'archétype du jazzman. Inventeur du be bop, il mit ses improvisations au service d'une musique qu'il fit sienne. Sa rapidité d'exécution et son inspiration débordante n'attendaient plus qu'une suite d'éléments connexes pour installer la légende : celle du génie déchu pour avoir trop cédé à ses mauvaises habitudes et trop tôt obligé de laisser ses grands thèmes, de « Moose the Mooche » à « Ornithology », lui survivre.

Né le 29 août 1920 à Kansas City, Charlie Parker grandit au sein d'une famille humble (mère femme de chambre et père pianiste et chanteur). L'enfant découvre la musique de Bessie Smith et Ma Rainey, Louis Armstrong et Duke Ellington, qui l'amènent au jazz. Il il intègre la fanfare de la Lincoln High School, au tuba et à la clarinette, puis au saxophone alto qui fera sa renommée.

Premiers pas

Il n'a que treize ans lorsqu'il gagne avec son ami Lawrence Keyes les bars de Kansas City, où il entend Ben Webster, Lester Young ou Count Basie, dans le même temps qu'il découvre la drogue. En 1935, il est le quatrième saxophoniste des Deans of Swing, avant un premier emploi dans la formation du pianiste Bill Channing.

En 1936, Charlie Parker est victime d'un accident de la route dans lequel un de ses amis trouve la mort. Cet accident lui permet d'acheter un nouveau saxophone avec la prime d'assurance, instrument avec lequel il se fait bientôt une place dans l'orchestre de Tommy Douglas (Lester Young, Count Basie et Jo Jones). Il fait la rencontre de Buster Smith, saxophoniste qui l'accueille dans sa formation.

En 1938, il quitte Kansas City pour Chicago, où il entre dans la formation du trompettiste King Kolax, avant de prendre le chemin de New York l'année suivante. Plongeur au Jimmy's Chicken Shack, Parker, où se produit Art Tatum. Il se rend au Parisian Ballroom où lui est confiée une place de saxophoniste alto. Rappelé à Kansas City suite au décès de son père, Parker trouve à jouer au sein des Rockets du saxophoniste Harlan Leonard avant d'être engagé par le pianiste Jay McShann. Parker enregistre son premier solo le 30/11/1940 et part en tournée l'année suivante.

Premiers enregistrements

En avril 1941, l'orchestre enregistre à Dallas (« Hootie Blues »), et en janvier 1942, est sur la scène du Savoy Ballroom de New York. Restant à New York cet été là, Parker se présente au Minton's Playhouse (pour se fournir en héroïne, il a dû mettre son saxophone au mont de piété).

Il se fait engager dans l'orchestre d'Earl Hines au poste de saxophone ténor, et y retrouve Gillespie, avec lequel il part en tournée en janvier 1943. L'orchestre se désagrège pour raison économique : Parker retrouve Kansas City, monte un sextette en compagnie du trompettiste Bernard Anderson, puis regagne Chicago où il prend en charge la section de saxophones de l'orchestre de Billy Eckstine (dont la direction musicale est confiée à Gillespie).

Bird et Miles

En mai, la formation entre en studio à New York en compagnie de Sarah Vaughan, puis effectue une longue tournée qui passe par Saint Louis. Là, en 1944, le jeune Miles Davis occupe le poste de trompettiste. Parker quitte le groupe et tente sa chance dans Manhattan. Puis il enregistre aux côtés de Tiny Grimes (« Red Cross »). Au Three Deuces, Gillespie débarque ensuite pour défendre avec Parker ce be bop charismatique au son de « 'Round Midnight », « A Night in Tunisia » ou « Salt Peanuts ». Ils consignent leur complicité le 28/2/1945 pour enregistrer les premiers grands thèmes du bop : « Dizzy Atmosphere » ou « Groovin' High » (Sarah Vaughan interprète en leur compagnie « Lover Man »). L'entente entre les deux musiciens se dégrade, Gillespie reprochant les retards et absences de Parker. Le 5 juillet, ils se produisent une dernière fois sur la scène du Three Deuces.

Parker préfère évoluer en quintette avec le saxophoniste Don Byas, puis, à l'automne, groupe qui accueille le jeune Miles Davis. Le 26/11/1945, la formation entre studio pour Savoy sous le nom de Charlie Parker's Ree Boppers, avec Davis, Max Roach et Gillespie au piano. Le trompettiste et le saxophoniste se retrouvent sur la Côte Ouest à donner des concerts au Vine Street d'Hollywood, et investissent la scène du Billy Berg's jusqu'en février 1946. Bird reste pour se fournir en héroïne.

Bird se produit au Finale puis se démène pour que Dial lui signe un contrat en annonçant qu'il embauchera Miles Davis. Ce dernier joue dans le septette qui enregistre « Moose the Mooche », « Ornithology » et « Yardbird Suite ». Après les prises Dial du 29 juillet (« Lover Man », « Bebop »), Parker s'effondre : il est ramené à son hôtel où il met involontairement le feu à sa chambre avant d'être conduit au quartier psychiatrique de Camarillo.

S'il renoue avec la drogue, le saxophoniste se montre capable de mener à bien d'autres séances (le Charlie Parker All Stars avec Bud Powell). Début 1948, le quintette se produit au Pershing Ballroom puis au New Savoy de Chicago. Le producteur Norman Granz embauche Parker dans son Jazz at the Philharmonic avant de le signer sur Mercury. Des dissensions apparaissent : le 23 décembre, Miles Davis quitte le quintette en pleine séance d'enregistrement.

En 1949, Parker apparaît au Carnegie Hall avec Gillespie, Ella Fitzgerald et Coleman Hawkins, et en mai, s'envole pour Paris (un concert donné salle Pleyel). Dans les clubs de Saint-Germain, le saxophoniste retrouve Kenny Clarke, rencontre Boris Vian et Jean-Paul Sartre. En fin d'année, il inaugure un nouveau club de jazz new-yorkais, le Birdland.

Dans une salle baptisée en son honneur, « Bird » joue plusieurs fois aux côtés de Bud Powell et de Fats Navarro. Le saxophoniste retourne en studio avant de s'envoler pour l'Europe en compagnie du trompettiste Roy Eldridge : concerts en Suède et un passage par Paris. Le voyage est écourté à cause de douleurs qui sont les premiers symptômes d'un ulcère. « Bird » retrouve le chemin des studios en janvier et mars 1954.

La fin de Bird

A la suite d'un piège tendu par la brigade des stupéfiants, le musicien se voit privé pour quinze mois de la carte professionnelle lui permettant de jouer en clubs. Ainsi, il doit se contenter fin janvier 1952 d'une séance studio en compagnie d'une section de cordes (Parker with Strings) suivie d'une autre avec la formation d'Oscar Peterson. Parker part pour la Côte Ouest, et se produit au Tiffany Club avec le trompettiste Chet Baker. Revenu à New York, il reforme son quintette et reprend la route.

Le 30 janvier 1953, « Bird » fait office de sideman de Miles Davis ; le 5 février, il s'envole pour Montréal et joue à la télévision canadienne (auprès du pianiste Paul Bley) ; le 15 mai, il revient au Massey Hall de Toronto auprès de Gillespie, Powell, Mingus et Roach. Quelques jours après « The Greatest Jazz Concert Ever », Parker retrouve New York et son Birdland, puis entre en studio (arrangements de Gil Evans).

Après une tentative de suicide, Charlie Parker est emmené le 1er septembre au pavillon psychiatrique du Bellevue Hospital. Il y revient de son propre chef pour faire soigner ce qu'il croit être une grande dépression. Mais c'est un homme toujours affaibli qui trouve encore la force de monter sur la scène du Town Hall ou d'entrer en studio pour rendre hommage au répertoire de Cole Porter.

Au début de l'année 1955, le saxophoniste part seul sur les routes, avant son retour au Birdland en mars. Là, il retrouve Bud Powell, Kenny Dorham, Charles Mingus et Art Blakey, mais le concert est un désastre. Le 12 mars 1955, alors qu'il semblait aller mieux, Charlie Parker succombe à sa pathologie officielle : ulcère et pneumonie. Après une cérémonie funéraire organisée à l'Abyssinian Baptist Church, la dépouille du plus célèbre des jazzmen est envoyée à Kansas City, où « Bird » repose quand sa légende court encore.